Matthieu Lebrun : C’est génial ! Le fait de recevoir une telle récompense permet de mettre en lumière tous les efforts entrepris au quotidien pour réaliser au mieux notre métier. Cette distinction nous fait forcément plaisir, d’autant plus que c’est la première fois que nous participons à ce concours. C’est d’autant plus gratifiant ! Nous savons que nous travaillons bien et que nos clients apprécient notre travail, mais le fait de pouvoir être reconnus par la profession est encore plus agréable.
M. L. : Bien sûr ! Nous allons tout d’abord la partager avec nos collaborateurs, mais aussi avec nos clients. Certains ne sont pas forcément au fait de ce que cela représente et nous allons leur expliquer que ce prix n’est pas anodin.
M. L. : L’histoire démarre avec mon grand-père qui était marchand de charbon au début des années 1950. Quand cette activité a commencé à décliner, car remplacée par le gaz de ville, il s’est tourné vers le transport. Une trajectoire dans laquelle il a embarqué ses deux fils Jacques, mon père, et Jean-Marie, mon oncle. Aujourd’hui, l’entreprise est toujours implantée à Vauciennes sur le site historique. Mon père est toujours aux commandes. Il agit comme un grand gardien, comme un sage même. Depuis l’âge de trois ans, je baigne dans le transport. Je suis entré dans l’entreprise en 2006, tout de suite après mes études. Travailler dans cette société était une suite logique, c’était inscrit dans mon ADN. J’ai alors repris le développement logistique de l’entreprise. Afin de me faire prendre conscience de la réalité du métier, mon père m’a dit : « Tu vas aller dans les entrepôts, tu vas prendre un chariot élévateur, tu vas gérer les stocks et faire tourner la plateforme. » Et puis, au fur et à mesure des années, j’ai pris de nouvelles responsabilités. J’ai officiellement repris la direction en 2018 lorsque j’ai racheté les parts de mon oncle, qui avait alors pris sa retraite.
M. L. : C’est plus qu’un duo. Il m’a toujours fait confiance. Il me laisse avoir les idées et il les valide. Nous travaillons en parfaite symbiose. La direction est collégiale et le management à l’horizontal.
M. L. : Les Transports Lebrun sont devenus un acteur incontournable dans le transport de vins de champagne en citernes alimentaires. En parallèle, nous développons l’activité logistique, depuis 2002, avec une plateforme à Mardeuil ayant pour principale vocation la logistique amont connexe au champagne (bouteilles vides, cartons…). Puis, en 2015, nous avons installé une deuxième plateforme à Avenay-Val-d’Or, spécialisée dans la logistique de verre et de bouteilles vides pour le compte des maisons de champagne. Près de 15 millions de bouteilles vides transitent par ce site situé à dix minutes de nos clients Moët & Chandon, Pol Roger et Nicolas Feuillatte. Une proximité qui nous permet une vraie réactivité. Nous comptabilisons désormais une surface de stockage de 30 000 m2.
M. L. : Dans les années 2010, nous avons eu l’opportunité de travailler avec des grandes maisons de champagne, notamment le groupe Vranken Pommery en 2013. La même année, nous avons démarré le transport de boissons pour le compte de PepsiCo et Danone. Puis, deux ans plus tard, nous avons signé avec le groupe LVMH (Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Dom Pérignon…). L’activité a alors explosé ! L’équipe est passée de 30 personnes à quasi 50 en six mois. Depuis, l’effectif est resté stable avec 45 conducteurs. 50 % de nos salariés ont plus de dix ans d’ancienneté.
M. L. : Nous réalisons un chiffre d’affaires de 11,2 millions d’euros avec une dizaine de clients réguliers. 80 % de l’activité sont portées par le transport. Dans ce domaine, 60 % des volumes sont réalisés à l’échelle régionale et 40 % au national. Jusqu’à fin 2023-début 2024, c’était l’inverse. Mais nous avons souhaité opérer un basculement, car il devient compliqué de trouver des conducteurs qui veuillent bien partir à la semaine. La logistique pèse, quant à elle, 20 % dans le chiffre d’affaires.
M. L. : Le parc se compose de 45 moteurs, majoritairement des tracteurs Scania et quasi tous en Euro 6. Une marque à laquelle nous sommes fidèles depuis la création de l’entreprise. Nous renouvelons les véhicules tous les 600 000 à 700 000 km. En 2025, nous allons injecter entre un million et un million et demi d’euros dans le renouvellement du parc roulant.
M. L. : Depuis 2020, nous avons enclenché le sujet en allant vers les biocarburants alors que nos clients étaient en attente de solutions alternatives. Notre volonté : sortir des énergies fossiles. L’entreprise s’est alors investie dans le programme Objectif CO2. L’année d’après, nous avons basculé nos premiers véhicules au B100, soit 20 à 30 % de la flotte. Nous avons tout de suite cru en cette solution. En 2023, nous avons reçu le label Transport et logistique responsable (niveau premium), avant de le renouveler cette année. Notre objectif est d’être chartés Objectif CO2 d’ici la fin 2025.
M. L. : Nous nous sommes donné des objectifs de moyens : convertir 60 % de la flotte au B100 à horizon 2025, une proportion que nous avons atteinte dès la fin 2023. Un nouveau cap va être fixé, mais la trajectoire reste à préciser. En 2025, nous allons renforcer la part de B100 avec une dizaine de véhicules, correspondant à 70 à 75 % du total de la flotte.
M. L. : Nous allons acquérir les premiers véhicules électriques en 2025. En parallèle, nous allons aussi développer une offre XTL et HVO, mais ce n’est pas une priorité chez nous.
M. L. : C’est une entreprise à taille humaine avec un vrai esprit familial et des collaborateurs qui croient en nos valeurs. Ce qui participe à notre qualité de service, reconnue par tous nos clients. Cela passe par du matériel récent, mais surtout par le professionnalisme de nos salariés (ponctualité, politesse). Ces derniers connaissent très bien le milieu dans lequel ils évoluent, ce qui leur permet de détecter d’éventuels problèmes avant même qu’ils ne surgissent. Ce qui est un vrai plus, d’autant que nous préférons jouer la carte de la fidélité avec nos clients dans une approche partenariale plutôt que de faire du one shot.
M. L. : Engagés dans le programme « Transportez-vous bien », nous faisons en sorte de réduire au maximum la pénibilité pour favoriser un bon environnement de travail. Un sujet sur lequel nos clients sont réceptifs. Par exemple, nous avons pu renoncer à certains contrats, car les horaires auraient été trop contraignants pour les conducteurs. Et nous mettons un point d’honneur à ce que tous soient rentrés le vendredi soir. Chacun a également son camion et sa remorque attitrés. Et nous mettons à leur disposition des véhicules plus ergonomiques et plus sécuritaires, avec des cabines plus basses et la mise en place d’une deuxième rambarde de sécurité sur les citernes alimentaires. De ce fait, nous ne rencontrons pas de difficultés de recrutement bien que nous soyons implantés sur un bassin de plein-emploi.
M. L. : Sur la plateforme logistique d’Avenay, nous avons installé cinq ruches qui ont donné 153 kg de miel l’année dernière. Une production que nous offrons à nos collaborateurs, clients, fournisseurs… Sur les deux sites, nous laissons également de la place à la végétation. Par ailleurs, nous avons profité d’une rénovation de la toiture de nos bâtiments logistiques à Mardeuil pour préparer d’ici 2026 l’installation de panneaux photovoltaïques dans une logique d’autoconsommation et avoir plus de luminosité, de sorte à moins éclairer. Ce qui nous a permis de diviser par deux notre consommation d’électricité. Et, depuis fin 2023, nous avons également opté pour l’éclairage LED avec détecteurs de mouvements. En parallèle, nous avons lancé un programme de préservation des ressources en eau à travers le recyclage de l’eau nécessaire au passage au contrôle technique de nos citernes. De quoi économiser 3 000 m3 en un an. L’eau est ensuite recyclée pour l’irrigation de la vigne en Champagne.
M. L. : Concernant la logistique, nous étudions la possibilité d’augmenter notre surface de stockage sur notre site d’Avenay-Val-d’Or avec la création d’une nouvelle plateforme comprise entre 7 000 m2 et 8 000 m2. Le projet reste à chiffrer, mais l’enveloppe devrait osciller entre 4 et 5 millions d’euros. De même, nous envisageons de nous implanter dans le Nord, un territoire où nous comptons beaucoup de clients, et sur le territoire allant de la Bourgogne au Rhône. Cela se fera par croissance externe ou par l’acquisition de terrains. Nous restons donc en veille. Sur le plan informatique, nous avons décidé d’expérimenter à partir de l’année prochaine la lettre de voiture électronique dans le but d’améliorer la traçabilité de nos livraisons. Un plus pour nos clients !