Marseille toujours au cœur des échanges

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MARSEILLE, FRANCE - january  23  2012: Ship docked on the commer

Si 76 % des échanges français avec le Maghreb transitent par Marseille Fos, c'est l’Algérie qui demeure, loin devant la Tunisie et le Maroc, le premier pays pour les échanges commerciaux avec la France.

Crédit photo manola72/Adobe Stock
Cet été nous vous proposons quelques extraits du numéro spécial Maghreb de l'Antenne. Aujourd'hui direction Algérie, qui demeure de loin le premier partenaire commercial des Bouches-du-Rhône. Mais les évolutions avec les pays de la région restent contrastées.

La géographie est têtue. Si en matière de fret conventionnel, le coût de la manutention à Marseille est plus élevé qu’à Anvers, le transit-time sur Alger, en revanche, est imbattable depuis les quais phocéens. Marseille est toujours la porte européenne du Maghreb et s’adapte pour le rester.

« Actuellement, le fret conventionnel arrive sur des conteneurs flat track, ce qui permet de réduire les prix », souligne Rachid Meridji, président de l’Union nationale des transitaires et commissionnaires en douane agréés algériens (UNTCA).

Si 76 % des échanges français avec le Maghreb transitent par Marseille Fos, c'est l’Algérie qui demeure, loin devant la Tunisie et le Maroc, le premier pays pour les échanges commerciaux avec la France.

Deuxième marché des Bouches-du-Rhône à l’international après l’Espagne, le pays reste encore fortement déséquilibré entre imports (25 %) et exports (75 %). Cependant, des évolutions se font sentir vers davantage de production locale.

« Après la pandémie de Covid-19, les médicaments qui étaient importés sont désormais fabriqués en Algérie. Les volumes exportés de l’Europe vers le pays ont chuté de 30 à 40 % entre 2022 et 2023. Depuis mars 2024, l'Algérie impose aux laboratoires de fabriquer la matière première plutôt que de l’importer d’Inde ou de Chine », explique Jean-Louis Poirier, expert de la filière médicament pour Transcausse.

Même stratégie dans la cosmétologie, les soins d’hygiène et de bien-être, avec l’avènement des marques nationales. Dans l’agriculture également, l’exportation des pommes de Manosque semble désormais révolue, et le pays se met à produire, bien que les exportations soient freinées par des barrières non tarifaires et par la mauvaise qualité de l’offre maritime pour les denrées périssables. La ligne directe d’Algérie Ferries, vecteur d’exportation des agrumes, a fait long feu.

Stratégie export de l’Algérie, un business à conquérir

Les transitaires marseillais pourraient changer de stratégie et recruter le fret algérien à l’export. Une opportunité de se positionner aux avant-postes d’un marché naissant boosté par le contexte géopolitique.

Le trafic EVP avec l’Algérie a considérablement augmenté en raison du semi-blocage du passage par la mer Rouge et de la décision du pays, en janvier 2024, de refuser les EVP transbordés au Maroc. À la fin avril 2024, une hausse de 30 % était enregistrée par rapport à 2023, selon le grand port maritime de Marseille (GPMM).

>>> Lire également : Pour contrer les attaques des Houthis, il faudrait doubler la flotte de patrouilleurs

Le trafic global entre Marseille Fos et l’Algérie a augmenté de 2,93 % entre 2019 et 2023 avec des évolutions contrastées selon les filières. Les hydrocarbures liquides ont chuté de 9.132 à 7.744 kilotonnes (kt) entre 2019 et 2023.

Les marchandises diverses ont progressé pour atteindre 1.372 kt en 2023. Dans le domaine des conteneurs, le pic à 69.599 EVP en 2022 a été suivi d’une chute à 39.139 EVP en 2023.

« Les marchandises diverses et les échanges de conteneurs ont tous deux montré une croissance stable, indiquant une activité commerciale soutenue. Les volumes sur l’Algérie demeurent importants. Nous sommes capables d’attirer des marchandises bien au-delà de l’hinterland marseillais », souligne Xavier Lassalle, directeur de Transcausse.

L’interdiction d’importer des conteneurs en Algérie depuis l’Espagne et de transborder dans les ports marocains a dynamisé l’activité de Fos-sur-Mer. Depuis 2023, MSC, qui basait ses services sur l’Algérie via les ports espagnols, est revenu en service direct sur l’Algérie au départ de Fos. Les compagnies maritimes qui escalaient à Tanger Med ont dû revoir leurs rotations et positionner l’Algérie avant le Maroc.

Quand l’Algérie progresse, le Maroc recule et la Tunisie fluctue

Le trafic entre Marseille et le Maroc a montré des baisses notables. Celui d’hydrocarbures liquides s’est effondré de 222 à 87 kt entre 2019 et 2023. Les marchandises diverses, composées pour l’essentiel de conteneurs et de véhicules neufs, ont fluctué, atteignant 530 kt en 2023. Les conteneurs ont connu un pic en 2021 à 37.053 EVP, suivi d’une baisse à 24.106 EVP en 2023.

Les échanges avec le Maroc ont également montré des tendances négatives fin mai 2024 avec une baisse de trafic de 3 %.

En Tunisie, les marchandises diverses ont varié depuis 2019 avec les restrictions sanitaires puis la levée progressive des mesures, se traduisant par une légère reprise en 2023 à 2.216 kt. Le trafic de conteneurs a également diminué de 11.460 à 9.214 EVP entre 2021 et 2023.

De même, les échanges de remorques n’ont pas progressé en lien avec une conjoncture économique contrainte. Les vracs solides, chimiques et alimentaires ont connu des baisses en 2022 et 2023. Le trafic avec la Tunisie a enregistré une diminution notable fin mai 2024, affecté par la crise socio-économique qui frappe le pays.

La tendance pour le reste de l’année 2024 est un peu plus optimiste grâce au soutien de la Banque européenne d’investissement (BEI) à la Tunisie par l’intermédiaire d’un prêt substantiel (plus de 400 M€) pour aider à son redémarrage économique.

Par ailleurs, les hydrocarbures liquides ont diminué de plus de moitié, atteignant seulement 106 kt. En revanche, les vracs chimiques et alimentaires ont augmenté de façon spectaculaire, bien que les volumes restent modestes.

Les marchandises diverses ont légèrement diminué, tandis que le volume de conteneurs échangés a baissé de 6,27 %. Le total général du trafic est resté relativement stable, reflétant une dynamique commerciale fluctuante mais résiliente dans la région du Maghreb.

> A lire aussi : l'intégralité des articles de l'Antenne n° 169 spécial Maghreb 

 

Transcargo, trente ans de croissance et de diversification

Le 7 juin, Transcargo a célébré son trentième anniversaire au Fortin de Corbières, qui surplombe les bassins est de Marseille, où sont chargées les remorques de l’entreprise de transport. « Nous exerçons un métier très diversifié et qui suit le développement de nos clients », explique Olivier Grolleau, désormais à la tête d’un groupe de 250 salariés, qui a clos l’exercice 2023 sur un chiffre d’affaires de 14 M€. Les flux de marchandises sont en expansion de part et d’autre de la Méditerranée, avec 3.600 voyages annoncés en 2024, contre 3.000 en 2022, et ce en dépit de la crise traversée par l’industrie textile. « Nous transportons des pièces automobiles, des produits pharmaceutiques ou même des éléments pour les camping-cars », précise le président de Transcargo. Ces dernières années, l’entreprise a grandi avec la reprise de Dimotrans Maghreb et Dimotrans Tunisie en 2020 et 2021. CargoRent, société de location et de réparation spécialiste du reconditionnement de remorques fondée en 2012, basée en Tunisie, connaît une forte dynamique de croissance, avec 50 nouvelles acquisitions et 50 rénovations.

 

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