Plus de 16.700 soldats américains et philippins participent à des manœuvres annuelles navales, terrestres et aériennes organisées jusqu'au 10 mai dans une zone où les incidents à répétition entre embarcations chinoises et philippines font craindre un conflit plus large.
Les soldats américains massés sur les dunes de la côte nord-ouest des Philippines, près de la ville de Laoag, à 400 km au sud de Taïwan, ont tiré plus de 50 obus de 155 millimètres sur des cibles flottantes à environ 5 km de la côte.
Les troupes philippines ont enchaîné avec des tirs de roquettes vers les attaquants factices, avant que les deux forces ne finissent l'exercice avec des mitrailleuses, des missiles Javelin et d'autres salves d'artillerie.
"Se préparer au pire"
Cet exercice à munitions réelles, baptisé "Balikatan" ("Épaule contre épaule" en tagalog, la langue philippine), vise à "se préparer au pire", a déclaré Michael Cederholm, le commandant de la première force expéditionnaire des Marines des États-Unis.
"Il est conçu pour repousser une invasion", a-t-il ajouté sur le site de l'exercice, débuté le 22 avril dans plusieurs endroits des Philippines. "Notre flanc nord-ouest est plus exposé", a détaillé le général philippin Marvin Licudine, dirigeant l'exercice pour la partie philippine. "À cause des problèmes régionaux, nous devons dès maintenant nous entraîner sur notre propre sol."
Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une importante route commerciale. Elle ignore un arbitrage international qui lui a donné tort en 2016, et y fait patrouiller des centaines de navires des garde-côtes et de la marine.
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Dénoncer la conduite dangereuse de la Chine
La semaine dernière, Manille a accusé les garde-côtes chinois d'avoir endommagé un bateau des garde-côtes philippins et un autre du bureau des pêches en tirant dessus au canon à eau près du récif de Scarborough, contrôlé par la Chine, mais revendiqué par les Philippines.
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Ces incidents font craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les États-Unis, allié des Philippines, et d'autres pays de la région, dans une période où la Chine renforce sa pression diplomatique et militaire autour de Taïwan.
La semaine dernière, les ministres de la Défense des Philippines, des États-Unis, du Japon et de l'Australie ont, à l'issue d'une réunion dans l'archipel américain d'Hawaï, publié un communiqué conjoint dénonçant la "conduite dangereuse et déstabilisante" de Pékin en mer de Chine méridionale.
"Les actions de la Chine dans les mers de Chine orientale et méridionale sont légitimes, légales et irréprochables", avait auparavant affirmé le 12 avril le ministère chinois des Affaires étrangères.
Des exercices sous forme de dissuasion
La semaine dernière, les forces américaines participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l'île occidentale de Palawan, face aux îles Spratleys également disputées.
Selon l'armée américaine, il s'agissait d'une répétition du déploiement rapide du système Himars sur les côtes philippines bordées par la mer de Chine méridionale afin de "sécuriser et de protéger le territoire, les eaux territoriales et les intérêts de la zone économique exclusive des Philippines".
"Les exercices militaires sont une forme de dissuasion", a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Enrique Manalo, dans un discours prononcé en son nom par un assistant lors d'un atelier public le 3 mai. "Plus nous simulons, moins nous agissons."
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a, quant à lui, assuré le 6 mai que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale : "Nous ne suivrons pas les garde-côtes chinois et les navires chinois dans cette voie", a-t-il dit. "Nous n'avons pas l'intention d'attaquer qui que ce soit avec des canons à eau ou tout autre équipement offensif", ajoutant que Manille continuera à utiliser exclusivement la voie diplomatique pour régler les différends avec Pékin.
La rédaction (avec Faith Brown de l'AFP)