La cession des activités de Bolloré Logistics à CMA CGM pour 4,65 Md$, approuvée en mai 2023 par les actionnaires de Bolloré, a rencontré sa première anicroche. Le groupe maritime français CMA CGM se heurte à des obstacles en Polynésie française, où l'Autorité de la concurrence, qui a examiné la position de l'armateur français sur chacune des routes, au départ de la Polynésie et à destination de l’île, refuse la concentration qui en découlerait.
Pour préserver la concurrence, l'Autorité polynésienne de la concurrence (PAC) conditionne son accord à la revente de Bolloré Logistics Polynésie.
« Elle permettrait d'atténuer de manière efficace et proportionnée les problèmes de concurrence identifiés », souligne la PAC, qui fait état d’un accord dans ce sens entre les deux parties contractantes avant le closing de l’opération, prévue fin mars.
Instauration d'un système préférentiel entre CMA CGM et sa future filiale
Le régulateur craint en fait l’instauration, après la cession, d’un schéma préférentiel entre CMA CGM, en position dominante, voire de « quasi-monopole, sur le marché du transport de marchandises par conteneurs de l'Europe vers la Polynésie française [plus de 40 % des marchandises importées en Polynésie viennent d'Europe, NDLR] », et sa filiale Bolloré Logistics, leader en Polynésie dans son secteur.
De ce fait, d’autres acteurs comme DHL ou Geodis pourraient être écartés de la consultation, fait-il valoir.
L'autorité antitrust impose également une clause de non-concurrence pour les cinq prochaines années. Elle écarte cependant l'hypothèse du rachat des activités de Bolloré Logistics par le numéro deux du marché, en l'occurrence DHL, pour les mêmes raisons de maintien de la « dynamique concurrentielle existante ».
La décision de Bruxelles attendue
Bolloré Logistics ayant 153 filiales actives dans une soixantaine de pays, la transaction doit obtenir le feu vert d'un certain nombre d'administrations.
L'autorité de la concurrence au Brésil a d'ores et déjà accepté le rachat, tout comme celle de Nouvelle Calédonie, sous condition toutefois « d'engagements comportementaux » (argument défendu par les avocats de l’armateur, qui consiste en une modification du comportement futur pour remédier aux préoccupations de concurrence). La décision de la Commission européenne, qui a également juridiction sur les départements d’outre-mer français, est particulièrement attendue.
Adeline Descamps