Dans une étude réalisée pour Port Economics en août, Ricardo Sanchez analyse la position des principaux hubs de transbordement dans la région des Caraïbes. En 1998, la situation se dessine avec trois centres de transbordement : Panama qui détient 33 % des parts de marché, la Jamaïque qui en dispose de 22 % et les Bahamas avec 18 %. Il y a vingt ans, ces trois centres regroupaient à eux seuls 75 % des parts du transbordement dans la région. En 2016, soit 18 ans plus tard, la situation a changé. Le Panama a assis sa puissance dans le transbordement avec 44 % de parts de marché. Une évolution qui n’est pas encore figée puisqu’au courant de cette année, le Panama a ouvert le nouveau jeu d’écluses du canal. Si la Jamaïque et les Bahamas conservent encore des parts de marché honorables avec 14 % chacun, les deux îles de la mer des Caraïbes ont perdu de leur aura dans le marché en raison de l’évolution de la Colombie. Au fur et à mesure des années, les ports colombiens ont su s’imposer. Parmi les atouts de cette réussite, expliquent les analystes, il y a les prestations logistiques et les avantages fiscaux offerts pour s’implanter dans la région.
Dans son étude, Ricardo Sanchez met aussi en exergue le poids mineur des États-Unis dans ce marché. Avec 2 % en 2016, les ports du golfe du Mexique n’ont pas réussi à s’imposer. Cette image de la situation en 2016 pourrait encore évoluer dans les prochains mois. L’entrée en service du port de Mariel à Cuba est attendu pour venir jouer de nouveau les trouble-fêtes, sauf à ce que l’administration américaine ne revienne sur la détente entre les deux pays. Quant aux ports des Antilles françaises, Ricardo Sanchez les range parmi les hubs secondaires mais avec un rôle non négligeable. Ce qu’il ressort de l’étude démontre la position que Fort-de-France et Pointe-à-Pitre jouent dans la région. Néanmoins, en moins de vingt ans, les cartes ont été redistribuées entre les pays. Il n’est pas exclu de voir de nouveaux ports émerger dans les prochaines années comme de nouveaux centres de transbordement. Au Panama, la mise en chantier d’un port pourrait encore conforter la position du pays. La volatilité des flux de transbordement se faisant aussi rapidement qu’un vol d’hirondelles, il ne serait pas étonnant que des ports s’équipent pour devenir des hubs pour un armateur. Aujourd’hui, CMA CGM a posé des jalons à Kingston, Evergreen est sur Colon et APMT développe le port de Lazaro Cardenas. Que fera Cosco SL et que sera-t-il décidé dans les alliances ? La situation de 2016 pourrait s’en trouver modifiée dès 2018.