Jakob Sidénius (Union maritime de Marseille-Fos) : « La connectivité ferroviaire indispensable pour une région de 10 millions d’habitants »

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Jakob Sidénius

Jakob Sidénius, président de l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos

Crédit photo Nathalie Bureau du Colombier
Région PACA - Corse. De nombreux projets porteurs pour le multimodal sont en bonne voie, une excellente nouvelle pour la région désignée comme région pilote de la planification écologique. Jakob Sidénius, président de l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos nous fait part des enjeux. (Article paru dans notre hors-série Le cLassement des 1000 publié en décembre 2023)

Quels sont les marqueurs de l’économie en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2023 ?

Les émeutes du début de l’été, l’inflation galopante ont pesé sur l’activité des entreprises métropolitaines d’Aix-Marseille. Près d’un tiers des chefs d’entreprise constatent une baisse de leur activité. Pour la fin de l’année, les patrons sont plongés dans l’incertitude en raison des taux d’intérêt et du prix de l’énergie qui influent sur le niveau d’activité. Les chefs d’entreprise n’ayant pas tous la possibilité de répercuter les hausses de prix, les niveaux des marges et de la trésorerie se détériorent. L’investissement reste stable et l’emploi régional reste marqué par un ralentissement général. Les défaillances d’entreprises continuent d’augmenter, renouant avec les niveaux d’avant crise sanitaire. A fin septembre 2023, le trafic portuaire s’établit à 53,1 MT, soit un recul d’activité de 8%. L’arrêt d’un des hauts fourneaux d’ArcelorMittal a impacté les trafics de vracs solides en retrait de 29%. Les flux conteneurisés chutent de 14%, un ralentissement généralisé à la plupart des ports européens tels que Le Havre et Barcelone. Nous subissons une conjoncture morose adossée à un phénomène de destockage des entreprises et des particuliers. La deuxième moitié de 2023 est vraiment décevante.

Concernant les terminaux de Miramas, Tonkin et Mourepiane pour remplacer le chantier ferroviaire du Canet, ces nouveaux chantiers de transport combiné en projet sur le territoire provençal seront-ils suffisants pour doubler la part du fret ferroviaire dans sept ans ?

Oui ! Au total, l’ensemble des capacités sur les différents projets de transport combiné seront suffisantes. L’UMF soutient le projet ferroviaire de Med Europe Terminal sur Mourepiane.
Les 14 et 28 novembre se tiennent les réunions publiques relatives organisées dans le cadre de la concertation continue sur la reconstitution des fonctionnalités ferroviaires de la gare du Canet avant l’ouverture de l’enquête publique au premier trimestre 2024. Il est important que les gens comprennent qu’un port ne peut se passer d’interface ferroviaire afin de réduire la part des poids lourds en circulation. La gare du Canet traite 40 000 conteneurs continentaux par an et il est prévu un transfert de 20 000 conteneurs sur Med Europe et une autre partie sur Clésud sur le futur terminal Ouest Provence. Cependant, nous redoutons la période transitoire durant laquelle la gare du Canet sera fermée avant l’ouverture du terminal TOP avec un risque de perte de flux. La connectivité ferroviaire est indispensable pour une ville comme Marseille et sa région de 10 millions d’habitants. A Fos, d’où partent chaque semaine 30 navettes ferroviaires, des travaux sont en cours pour permettre aux trains de se rendre sur les terminaux. Trois portiques ferroviaires vont être acquis par Seayard et Eurofos à horizon 2025 grâce au soutien financier de la Région Sud. Ces engins de manutention enjambent les quatre voies ce qui va permettre de doubler les capacités ferroviaires afin de passer de 20 à 40% de report modal en 2030.

Quelles sont les étapes de l’intégration de l’axe Rhône-Saône ?

La numérisation des flux conteneurisés transitant par cet axe est en cours tout comme l’identification des réserves foncières. Le 1er décembre 2023, à Marseille, se tient la deuxième réunion du Conseil de Coordination interportuaire et logistique. Les professionnels réfléchissent à la création d’une grande structure portuaire en partenariat avec les associations (TLF Lyon, Propeller Club de Lyon, Medlink port).

La région PACA a été désignée comme région pilote de la Planification écologique. Une opportunité ou un inconvénient ?

Le timing est bon. La nécessité de planifier est indispensable dans nos métiers où beaucoup de transitions sont à prévoir : le branchement électrique des navires à quai, les recharges pour les poids lourds électriques. Les premiers poids lourds électriques de 40 tonnes sortent actuellement mais ils ont besoin de se recharger avec de l’électricité verte. Il faut que les investissements publics et privés se fassent concomitamment et ceci nécessite une planification nationale.

 

 

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