La nouvelle réglementation destinée à accroître la sécurité des véhicules neufs va entrer en vigueur le 7 juillet 2024 au sein de l'Union Européenne. Elle imposera le respect de la nouvelle version du règlement relatif à la sécurité générale (GSR) et la présence de 8 systèmes de sécurité avancée (voir encadré ci-dessous) pour les véhicules légers et lourds. Ces équipements concernaient déjà les véhicules nouvellement homologués depuis juillet 2022 et devront désormais être présents en série dans l’intégralité des véhicules neufs. Un dossier suivi de près par les transporteurs de matières dangereuses réunis au sein de l’ATMD (Association française du Transport routier de Matières Dangereuses) dont l’assemblée générale s’est tenue le 6 juin dernier à Paris.
Apport de la technologie
Une table ronde portant sur les évolutions technologiques au service de la sécurité a permis de faire le point sur les dernières technologies utilisés par ses membres, avec un focus sur les Transports Premat, leader du transport en vrac en Île-de-France (500 véhicules). « Nous avons toujours été sensible à l’apport de la technologie, c’est dans notre ADN », lance ainsi Philippe Premat, président des transports éponymes. La plupart des équipements de sécurité ont été d’abord développé pour les véhicules légers et le passage au véhicules lourds peut poser quelques difficultés d’adaptation, d’autant plus dans l’univers du TMD. C’est le cas des systèmes d’avertissement et d’adaptation intelligente de la vitesse, qui deviennent obligatoires cet été. « Nos véhicules sont bloqués par défaut à 80 km/h, et avec la nouvelle évolution réglementaire, nous souhaitons qu’ils puissent circuler à la bonne vitesse, mais quid des vitesses pour camions qui sont différentes pour le cas du TMD ? », s’interroge Philippe Premat, en faisant référence aux réglementations parfois locales qui imposent une vitesse inférieure aux véhicules de TMD sur certains axes. En revanche, ce dirigeant plébiscite l’usage des caméras de recul, qui équipent ses véhicules depuis 3 ans et s’activent automatiquement quand la marche arrière est déclenchée. « Nous l’utilisons en complément du softdocking, qui permet un arrêt automatique du véhicule à l’approche d’un obstacle. Cette solution a montré son efficacité sur des stations services avec des piétons en mouvement ».
La possibilité d’installer un système antidémarreur éthylométrique est également très bien perçue. Après avoir équipé quelques véhicules d’éthylotests anti-démarrage, l’entreprise a décidé de systématiser cette démarche en 2024 sur tous les véhicules. « Nous avions un peu d’appréhension mais les conducteurs l’ont bien accepté. Leur présence devrait être obligatoire pour les camions de TMD au même titre que pour les véhicules de transport de voyageurs depuis 2015 », rapporte ce dirigeant. Ce dernier souhaiterait avoir le même système pour la détection des drogues de type cannabis, pour s’adapter aux évolutions de consommation. « L’alcool diminue assez rapidement dans le sang au bout de quelques heures, à l’inverse du cannabis qui peut mettre plusieurs jours à disparaître. Certains de nos chauffeurs, qui ont fumé pendant leurs jours de repos, se sont fait contrôler deux à trois jours après et ont eu leur permis retiré ».
Pneumatiques
Côté pneumatiques, la mise en place obligatoire d’un système de surveillance de pression des pneus n’est pas une nouveauté chez beaucoup de transporteurs. « Tous nos véhicules sont équipés d’un système TPMS depuis de nombreuses années, ce qui est un plus en matière de sécurité et de consommation. Les dernières générations permettent d’avoir en plus la température, un point fondamental pour le TMD car cela permet de déceler une surélévation liée à un frein qui reste bloqué », détaille Philippe Premat. Ce dernier regrette que les systèmes TPMS ne soient pas normalisés, chaque constructeur commercialisant son propre système et les informations recueillies ne sont pas compatibles de manière globale. Un point que l’ATMD compte bien défendre face aux constructeurs. En complément du TPMS, les transports Premat on déployé des dalles QuickScan de Michelin sur tous leurs sites, afin de contrôler l’usure des pneumatiques, puisque tous les pneus sont équipés de capteurs RFID. Notons que ce transporteur a opté pour des pneumatiques taille basse (315/70 et 385/55), ce qui permet d’abaisser légèrement le centre de gravité et donc la stabilité du véhicule dans les virages.
D’autres fonctionnalité deviendront obligatoires en 2029, comme la présence d’un enregistreur d’évènement pendant un accident. Une solution mise en place chez les transports Premat sur tous les camions achetés en 2024. « Ces films ont un rôle pédagogique, pour étudier le comportement du conducteur en cas d’accident ou bien de presque accident ». Ces films ont également permis de dédouaner la responsabilité des chauffeurs routiers en prouvant le mauvais comportement d’autres usagers de la route.
Si la sécurité ne se discute pas, ces solutions ont tout de même un coût qu’il faut supporter. « Nous prendrons toujours les nouvelles options de sécurité que nous voyons comme un élément différenciant, mais cela doit rester raisonnable car personne ne paiera le transport plus cher pour cette raison », conclut Philippe Premat.
11 fonctionnalités de sécurité active exigées
Huit fonctionnalités de sécurité active sont exigées à bord des camions neufs en 2024 : signal d'arrêt d'urgence, remontée d'informations lors de la marche arrière (caméras, capteurs), dispositif de surveillance de la pression des pneus, système d'assistance intelligente de la vitesse, surveillance des angles morts, vérification de la présence d'autres usages durant la phase de démarrage, interface facilitant l'installation d'un éthylotest anti-démarrage, détection de la somnolence. Trois autres suivront en 2026 et 2029 : Reconnaissance et prévention de la distraction (2026), amélioration de la vision directe depuis le poste de conduite et Enregistreur de données en cas d'accident (2029).