Ayant vu son bénéfice net divisé par plus de trois, CMA CGM est revenu à quai au premier trimestre. Avec en toile de fond une normalisation des taux de fret, les résultats restent cependant très confortables.
Le chiffre d'affaires a été amputé d'un tiers sur un an à 12,7 milliards de dollars et la marge tombée à 27 % (-21,7 points) résultent d'"un environnement de marché dégradé", a remarqué le groupe CMA CGM qui avait encaissé des profits record en 2021 et 2022.
Le numéro trois mondial de la ligne régulière a préparé le terrain à un ralentissement supplémentaire, expliquant que ce premier trimestre "devrait être le meilleur" de l'année. Il s'est néanmoins dit confiant sur sa "solidité financière" pour affronter ce retournement.
Le groupe dirigé par Rodolphe Saadé avait battu des records de rentabilité en 2022 en dégageant un bénéfice net de 24,9 milliards de dollars (dont 7,2 au premier trimestre), tirant parti de la hausse des taux de fret. Une envolée due à la désorganisation des chaînes logistiques pendant la crise sanitaire et lors du rebond économique qui l'a suivie.
Mais le quatrième trimestre de l'exercice avait été marqué pour CMA CGM par un ralentissement net du rythme, qui s'est poursuivi début 2023, surtout dû au transport maritime, la branche historique du groupe, dont l'activité a fondu de 40,3 % à 8,9 milliards de dollars.
Les volumes transportés ont chuté de 5,3 % à 5 millions d'EVP. L'entreprise a expliqué ce repli par une "consommation de biens des ménages en Europe et en Amérique du Nord (qui) a nettement diminué dans un contexte d'inflation des prix et de rebond de la consommation des services".
Acquisitions
En outre, "les ajustements de stocks dans ces régions se sont poursuivis, pesant sur les importations, notamment en provenance d'Asie", tandis que "le dynamisme relatif de zones comme l'Amérique Latine ou l'Afrique ainsi que la fin de la congestion n'ont pas permis de compenser les baisses sur les principales liaisons Est-Ouest".
La logistique, autre principale branche d'activité de CMA CGM, a en revanche vu son chiffre d'affaires croître de 14,1 % à 3,8 milliards de dollars, grâce à un effet de périmètre puisque depuis un an, le portefeuille de l'entreprise s'est enrichi des sociétés Ingram CLS, Gefco et Colis Privé.
La logistique représente désormais 10 % de son excédent brut d'exploitation (Ebitda), un taux qui devrait encore augmenter si l'acquisition par CMA CGM de la branche logistique de Bolloré, acceptée début mai par cette entreprise, reçoit le feu vert des autorités. L'opération, qui s'effectue sur la base d'une valeur d'entreprise de 5 milliards d'euros, pourrait être bouclée en 2024.
Le groupe, qui a budgété pas moins de 11 milliards de dollars pour des investissements lors de l'exercice actuel, a également multiplié les rachats ou participations dans le secteur des médias (La Provence, M6, Brut). Plus tôt vendredi 26 mai, il a annoncé son intention de prendre le contrôle du journal économique La Tribune.
Les livraisons de nouvelles capacités redoutées
Pour l'ensemble de son périmètre, CMA CGM, qui ne publie pas de prévisions chiffrées, a souligné que les perspectives "anticipent une croissance modérée du PIB mondial en 2023 compte tenu des pressions inflationnistes pesant sur la consommation des ménages des pays OCDE. Celle-ci pourrait cependant se stabiliser plus tard cette année".
"Néanmoins, les livraisons de nouvelles capacités (de porte-conteneurs, NDLR) sur les prochains trimestres devraient continuer à peser sur les taux de fret dans le transport maritime", a prévenu l'entreprise.
"Dans ce contexte, le premier trimestre devrait être le meilleur trimestre de l'année, les résultats financiers du groupe poursuivant leur normalisation", selon CMA CGM, qui se dit "confiant quant à sa capacité à appréhender le cycle grâce à sa stratégie combinant transport et logistique, et à sa solidité financière".