Nouvelle tentative de Washington contre la flotte fantôme russe

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Alors que l’UE, le Royaume-Uni, les États-Unis et le G7 viennent d'annoncer une nouvelle vague de sanctions qui resserrent un peu plus l’étreinte autour de l’économie russe, Washington a sanctionné plusieurs navires-citernes du transporteur national russe Sovcomflot.

Alors que l’UE, le Royaume-Uni, les États-Unis et le G7 viennent d'annoncer une nouvelle vague de sanctions qui resserrent un peu plus l’étreinte autour de l’économie russe, Washington a sanctionné 14 pétroliers exploités par Sovcomflot, lui donnant 45 jours pour décharger le pétrole et autres.

Le transporteur maritime russe de pétrole se trouve dans le collimateur des autorités américaines pour violation du plafonnement du prix du pétrole, dispositif lancé par le G7, l'UE et l'Australie, en décembre 2022 pour le brut et le 5 février 2023 pour les produits pétroliers.

La mesure, qui consiste à appliquer une décote au baril de brut par rapport au prix du marché (en l’occurrence 60 $), vise à limiter les ressources que la Russie tire de la vente d'hydrocarbures sans assécher les marchés mondiaux en pétrole.

Le système aurait permis, selon la coalition occidentale, de réduire d’un tiers les revenus que la Russie a tirés de l'exportation de pétrole et produits pétroliers en 2023 par rapport à 2022.

Système dissuasif

Le système est dissuasif pour les prestataires occidentaux de services (assurance, classification, enregistrement des navires, inspection, entretien...) puisque pour s’y conformer, ils doivent détenir des documents de vente attestant que le brut a été vendu à un prix inférieur à 60 $ le baril (largement dépassé depuis l'été 2023), sans quoi ils tomberont sous le coup des sanctions.

« Cibler cette flotte fantôme oblige la Russie à choisir entre utiliser les services de la coalition pour expédier son pétrole sous le prix plafond ou le faire via une flotte fantôme et faire face à des coûts croissants et à une application plus sévère des sanctions de la part des autorités occidentales », résume le responsable du Trésor américain.

Le haut-fonctionnaire fait référence au défaut de capacité de la flotte russe qui y pallie en ayant recours à un bataillon de navires clandestins, exploités par des sociétés à la structure de propriété opaque, assurés et enregistrés en dehors des cercles classiques et reconnus, et souvent entrés sur le marché récemment (sociétés non agréées par l'association internationale des sociétés de classification, ou ne relevant pas du groupe des 12 P&I mondiaux ou encore pavillons classés dans des listes grise ou noire, par exemple).

Selon le courtier BRS, les navires impliqués dans le transport de cargaisons sanctionnées représentent 8 % de la flotte mondiale active (700)

Certains ont même commencé à transporter du brut russe sans assurance P&I par exemple. La plupart sont de vieux navires qui auraient du partir à la casse. Selon l'institut économique ukrainien KSE, 73 % des pétroliers fantômes qui ont transporté du brut depuis la Russie en décembre ont été construits il y a plus de 15 ans.

Contraindre Vladimir Poutine

« La tentative du Kremlin d'échapper au plafonnement des prix en investissant dans une flotte fantôme (...) lui a permis d'obtenir une remise plus faible, des prix globalement plus élevés sur son pétrole l'été et l'automne derniers », a expliqué à des journalistes un responsable du département du Trésor.

Dans son rapport Russian Oil Tracker, KSE indique que 196 pétroliers ont quitté les ports russes en décembre 2023.

Ces sanctions supplémentaires s'ajoutent à celles annoncées par l'administration américaine, qui concernent plus de 500 personnes et organisations, soit la plus importante salve de sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine, a assuré le président démocrate Joe Biden.

Les méthaniers brise-glace Arc7 construits par le japonais Mitsui OSK Lines pour le compte du projet russe Arctic LNG 2 n'apparaissent dans le nouveau train de sanctions radicales.

Adeline Descamps

Transport maritime

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