Un projet de règlement de la Commission européenne en date du 1er août 2018 propose « d’adapter les tronçons du corridor mer du Nord-Méditerranée en ajoutant de nouvelles liaisons maritimes entre Dublin et Cork, ports irlandais du réseau central, et ceux situés en Belgique (Zeebrugge et Anvers) et aux Pays-Bas (Rotterdam) ». Autrement dit, le nouveau tracé ignore les ports français du corridor, Calais et Dunkerque mais aussi Brest, Cherbourg, Roscoff.
La ministre des Transports Élisabeth Borne et le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand ont écrit le 10 août à la commissaire (slovène) européenne Violeta Bulc. Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a aussi réagi. Pour tous, la proposition de la Commission ne tient pas compte de la géographie et des capacités des ports français à répondre au défi de la desserte de l’Irlande, une fois le Brexit effectif le 30 mars 2019, étant entendu en cas de Brexit « dur », c’est-à-dire sans accord. Pour les acteurs portuaires français, la réponse écrite de Violeta Bulc le 20 août n’est pas non plus satisfaisante. Pour les délégués syndicaux CFDT de la Société d’exploitation des ports de détroit de Calais : « Ce projet est un non-sens géographique, social, économique et environnemental. Jamais l’hypothèse d’une desserte de l’Irlande ignorant nos ports n’a été évoquée auparavant. Les emplois directs dans les ports et indirects dans les territoires sont en jeu. Celui-ci ne prévoit aucune étude d’impact. L’Europe privilégie les ports belges et néerlandais. Leur lobbying semble avoir été pour l’instant beaucoup plus efficace… Pour nous, le gouvernement et l’État français démontrent là une certaine improvisation alors que nous alertons depuis le début sur le Brexit, ses inconnues et ses conséquences néfastes possibles sur l’emploi, l’activité des ports et leur pérennité. À force de ne pas anticiper, on ne peut que subir ».
Pour Valérie Latron, responsable Europe et international pour la FGTE-CFDT : « Avec ce projet, le corridor mer du Nord-Méditerranée devient Manche Est-mer du Nord-Méditerranée. Une partie de la France n’est plus traitée de manière égale par rapport aux autres États-membres. Exclure la France revient à freiner la croissance et à favoriser le dumping social. Ce sujet relève du dialogue social européen ». La publication du projet de règlement le 1er août 2018 marque le début de la discussion sur le texte. Toutes les parties concernées peuvent faire part de leurs observations à la Commission d’ici le 26 septembre.
+ 18 M$
Au 2e trimestre, Maersk, qui a présenté mi-août ses résultats financiers, est repassé dans le vert avec un bénéfice net de 18 M$ contre une perte de 269 millions un an plus tôt.