Damien Spanu : Entre la fin de l’année 2023 et le tout début la première semaine du mois de mars, nous avons enregistré une importante chute d’activité qui, d’après nos discussions avec des collègues, était généralisée. Les volumes sont repartis à la hausse par la suite à tel point que, le chiffre d’affaires ayant explosé en mars et avril, le retard a pu être rattrapé. Cette recrudescence permet même une légère augmentation sur un an à la fin du mois d’août. Si la tendance se confirme, nous devrions ainsi terminer l’année en hausse.
D. S. : Les prix hors contrat ont chuté dans un premier temps avant de revenir à un niveau correct. Compte tenu de l’augmentation de la demande, entre-temps les délais se sont allongés. Paradoxalement, la hausse d’activité survenue à partir du mois de mars a eu un impact négatif sur le quotidien des conducteurs et des exploitants. Leur moral a été affecté car les clients souhaitaient voir les marchandises livrées très rapidement. En raison de la tenue des JOP 2024, notre activité plateau a par exemple fortement augmenté mais les délais étaient particulièrement courts. L’ambiance sociale s’est tendue notamment en raison de changements de programmes récurrents pour les conducteurs. Il a dès lors été nécessaire de passer du temps à expliquer ce qui arrivait. Les exploitants aussi ont été soumis à de fortes pressions. Un autre paradoxe s’est fait jour. Certaines factures étant particulièrement élevées, les délais de paiement ont pu croître. Nous avons même constaté ce phénomène auprès de la plupart de nos clients. Heureusement, j’avais pris l’initiative de demander à l’ensemble de l’équipe de porter une attention particulière à ce point dès le début de l’année. Il n’empêche, la vigilance que nous exerçons nécessite de nombreuses relances, et donc du temps. Il est devenu relativement courant d’observer trois ou quatre mois de retard de paiement. Quant à moi, je n’ai jamais relevé autant de clients en difficulté ; leur nombre avait doublé à la mi-2024. Il s’agit typiquement d’un effet en chaîne.
D. S. : France Plateau nous a apporté un soutien commercial et social, également des tarifs préférentiels auprès des fournisseurs. Concrètement, environ 200 000 euros sur un minimum de 4,3 millions de chiffre d’affaires estimé en 2024 a déjà été apporté par les agences du réseau. Sans compter que France Plateaux nous aide à nous développer tout au long de l’année. Compte tenu du contexte actuel, je pense quoi qu’il en soit qu’il doit être compliqué d’être seul.
D. S. : Les hausses de coût des crédits bancaires ou du matériel sont particulièrement conséquentes depuis la fin de l’année 2023. Ces hausses contribuent à créer un environnement peu stable et tendu. Tout le monde cherche à faire des économies, même minimes. En conséquence, la confiance à l’égard des fournisseurs a tendance à diminuer.
D. S. : Hormis des renouvellements ponctuels, la prochaine phase devrait intervenir d’ici un an et demi. Un moteur diesel a augmenté de trente à quarante mille euros en quatre ans sur la base de devis que nous avons fait établir. On se demande comment il sera possible de répercuter de telles augmentations sur nos prix et si cette tendance va se maintenir. En parallèle, il s’agit de réfléchir à la possibilité d’électrifier une partie de notre parc, ce qui requiert une façon différente de penser et de gérer investissement et endettement. Pour le moment c’est prématuré car il n’y a pas assez de bornes de recharge.