En 2022, en frôlant les 5.651.300 tonnes, Port Réunion n'a pas connu une année aussi reluisante qu'en 2021 qui s'était avérée comme un exercice de rattrapage par rapport à 2020. Le port réunionnais a soldé l'année achevée sur un recul de 6 %, à savoir une diminution de 12 % à l'export et de 4 % à l'import.
Dans le conteneur, l'établissement portuaire de l'océan Indien a perdu 5 % du nombre d'EVP, passant en un an de presque 393.000 à un peu plus de 372.000 boîtes.
Pour Gilles Ham-Chou-Chong, le directeur général adjoint du Grand Port maritime, cette baisse est notamment due à la chute 14 % de l'activité transbordement qui est passée en un an au-dessous des 100.000 EVP pour s'établir à 88.700 EVP.
Congestion et pénurie de conteneurs vides
Selon le dirigeant portuaire, "le transbordement a souffert de quelques difficultés". Parmi celles-ci, il tient pour responsables l'augmentation de stockage effectuée en 2021 par l'île en raison de la crainte d'une nouvelle hausse des taux de fret et d'une rupture des stocks et les perturbations occasionnées par la déconstruction des portiques existants en raison de la livraison fin juin de deux nouveaux outils de bord à quai.
Autres raisons invoquées, la congestion portuaire mondiale et la pénurie de conteneurs vides qui ont incité, selon lui, quelques armateurs à détourner vers d'autres ports leurs volumes de transbordement prévus pour être géré dans ce hub de l'océan Indien.
Gilles Ham-Chou-Chong n'oublie pas non plus d'évoquer des cyclones Batsirai et Emnati qui, en se succédant en février, ont contraint l'établissement portuaire réunionnais à fermer ses portes pendants quelques jours.
Le charbon et le sucre en recul
À un peu plus de 1 Mt, les vracs solides ont, pour leur part, reculé de 16 % l'an dernier. Selon le directeur du port, cette tendance baissière est due notamment au sucre à l'export (- 8 %) et au charbon à l'import (- 37 %). Le dirigeant portuaire réunionnais affirme que "le groupe sucrier Tereos continue d'exercer un report du vrac vers le conteneur".
Pour ce qui concerne le charbon, il indique que cette forte diminution "annonce le transfert progressif vers la biomasse solide (pellets de bois) des centrales thermiques d’Albioma". Pour lui, en termes de tonnages, on ne trouve pas encore de "compensation".
En matière de céréales, l'année 2022 a été victime d'un "problème comptable", affirme-t-il.
Ce trafic n'aurait pas dû, selon lui, montrer une baisse de 20 %. Mais le vraquier "Coyotte", avec ses 27.000 tonnes de céréales à l'import, qui devait être comptabilisé en janvier 2022, est entré à Port Réunion le 27 décembre 2021. Sa cargaison a donc été enregistrée l'année d'avant. Pour Gilles Ham-Chou-Chong, sans ce décalage, "le Grand Port maritime aurait pu connaître une année céréalière stable".
Enfin, toujours dans le vrac solide, le ciment a achevé l'année en croissance de 41 %, à plus de 116.000 tonnes. Une augmentation due, selon le dirigeant portuaire, "à un transfert du conteneur au profit du vrac, en raison de la flambée des taux de fret dans le conteneur due
la pénurie du boîtes" traversée dans le monde à ce moment-là.
La croisière en redémarrage
En franchissant la barre du million de tonnes, les vracs liquides ont progressé de 9 % en 2022 à Port Réunion. Le directeur général adjoint du port ultramarin précise que l'essence et le fioul ont augmenté. Il souligne surtout le bond du kérosène (+ 49,2 %) qui illustre pour lui "le redémarrage du tourisme dans l'île et la reprise des liaisons avec la métropole".
Quant aux voitures à l'import (32.804 unités), elles ont chuté de 22 %, selon le responsable, qui attribue ce repli au surstock effectué sur l'île en 2021 et à la pénurie des composants électroniques à laquelle sont confrontés actuellement les constructeurs. À ses yeux, "le nombre de voitures à La Réunion reste particulièrement conséquent".
Enfin, au chapitre de la croisière, le port réunionnais a soldé l'année 2022 sur 12.744 passagers. Gilles Ham-Chou-Chong estime toutefois qu'avec la reprise en novembre après plus de trois ans d'arrêt, "ce redémarrage reste timide puisque ces chiffres sont loin de ceux de 2019".
Le troisième trimestre 2023 en ligne de mire
Pour le Grand Port maritime de La Réunion (GPMDLR), le premier trimestre de l'année en cours s'est clôturé sur une baisse de volume global de 39 % par rapport à la même période de 2022.
Gilles Ham-Chou-Chong, le directeur général adjoint du GPMDLR, attribue ce recul aux jours de grève en pleine semaine qui ont perturbé les ports maritimes français dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites.
Le conteneur, à 20.842 EVP, a perdu à fin mars 43 % comparé aux trois premiers mois de l'an dernier. Le nombre d'EVP en transbordement a plongé de 63 %, à 3.057 EVP.
Les vracs solides n'ont pas échappé à la règle en reculant de 36 %, à 128.000 tonnes. Quant aux vracs liquides, ils ont baissé de 17 %, à 54.656 tonnes. Enfin, les voitures ont diminué de plus de moitié, à 2.245 unités.
Pour le dirigeant portuaire, cette tendance devrait se poursuivre au deuxième trimestre en cours. Selon lui, les compagnies maritimes n'attendent pas d'amélioration avant le troisième trimestre 2023.