Piraterie : l'Afrique de l'Ouest inquiète pour sa sécurité

La piraterie maritime qui se développe au large de l'Afrique de l'Ouest est un "danger" pour la sécurité et un "frein" au développement des pays de la région, ont alerté mercredi 20 février à Abidjan des responsables. "Depuis ces derniers mois, notre sous-région est confrontée à des soubresauts parfois tragiques qui mettent en péril la sécurité et fragilisent le processus d'intégration" régionale, a déclaré le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, en référence notamment à la crise malienne. "Au nombre de ces périls figure la piraterie maritime qui représente aujourd'hui, pour les pays africains du golfe de Guinée, un danger contre la sécurité publique et un frein pour le commerce et les échanges internationaux", a-t-il poursuivi à l'ouverture d'une rencontre internationale sur la sécurité maritime. Les actes de piraterie surviennent alors que "l'exploitation du pétrole offshore, la valorisation des ressources halieutiques" comptent parmi "les nouveaux enjeux commerciaux de la région", a souligné M. Koffi, dont le pays préside actuellement la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). "La situation est inquiétante, mais elle n'est pas encore alarmante. C'est pourquoi il faut agir très vite", a-t-il affirmé.
Les États-Unis, coorganisateurs avec la Cédéao de cette rencontre, ont averti que l'Afrique de l'Ouest était devenue, après les côtes somaliennes, la "seconde zone la plus dangereuse en matière de piraterie maritime sur le continent", en raison des attaques contre des pétroliers dans le golfe de Guinée "au cours des trois dernières années". "La piraterie et les vols à main armée font perdre à la région chaque année 2 milliards de dollars", a déclaré l'ambassadeur américain à Abidjan, Phillip Carter III, citant un rapport de la Banque mondiale. Début février, un pétrolier français a été piraté au large d'Abidjan, la troisième attaque du genre en cinq mois visant la Côte d'Ivoire. Jusque-là, le pays avait été préservé de la piraterie en mer qui s'est développée ces dernières années dans le golfe de Guinée. Selon des experts, les pirates qui sévissaient au large du Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, puis du Bénin voisin, s'approchent désormais de la Côte d'Ivoire qui, de l'aveu de ses autorités, n'est pas équipée pour y faire face.

Enlèvements à bord de l'"Armada Tuah"

Des hommes armés ont enlevé six étrangers à bord d'un pétrolier dans l’État de Bayelsa, dans le Sud du Nigeria, et réclamé une rançon d'environ un million d'euros, a déclaré mercredi 20 février la police. "Trois des personnes enlevées sont des Ukrainiens, deux des Indiens et une vient de Russie", a déclaré Fidelis Odunna, porte-parole de la police locale, précisant que l'attaque a eu lieu dimanche 17 février. "Un des ravisseurs a appelé pour demander la somme de 200 millions de nairas (1 million d'euros)" a-t-il ajouté. Quinze membres d'équipage étaient à bord de l'"Armada Tuah" quand le navire a été attaqué par des hommes en armes à proximité du district d'Ijaw. "Nous avons mobilisé des employés des services de renseignement pour rechercher les six travailleurs", a déclaré M. Odunna. On ignore pour l'instant si le navire était en mer ou s'il était à quai au moment de l'attaque.
Les enlèvements sont courants dans la région pétrolifère du delta du Niger et les otages sont la plupart du temps relâchés contre rançon. Il est toutefois rare que la police accepte de donner des détails quant aux demandes de rançon. D'autres enlèvements ont eu lieu récemment dans le Nord du Nigeria, et ils ont été revendiqués par un groupe islamiste, Ansaru, mais ce phénomène est considéré comme indépendant de ce qui se passe dans le Sud. Selon le Bureau maritime international, les eaux nigérianes sont le lieu d'attaques de plus en plus fréquentes de pirates, le vol de pétrole étant une des motivations des ravisseurs agissant dans cette région. Cinq marins indiens ont été enlevés par des pirates lourdement armés sur un pétrolier le 17 décembre au large du Nigeria puis libérés un mois plus tard, sans que leur employeur ne dévoile si une rançon a été réglée.
Des pirates armés ont également enlevé trois marins italiens et un Ukrainien au cours d'une attaque de leur navire à quelque 40 miles nautiques (environ 70 km) de l’État du Bayelsa le 23 décembre, avant de les relâcher en janvier. Le ministre italien des Affaires étrangères et l'armateur du navire attaqué s'étaient accordés pour dire qu'aucune rançon n'avait été versée pour leur libération. L'accord d'amnistie signé en 2009 entre le gouvernement et les militants du delta du Niger qui réclament une meilleur distribution des revenus de l'or noir avaient réduit les actes de violences dans cette zone, mais les expatriés restent des cibles régulièrement visées.

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