Familial, le groupe Pihen l’est à tel point que l’actuel président de la SAS, Pascal Pihen, peut compter sur la présence de son père Christian, qui travaille en temps choisi en se chargeant plus particulièrement des achats et des choix techniques tout en participant aux réponses d’appels d’offres. En effet, Christian et Pascal Pihen ont l’habitude de calculer séparément leurs propres prix avant de les comparer et de répondre à une offre. Le groupe Pihen cultive la valeur des seniors puisque Jean-Marc Georges, après la vente de son entreprise roannaise au groupe Pihen, est toujours chef de l’agence du groupe sise à Roanne, et qu’il a une responsabilité directe de la trentaine de salariés qui y est rattachée. Transporteur de marchandises générales, le groupe Pihen est également logisticien ; il déploie son activité sur trois sites et trois entrepôts de stockage en racks ou en masse dont la superficie totale atteint 30 000 m2, entre le siège de Rémy, d’Estrée-Saint-Denis (60) et de Roanne (42). Le groupe Pihen est présent danstous les secteurs à l’exception des travaux publics, et ne dispose pas de citernes en propre. Il achemine des produits en France et dans les pays limitrophes, Allemagne, Benelux, Espagne pour l’essentiel. « Pour faire face à une concurrence étrangère à des prix de revient déloyaux et à l’érosion progressive des marges des transporteurs français, le groupe a décidé de monter en compétences dans des marchés de niche, notamment le transport de produits sensibles sous ADR », explique Pascal Pihen. Le groupe installé dans l’Oise a pris le virage de la transition énergétique il y a quatre ans en partenariat avec le groupe Avril. « Nous avons choisi le carburant B100 en commençant modestement en tant que bêtatesteur. Actuellement, 70 % de la flotte roule avec ce biocarburant,et nous effectuons désormais nos achats de VN en conséquence », précise le dirigeant. Afin de fonder ses activités, le groupe Pihen a fait le pari de la certification, notamment pour le transport et le stockage de produits ADR mais également pour des produits pharmaceutiques. Il y a sept ans, le groupe a été audité par Certipharm à la demande de l’un de ses clients. Depuis, le groupe Pihen a été certifié par l’organisme, dont Pascal Pihen est devenu le président depuis le printemps 2021. Le mix entre transport et logistique est de 60-40. Sur la partie transport, il se répartit ainsi : 35 % en faveur des médicaments, 20 % pour les produits sensibles et le reste en général cargo. « Il est potentiellement appelé à évoluer car la part de l’activité pharmaceutique est amenée à croître pour amortir le coût de la certification et de la formation de nos conducteurs au transport de produits de santé », relève Pascal Pihen. La répartition des trafics à l’intérieur de l’Hexagone est structurée autour de trois pôles : le premier dans le nord de la France et la Région Île-de-France, le deuxième dans le Lyonnais et l’Auvergne-Rhône-Alpes, enfin le Bordelais et la Nouvelle-Aquitaine. La part des revenus drainés par l’agence de Roanne augmente également chaque année et représente pour le moment environ 30 %.
Afin d’asseoir son activité, le groupe Pihen entretient une politique de longue durée à l’égard de son personnel. « Il y a peu de turnover dans le groupe, constate le dirigeant. Beaucoup de nos salariés, – certains conducteurs ont été embauchés par mon père avant que je rejoigne l’entreprise –, resteront jusqu’à l’âge de la retraite. Quant au personnel que nous recrutons, il arrive souvent par cooptation, si bien que parfois plusieurs membres d’une même famille nous rejoignent. »
Peu de turnover
Le groupe a, en outre, mis l’accent sur la féminisation de son personnel roulant. « Nous recrutons de plus en plus de personnel féminin depuis maintenant trois ans, commente Pascal Pihen. Les conductrices apportent entière satisfaction à l’entreprise en fiabilité, savoir-être, ponctualité, rédaction de documents, soin du matériel. Recruter des collaboratrices est à mon sens l’un des axes à privilégier pour compenser la pénurie de main-d’œuvre. Il est également important de relever le challenge du remplacement du personnel qui part à la retraite tout en conservant les compétences. Cela implique une politique en faveur de l’apprentissage qui, chez nous, passe notamment par une collaboration étroite avec l’Aftral. »
Pour maîtriser sa consommation de carburant, le groupe mène des actions d’écoconduite qui sont soutenues par l’informatique. Un système de notation est associé à l’organisation d’un challenge. Le parc est multimarque, Renault Trucks, MAN, Scania et même DAF, à Roanne, y sont représentés. La politique d’acquisition des véhiculesdétenus en propre suit la stratégie de carburation au B100 mais les dirigeants s’intéressent aux solutions d’avenir. « Dans les dix années à venir, on se dirige vers un mix énergétique, du biodiesel à l’électrique en passant par le gaz, en fonction des usages et des distances desservies. L’avenir devrait faire une large place à l’hydrogène. En ce qui nous concerne, au moment où nous pourrons disposer d’une station de gaz, nous opterons pour une piste pour l’hydrogène. En attendant, le B100 nous donne toute satisfaction car le bilan CO2 est convenable, ce qui tend à démontrer que nous sommes dans le vrai depuis l’amorce de notre transition énergétique », note le dirigeant.
Une vision patrimoniale
Serein, le groupe Pihen entretient son patrimoine afin de conserver son autonomie de gestion et de préserver son indépendance. « Nos conducteurs sont tous salariés, souligne le président. Le groupe est propriétaire de ses outils afin que des éléments concrets figurent à notre bilan. Plus généralement, nous tenons à préserver des relations humaines au quotidien avec les conducteurs de l’entreprise mais également avec nos clients et nos partenaires. Nous sommes très respectueux de la mission complète et complexe du métier de conducteur routier souvent sous-estimé par les personnes extérieures à notre profession. » Engagé dans la transition écologique, il envisage en appliquant la stratégie prudente qui a garanti sa pérennité de s’implanter sur sa troisième zone de chalandise, autour de Bordeaux et de l’Aquitaine, mais n’entend pas se précipiter et peut-être de profiter de quelque opportunité.
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Repères
• Siège : Rémy (Oise)
• Chiffre d'affaires 2021 : 13 M€
• Effectif : 120 salariés (dont 100 conducteurs)
• Parc : 250 véhicules dont 100 moteurs
• Activités : général cargo (dont transport pharmaceutique) et logistique.