Une heure avant le départ, un bagad entonne des airs bretons au pied du paquebot, sur le quai frigo de Lorient. Une habitude d’accueil honorant, bon an mal an, de six à sept escales. Un chiffre assez stable, hormis les prévisions pour 2017 qui font état de neuf escales annoncées. « Peut-être dix », note Vincent Tonnerre, attaché commercial du port qui récolte pour une part le fruit du jeu collectif: « L’association de promotion de la croisière pour le Grand Ouest commence à donner des effets, mais il faut reconnaître que sur la dizaine d’années précédente, on a surtout capté des armements européens. Les compagnies américaines ne cadrent pas avec nos capacités limitées à des navires de 250 m maximum. On cible donc essentiellement les compagnies européennes. » Situées sur des croisières de repositionnement, en amont et en aval de la grande saison touristique, les escales se limitent à dix ou douze heures.
Accueillir les touristes
Autre choix stratégique, la promotion des excursions proposées se centre donc sur le pays de Lorient, avec Port Louis comme élément du patrimoine et la compagnie des Indes de l’autre côté de la rade de Lorient. La base sous-marine, le Pôle mer autour de la voile de compétition orientent aussi les sorties courtes. Les quais reçoivent des plantes prêtées par la municipalité et installées à chaque escale. « On ne les installe pas toute la saison, il faut laisser travailler le quai et l’installation frigo », dit Vincent Tonnerre, qui met en avant la réactivité déployée l’an dernier quand des tempêtes dans le golfe de Gascogne ont dérouté deux paquebots « et qu’il a fallu organiser en deux heures ce qu’on prépare habituellement en une semaine »: mise en place des navettes à passagers vers le centre-ville, lien avec l’Office de tourisme, signalétique…
« Pour les alignements de Carnac, on a au moins un ou deux groupes de 50 personnes à chaque escale. Les mégalithes de Carnac ont un fort potentiel. Vivement que le site soit classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais Lorient ouvre autant vers le Morbihan que le Finistère, la gastronomie, la nature, l’histoire. Il y a aussi un enjeu de rayonnement à terme, sur cinq à dix ans. Une escale dans un port qui sait accueillir, les gens en parlent sur des blogs, des forums », note Axel Le Brun, de l’agence BLB Tourisme à Auray. Il regrette de voir passer tant de paquebots au large de Lorient sans que le port parvienne à en capter. « Les croisières de repositionnement d’une mer à l’autre nous passent un peu sous le nez. Le manque d’attractivité du port, c’est aussi une question d’impulsion politique, et de manque de budget. On pourrait envisager un accueil à quai sous abri en dur, avec des toilettes, un bureau de l’Office de tourisme dans un chalet, sur le quai. »