La reprise prochaine des croisières en France est "une fête" pour les armateurs, que ne gâcheront ni le protocole sanitaire ni le souvenir de touristes bloqués en mer par la pandémie. Mais, à Marseille, des voix s'élèvent pour demander à modérer cette activité polluante.
Le 4 juillet 2021, deux navires de croisière quitteront le port de Marseille après plus d'un an d'arrêt : le "SeaSide" de MSC Croisières, et le "Costa Smeralda" de Costa Croisières, les deux leaders du secteur en Europe. Le protocole sanitaire prévu est "draconien [...] avec un niveau de sécurité bien supérieur à tous les autres secteurs touristiques", assure Erminio Eschina, président de la Cruise Lines International Association (CLIA) : tests anti-Covid avant et après chaque sortie du paquebot, quarantaine en sus pour l'équipage, excursions "bulles" encadrées par l'armateur obligatoires, jauge limitée dans les piscines...
Pour s'y plier, reconnaît Raffaelle D'Ambrosio directeur général France de Costa Croisières (groupe Carnival), les navires qui vont partir cet été ne seront qu'à 70 % de leur capacité. Malgré ces restrictions, "la magie est là, et la demande aussi", assure-t-il, et le "Costa Smeralda" est complet pour l'été : trois mois après l'Italie, le retour de la France dans la liste des pays ouverts à la croisière est "une très bonne nouvelle".
39 escales prévues
Deuxième marché pour Costa en Europe, l'Hexagone est "émetteur de passagers mais aussi récepteur d'escales", assure Erminio Eschina. En juillet et août, 39 escales sont prévues à Marseille, une reprise "très progressive" correspondant à une réduction des deux tiers par rapport à l'été 2019. Avec près de deux millions de passagers par an avant la crise sanitaire, Marseille est une "tête de pont" du secteur, "comme Rome ou Barcelone", assure Jean-François Suhas, président du Club de la croisière qui fédère les acteurs locaux du secteur.
Et paradoxalement, la crise a renforcé l'attrait pour Marseille : le rapatriement depuis la deuxième ville de France de 7.000 passagers, en plein confinement, a participé à "rassurer" les armateurs, selon Jean-François Suhas. L'ARS, le port, les marins-pompiers et les armateurs "ont appris à travailler ensemble" pendant cette période, confirme Hervé Martel, qui préside le Grand Port maritime de Marseille (GPMM).
Mais la Covid-19 a aussi offert aux riverains du port un tableau inquiétant : au plus fort de la crise, jusqu'à 17 paquebots étaient simultanément amarrés. Résultat : une pollution record – trois fois plus d'émissions d'oxyde d'azote et de particules fines en provenance des navires qu'en temps normal, selon l'organisme de surveillance Atmosud.
Et après un an d'arrêt, la filière trouve en outre face à elle à Marseille une nouvelle municipalité écologiste et de gauche, élue à l'été 2020 et beaucoup plus critique. "L'électrification des quais est sans cesse repoussée mais on ne peut pas dire aux habitants : "Votre problème de pollution, on voit ça dans six ans" !", s'indigne l'adjoint au maire délégué à l'économie Laurent Lhardit, dont la majorité a supprimé la subvention de la mairie au Club de la croisière. L’élu reproche aussi au secteur de promouvoir "un tourisme de masse et low-cost" qui génère "des embouteillages à Notre-Dame-de-la-Garde", et déplore "des boutiques de savons de Marseille importés directement de Chine pour cette clientèle".
Réduction des émissions
Du côté des professionnels, Hervé Martel, le président du directoire du Grand Port maritime de Marseille, assure pourtant qu'en 2025, deux paquebots pourront se brancher simultanément à quai pour couper leurs moteurs, "comme on l'a déjà fait pour les ferries", et rappelle que le GPMM serait bientôt un des "trois ports dans le monde pour faire le plein de gaz naturel liquéfié". Fin 2019, aux côtés des principaux armateurs et des collectivités, il a signé la "charte bleue" qui "va plus loin que la réglementation en vigueur en Méditerranée", imposant l'utilisation d'un carburant moins polluant lors des manœuvres à quai, ou encore une réduction de la vitesse des paquebots.
Et aujourd'hui le secteur innove sans cesse, Costa promettant même "un bateau zéro émission en 2030". "Les croisiéristes ont plutôt des bateaux performants, récents", reconnaît Dominique Robin, le directeur d'AtmoSud : il y a dix ans, "un bateau c'était un échappement libre, comme si sur votre voiture, il n'y avait pas de pot d'échappement". Mais malgré ces évolutions, le député LREM Saïd Ahamada appelle aujourd’hui à une "régulation" du trafic de ces navires, sans quoi "nous risquons d'aller tout droit vers un pic de pollution dès le mois de juillet". Un enjeu de taille dans la métropole marseillaise, où les émissions de NOx d'origine maritime – dont 20 % sont dues aux navires de croisière – ont dépassé pour la première fois en 2018 les émissions routières.
Pour s'y plier, reconnaît Raffaelle D'Ambrosio directeur général France de Costa Croisières (groupe Carnival), les navires qui vont partir cet été ne seront qu'à 70 % de leur capacité. Malgré ces restrictions, "la magie est là, et la demande aussi", assure-t-il, et le "Costa Smeralda" est complet pour l'été : trois mois après l'Italie, le retour de la France dans la liste des pays ouverts à la croisière est "une très bonne nouvelle".
39 escales prévues
Deuxième marché pour Costa en Europe, l'Hexagone est "émetteur de passagers mais aussi récepteur d'escales", assure Erminio Eschina. En juillet et août, 39 escales sont prévues à Marseille, une reprise "très progressive" correspondant à une réduction des deux tiers par rapport à l'été 2019. Avec près de deux millions de passagers par an avant la crise sanitaire, Marseille est une "tête de pont" du secteur, "comme Rome ou Barcelone", assure Jean-François Suhas, président du Club de la croisière qui fédère les acteurs locaux du secteur.
Et paradoxalement, la crise a renforcé l'attrait pour Marseille : le rapatriement depuis la deuxième ville de France de 7.000 passagers, en plein confinement, a participé à "rassurer" les armateurs, selon Jean-François Suhas. L'ARS, le port, les marins-pompiers et les armateurs "ont appris à travailler ensemble" pendant cette période, confirme Hervé Martel, qui préside le Grand Port maritime de Marseille (GPMM).
Mais la Covid-19 a aussi offert aux riverains du port un tableau inquiétant : au plus fort de la crise, jusqu'à 17 paquebots étaient simultanément amarrés. Résultat : une pollution record – trois fois plus d'émissions d'oxyde d'azote et de particules fines en provenance des navires qu'en temps normal, selon l'organisme de surveillance Atmosud.
Et après un an d'arrêt, la filière trouve en outre face à elle à Marseille une nouvelle municipalité écologiste et de gauche, élue à l'été 2020 et beaucoup plus critique. "L'électrification des quais est sans cesse repoussée mais on ne peut pas dire aux habitants : "Votre problème de pollution, on voit ça dans six ans" !", s'indigne l'adjoint au maire délégué à l'économie Laurent Lhardit, dont la majorité a supprimé la subvention de la mairie au Club de la croisière. L’élu reproche aussi au secteur de promouvoir "un tourisme de masse et low-cost" qui génère "des embouteillages à Notre-Dame-de-la-Garde", et déplore "des boutiques de savons de Marseille importés directement de Chine pour cette clientèle".
Réduction des émissions
Du côté des professionnels, Hervé Martel, le président du directoire du Grand Port maritime de Marseille, assure pourtant qu'en 2025, deux paquebots pourront se brancher simultanément à quai pour couper leurs moteurs, "comme on l'a déjà fait pour les ferries", et rappelle que le GPMM serait bientôt un des "trois ports dans le monde pour faire le plein de gaz naturel liquéfié". Fin 2019, aux côtés des principaux armateurs et des collectivités, il a signé la "charte bleue" qui "va plus loin que la réglementation en vigueur en Méditerranée", imposant l'utilisation d'un carburant moins polluant lors des manœuvres à quai, ou encore une réduction de la vitesse des paquebots.
Et aujourd'hui le secteur innove sans cesse, Costa promettant même "un bateau zéro émission en 2030". "Les croisiéristes ont plutôt des bateaux performants, récents", reconnaît Dominique Robin, le directeur d'AtmoSud : il y a dix ans, "un bateau c'était un échappement libre, comme si sur votre voiture, il n'y avait pas de pot d'échappement". Mais malgré ces évolutions, le député LREM Saïd Ahamada appelle aujourd’hui à une "régulation" du trafic de ces navires, sans quoi "nous risquons d'aller tout droit vers un pic de pollution dès le mois de juillet". Un enjeu de taille dans la métropole marseillaise, où les émissions de NOx d'origine maritime – dont 20 % sont dues aux navires de croisière – ont dépassé pour la première fois en 2018 les émissions routières.