C’est un geste symbolique mais qui compte pour une PME. Le 25 juin 2013, les dirigeants des Transports Nicolas ont assisté à l’assemblage du premier Streamline produit par Scania dans son usine d’Angers ; et ils ont reçu les clés de ce nouvel exemplaire de leur flotte. Ce n’était pas un hasard. Entre les commandes passées à Scania et à Volvo, ses deux motoristes, cette entreprise du Puy-Sainte-Réparade (13), à une vingtaine de kilomètres au nord d’Aix-en-Provence, a acquis 10 véhicules neufs l’an dernier. Cela représente un investissement global de 800 000 euros hors taxes. Un porteur et un tracteur, à la norme Euro 6, doivent en outre quitter prochainement l’atelier de peinture. De plus, deux remorques plateau et 6 bennes bâchées et rehaussées sont attendues sur le site d’exploitation.
Patrick Nicolas est gérant de la société avec son épouse Patricia, qui l’a rejoint en 2003. À ses côtés également : ses frères cadets, Alain (chargé des activités pour Maisons Phénix) et Jean-Michel (responsable d’exploitation). Tous considèrent le renouvellement régulier de leur outil de production comme une donnée essentielle de leur activité. Les tracteurs et porteurs, par exemple, sont changés tous les 5 ans. « C’est une priorité et ce sont nos clients qui le demandent », martèle Patrick Nicolas. Les carriers, les cimentiers, les fabricants de béton cellulaire, de panneaux d’isolation, d’enduits de façade ou de maisons préfabriquées sont leurs principaux clients. Près des trois quarts de l’activité sont en effet consacrés au transport de matériaux et de produits de construction par bennes, plateaux et tautliners. L’entreprise exploite 26 tracteurs, 5 camions remorques et 5 porteurs. Elle est implantée sur un site de 20 000 m2 (une SCI propriété de la famille Nicolas), gardé, clôturé et placé sous vidéosurveillance. Outre les aires de stationnement, le site comprend les bureaux, un entrepôt, une station de lavage et des citernes de 42 000 litres de carburant et de 5 000 litres de produit additif.
Une des réponses de l’entreprise à la baisse de l’activité du BTP, et donc des ordres de transport, est sa capacité de réaction. « Notre force, lance Jean-Michel Nicolas, est de ne jamais dire non à un client et de toujours trouver une solution. Par exemple, nous disposons toujours d’au moins un chauffeur en réserve. » Si elle fait mieux que résister, c’est aussi parce que l’entreprise provençale a anticipé les effets de la crise du transport. Elle a ainsi réduit ses effectifs de manière radicale entre 2008 et 2009 pour consolider sa position, passant de 70 à 44 salariés. Le « turn over » parmi le personnel serait quasiment nul. « Depuis sa création, l’entreprise n’a jamais été poursuivie devant les Prud’hommes », ajoute fièrement son gérant.
C’est sur ces bases que les Transports Nicolas affichent un chiffre d’affaires en progression, selon les dirigeants, de 200 000 euros pour les six premiers mois de l’année 2014, par rapport à la même période de 2013. Si bien qu’aujourd’hui, « nous aurions la possibilité de revenir peut-être au niveau des effectifs de 2008, mais le seuil social des 50 salariés implique trop de contraintes… Bien sûr, s’il nous faut faire face à un développement de l’activité, nous franchirons ce seuil, mais pas si nous n’avons aucune visibilité », reconnaît le gérant. Avec ses deux frères, ce dernier a repris en 1992 l’entreprise créée par son père André Nicolas, en 1964. Celui-ci avait transformé et développé la société de transport de bois et charpentes créée en 1930 par son beau-père.
En 1992, l’essentiel des marchés de transport par bennes, plateaux, frigo et même l’organisation dédiée aux Maisons Phénix (groupe Geoxia), constituaient déjà les principales activités de la société. Aujourd’hui, le transport par bennes représente près de 30 % du chiffre d’affaires. Une douzaine d’ensembles effectuent tous les jours des livraisons d’agrégats pour les différentes centrales d’enrobés et de béton de la région Paca. Cette activité est essentiellement régionale, chaque véhicule n’effectuant pas plus de 7 500 à 8 000 km par mois. Reste que la zone d’activité se situe dans un secteur, autour de Marseille et Aix-en-Provence, où le trafic est particulièrement dense et les axes encombrés. « Nous avons dû limiter le nombre de kilomètres effectués par chaque camion en raison de ces encombrements, et nous avons donc été contraints d’ajouter des véhicules sur cette activité. Nous avons compensé en effectuant des retours composés de matériaux de recyclage et autres. Nous maintenons notre activité parce que nous respectons les exigences des clients. Mais aussi parce que nous adaptons le matériel, par exemple avec des bennes bâchées à double essieu auto vireur et de capacité supérieure pour respecter les conditions de circulation des 44 tonnes », explique Patrick Nicolas. 30 % de l’activité sont par ailleurs dédiés au transport en plateaux et tautliners, essentiellement de matériaux de construction. Entre 11 et 13 véhicules sont exploités sur ce marché. Une fois par semaine, une ligne régulière permet de livrer en Vendée des menuiseries, bordures bétonnées, pavés, etc. Des enduits de façade sont transportés au retour.
Plusieurs autres lignes régulières en tautliners sont organisées vers Grenoble, Lyon, l’Ardèche, la Drôme, Perpignan et Narbonne. « Cinq véhicules en tautliner circulent toute la semaine et nous en avons deux en dépannage », explique Jean-Michel Nicolas. Les plateaux sont exploités sur des destinations variables mais également pour des clients « historiques » et des matériaux de construction. Les Maisons Phénix font partie de ces clients « historiques ». Cette activité nécessite une exploitation adaptée. « Nous prenons en charge les charpentes métalliques à Amboise (37) et les dalles en béton à Le Bailleul, près du Mans. Nous les stockons sur notre site où nous préparons les lots en fonction des chantiers du constructeur et nous allons ensuite les livrer dans toute la moitié sud de la France », indique Alain Nicolas. L’entreprise livre ainsi les éléments de 40 à 45 maisons en kit chaque mois, ainsi que les matériaux nécessaires aux agrandissements et réhabilitations. Cinq chauffeurs et quatre camions remorques équipés de grues sont affectés à cette activité qui représente 15 % des revenus de la société. « Cette activité demande beaucoup d’attention dans le stockage et la redistribution des éléments, mais aussi dans la manipulation. Elle nécessite, en effet, un savoir faire particulier et nos chauffeurs sont formés à cela », confie Alain Nicolas. Les Transports Nicolas exploitent également une ligne régulière frigorifique entre Marseille et Metz, sept jours sur sept, ainsi que les navettes de distribution correspondantes. Cette activité (12 % du CA) est effectuée avec deux semi-remorques et 4 chauffeurs (un cinquième se trouvant « en réserve ») pour le compte d’un grand logisticien du froid. Autre prestation proposée par les Transports Nicolas : la location de VI (8 % de l’activité) avec 4 véhicules de 19 tonnes et un camion remorque pour des clients dédiés, là aussi pour le transport de matériaux de construction. 88 % des chargements s’effectuent en direct. L’entreprise dispose d’une station de lavage. Elle est installée sur le site du Puy-Sainte-Réparade. Outre ses propres véhicules, elle accueille ceux de deux grandes sociétés de transports de voyageurs, soit un apport de 15 à 20 lavages supplémentaires par jour.
TRANSPORTS NICOLAS
• Siège : Le Puy-Sainte-Réparade (13)
• CA 2013 : 5 M€ (30 % plateaux et tautliners ; 27 % benne ; 15 % maisons préfabriquées ; 12 % frigo ; 8 % location ; 8 % divers)
• Effectif : 44 salariés, dont 37 chauffeurs
• Parc : 26 tracteurs, 5 porteurs, 5 camions remorques
• Activité : BTP (bennes, plateaux, tautliners), location de VI
