Tant au niveau des autorités portuaires, que de certains manutentionnaires, agents maritimes, expéditeurs et armements, les discussions en cours outre atlantique, au niveau de l’administration Trump, causent de sérieuses inquiétudes. La volonté d’appliquer des droits d’importations supplémentaires de 25 % pour les fers et aciers et de 10 % pour l’aluminium, constitue une sérieuse menace pour un important trafic maritime, au départ d’Europe du Nord, plus particulièrement du port scaldien. L’année dernière Anvers a traité en maritime un trafic de 8,35 Mt de fers et aciers (+ 7,8 %). Dont 3,78 Mt à l’exportation. Déjà ce trafic subissait l’impact de décisions politiques en ce sens que l’UE a imposé des droits « anti-dumping » sur les importations d’aciers chinois, dont les arrivages se sont réduits à 657 400 t (– 44 %). Compensation a pu être trouvée avec les importations d’Inde 520 000 t + 91 % , de Corée, du Vietnam et de Turquie.
Anvers n’est pas le seul port à être visé. Ainsi le tandem Belgo Iberian (Agence)/Klipper (armement) exporta l’année dernière d’Europe 1 Mt de fers et aciers dont 700 000 t à destination des USA côte est/Golfe et Mexique. L’expédition d’Anvers a porté sur 450 000 t. Ces produits viennent du RU, de Belgique, France, Allemagne. Pour 2018, c’est l’expectative. Des bookings (réservations de cale) sont tenus en attente, étant donné que bien des chargeurs sidérurgistes et autres traders s’interrogent sur la suite des évènements. Les réceptionnaires américains vont-ils payer cette surcharge tarifaire et la répercuter des utilisateurs ? Si non, les chargeurs devront se tourner vers d’autres marchés, ce qui se sera pas facile.
Un autre grand client du port scaldien, l’armement Fednav, qui via sa filiale Falline, charge d’importantes quantités de fers et aciers à destination des USA via les Grands Lacs. D’Europe, il s’agit de 700 000 t/an vers les USA, dont 450 000 t d’Anvers. Et déjà des annulations de bookings sont annoncées, ce qui pour l’instant ne préoccupe pas trop les responsables, car ce n’est pas la première fois au cours des décennies écoulées que de telles menaces furent brandies, finalement sans suite. De plus, il y a d’importantes quantités d’aciers très spéciaux que les Américains n’ont jamais produits, n’en ayant pas la maîtrise. Enfin, ce seront les consommateurs américains qui vont subir les conséquences de cette guerre commerciale.