Les Abeilles International serait sur le point d'être vendu à un fonds de pension

Article réservé aux abonnés

Trois ans après son acquisition par un groupe dans les services maritimes, le spécialiste français du remorquage et sauvetage en haute-mer serait à vendre, possiblement à un fonds de pension. Ce serait la troisième fois de son histoire que son propriétaire ne serait pas un armateur. À l'heure où la flotte stratégique est à l'agenda.

La nouvelle risque de faire des vagues dans l'industrie maritime. Le groupe des Abeilles International, avec sa flotte de six remorqueurs RIAS (Remorqueurs d'Intervention, d'Assistance et de Sauvetage), serait à vendre. Trois ans après son rachat par le groupe de services numériques Econocom (2,9 Md€ de chiffre d’affaires à l’époque), il passerait dans les mains d'un fonds de pension.

Partenaire depuis 2017 du spécialiste français du remorquage et sauvetage en haute-mer, Econocom, dirigé par Jean-Louis Bouchard, en était devenu l'actionnaire majoritaire en 2020, lorsque le groupe Bourbon l'avait cédé.

Rien ne présupposait une telle suite. Samira Draoua, présidente du groupe, était à Brest en septembre dernier à l'occasion de la remise à la ville de l'hélice de l'Abeille Flandre, alors en cours de démolition.

170 navigants et six navires

Pour les 170 navigants et sédentaires du groupe, l'heure est aux incertitudes.

Six navires sont concernés. Les RIAS Abeille Bourbon et Abeille Liberté, basés à Brest et Cherbourg, les Abeille Méditerranée et Abeille Normandie, récemment achetés et configurés, à Toulon et Cherbourg, le Jason, bâtiment de soutien et d'assistance, positionné à Toulon et Abeille Horizon, pour les services à l’industrie maritime (remorquage, travaux sous-marins et autres chantiers liés à l’énergie éolienne. Ce dernier est le seul qui ne soit pas affrété par la Marine nationale et les préfectures maritimes françaises pour le compte de l'Action de l'État en Mer, assurant la sécurité des 3 100 kms de côtes françaises 365 jours par an.

Incohérences

« La vente en préparation n'est pas cohérente avec la mission des Abeilles et son modèle économique », signifie Jean-Paul Hellequin, le président de l'association représentant les intérêts du remorquage et de celle de « défense de la mer et des marins » Mor-Glaz, qui estime que plusieurs erreurs ont été commises ces dernières années. « Des contrats mal négociés et des erreurs stratégiques diverses ont mené à cette situation », déplore-t-il.

À l’heure où le principe d’une flotte stratégique s’impose dans les discours et s’invite à l’agenda politique, cette évolution paraît en tout cas à contre-courant.

Une troisième fois ?

Si l'opération aboutit, le passage dans le giron d'un fonds de pension serait pour la société basée au Havre la troisième fois que son propriétaire n'est pas un armateur.

La première remonte à 1990 lorsqu'André Rousselet et le groupe G7, propriétaire entre autres de la compagnie des taxis parisiens, ont mis la main sur l'entreprise mais en gardant la flotte sous pavillon français.

La seconde date de 2020 quand les groupes Bourbon et Econocom ont négocié la reprise du spécialiste français du remorquage et sauvetage en haute-mer par le second.

Cette transaction avait marqué à la fois la volonté du groupe Bourbon de se recentrer sur les services maritimes et notamment l’éolien offshore et la première incursion dans le maritime pour le groupe de services numériques coté en bourse Econocom, sans expérience de la gestion des opérations en mer. Les deux contractants se connaissaient. Econocom a accompagné le groupe Bourbon dans le financement de certains de ses navires, au premier rang desquels Les Abeille.

L'arrivée en 1996 de Jacques de Chateauvieux, président du groupe Bourbon, à la tête des Abeilles, avait marqué un tournant. Les remorqueurs avaient été, à cette occasion, pour la plupart renouvelés. Les contrats de constructions avaient profité au chantier Piriou à Concarneau.

Un changement d'échelle s’est ensuite opéré avec la construction en Norvège des Abeille Bourbon et Abeille Liberté.

Renouvellement de flotte

Lors de la reprise en 2020, des inquiétudes s’étaient manifestées pour les affrètements des Abeille Flandre et Abeille Languedoc alors que la charte partie qui les liait à la Marine nationale touchait son terme (31 décembre 2021). Mais elle sera finalement renouvelée en avril 2021.

Assurée par ce contrat, la société havraise a alors confié au chantier allemand GNYK (German Naval Yard Kiel) la transformation de deux navires de services offshore acquis auprès du norvégien Siem Offshore – les ex-Garnet et Diamond –, en vue de remplacer les Abeille Languedoc et Abeille Flandre, en service depuis 42 et 43 ans. Ils ont été rebaptisés à cette occasion en Abeille Normandie et Abeille Méditerranée.

Acquisition d'un sixième remorqueur et positionnement sur le spot

En 2022, la société a étoffé sa flotte d’un sixième navire en rachetant l’ex-Tug Master One à la compagnie néerlandaise Boskalis. Rebaptisé Abeille Horizon, il est le seul à ne pas opérer pour le compte de l’action de l’État en mer.

Sous pavillon français (premier registre), entré en service cette année, il est destiné à être exploité sur le marché spot par des compagnies maritimes, opérateurs de champs d’éoliennes, et le secteur de l’énergie offshore pour du remorquage et travaux sous-marins.

Gérard Le Brigand - Adeline Descamps

Lire aussi

Les Abeilles sur le marché spot du remorquage

Remorquage : rachat en vue des Abeilles

Econocom remporte le marché de renouvellement des remorqueurs de sauvetage

Deux remplaçants pour les Abeille Flandre et Languedoc

Normandie et Méditerranée : les noms des deux futures Abeille
 

 

Shipping

Maritime

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15