Le pilotage du Havre à la manœuvre

Le transport sur barges, en convois exceptionnels, des embases gravitaires d'éoliennes depuis le port du Havre jusqu’au parc éolien de Fécamp a été un défi pour les pilotes du Havre.
"Inédite, complexe et passionnante". À la station de pilotage du Havre, on est unanime sur l’opération qui s'est s’achevée le 14 septembre. Il s’est agi, durant l’été, de piloter les barges transportant les gigantesques fondations gravitaires de béton et d’acier immergées au large de Fécamp, sur le futur parc éolien.

Remorquer un convoi allant jusqu’à 300 mètres de long depuis l’intérieur du port jusqu’en haute mer, sur le site du parc, en passant par un sas d’écluse a été "une opération exceptionnelle, avec des enjeux majeurs, selon Pavel Pereira, président de la station. À savoir assurer l’intégrité des ouvrages portuaires et maintenir la fluidité du trafic portuaire".

Une mission sans précédent

Les pilotes du Havre ont été consultés dès 2018 par le consortium Bouygues Travaux Publics, Saipem et Boskalis, retenu par EDF Renouvelables pour réaliser les fondations gravitaires du futur parc éolien en mer au large de Fécamp. Le site de Bougainville, à l’intérieur du port, avait été choisi pour y construire 71 embases mais il s’agissait ensuite de pouvoir les transporter jusqu’à treize kilomètres au large de Fécamp.

"Dès le départ, le projet a impliqué l’ensemble des services portuaires du Havre : capitainerie, pilotage, remorquage, lamanage", souligne Pavel Pereira. Les réunions longtemps hebdomadaires ont porté sur les conditions nautiques, les modèles de barge avec les points d’amarrage pour le remorquage, les moyens à mettre en œuvre, le choix du type de remorqueur, les procédures à suivre, les conditions de vent, de courant, de marée...
 
Fin 2021, les modèles de barges validés ont été modélisés par Wärtsilä, qui a fabriqué le dernier simulateur de manœuvres 3D de la station. Alors les pilotes se sont "transformés en pilotes d’essai". Les entraînements se sont succédé pour répondre à une question : comment faire franchir le sas, long de 400 mètres pour 65 mètres de large, à une barge non motorisée de quelque 50.000 tonnes, qui n’a pas les mêmes réactions qu’une coque de navire, avec à bord trois gigantesques embases gravitaires ?

Le futur terminal méthanier flottant en ligne de mire

"Nous sommes partis d’une page blanche" raconte Cédric Lechevallier, qui a supervisé tout le projet. Choix de la vitesse du convoi, choix du nombre et du type de remorqueurs, du positionnement des deux pilotes à bord de la barge, de la bascule du remorqueur portuaire Boluda vers le remorqueur hauturier à la sortie du sas, un troisième pilote à bord… Autant d’options validées au fur et à mesure des exercices, de jour et de nuit, avec des contraintes de vent comprenant des rafales de 22 nœuds, de pleine puis de basse mer, "pour augmenter le champ des possibles".

Au total, 44 pilotes de la station ont suivi 500 heures de formation sur le simulateur pour "transposer leurs maîtrise et expertise des manœuvres de porte-conteneurs sur ce nouveau modèle de coque", explique Christophe Casadepax, instructeur. Depuis le 31 juillet, un briefing quotidien se déroulait pour valider les mouvements, le pilotage jouant le rôle de chef d’orchestre du convoi. Mission accomplie : la dernière barge chargée a été tractée le 14 septembre, "dans des délais plus courts que prévu".

Mais les pilotes sont déjà sur un autre projet : l’arrivée annoncée au Havre du terminal méthanier flottant. Ils testent sur simulateur les futures opérations à piloter autour du FSRU (Floating Storage and Regasification Unit) qui sera opéré par TotalEnergies.

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