Quand il regarde en arrière, Emmanuel Deret n’est pas peu fier du chemin parcouru. « Je ne suis pas mécontent d’avoir abandonné mon statut de cheminot. J’ai initié un mouvement et suis très fier de ce que l’on a fait tous ensemble. C’est une belle réussite ! » C’est lui qui a fondé la société de commission de transport ED-TRANS voilà tout juste 20 ans. Son idée, à l’époque : proposer un modèle économique qui puisse apporter une réponse à des camions pas assez remplis. « C’est ainsi que j’ai souhaité organiser les transports pour massifier les flux et avoir de meilleurs taux de remplissage », se souvient-iL. 20 ans après, Emmanuel Deret est à la tête d’un groupe spécialisé dans le transport multimodal, dont le siège est au Mans (72), qui pèse 59 M€ de chiffre d’affaires en 2023. « Depuis trois ans, l’entreprise connaît une croissance très forte. L’effectif est passé de 50 à 104 salariés ». L’organisateur de transports gère aujourd’hui l’acheminement des marchandises partout dans le monde, par la route, l’air et la mer. « J’ai décidé de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, en nous diversifiant. Nous comptons 3 200 clients réguliers sur des secteurs très disparates (équipement industriel, agroalimentaire (céréales, lait déshydraté…), pharmacie, pièces détachées pour l’automobile…). Notre premier client pèse 4 % dans le CA. En 2023, nous avons enregistré 76 000 ordres de transport. Cette année, nous devrions dépasser les 83 000. » La route (qui est l’activité historique) pèse 85 % du volume d’affaires, dont 65 % à l’international, et l’overseas (transports maritime et aérien), une activité déployée depuis 2008, génère 15 % du chiffre d’affaires. Le groupe qui se présente comme étant « un logisticien de flux » a également développé le stockage avec trois plateformes de transit au Mans, à Nantes et Rennes pour une surface totale de 3 400 m2. Depuis 2023, ED-TRANS accompagne également ses clients industriels dans la gestion de leurs formalités douanières sur l’export et bientôt sur l’import. Emmanuel Deret table sur 68 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2024. Son ambition est claire : « être dans le top 3 des entreprises françaises spécialisées dans l’organisation de transport multimodal à horizon 2028 ».
Une échéance qui marquera un tournant dans la vie de cette entreprise puisqu’une nouvelle gouvernance va prendre les commandes. À l’aube de ses 56 ans, Emmanuel Deret envisage en effet de transmettre son entreprise à ses salariés. « Aujourd’hui, si l’entreprise enregistre de telles performances, c’est grâce à eux », reconnaît-il. Il a donc fait le choix de leur ouvrir le capital social. La mise de départ oscille entre 5 000 et 20 000 euros. 38 % des salariés éligibles (avec plus de deux ans d’ancienneté) se sont emparés du dispositif la première année. L’actionnariat salarié pèse désormais 6,2 % dans le capital de la holding ED Invest. « En 2023, nous avons fait un très bon exercice. Une performance qui a d’emblée permis de rassurer nos collaborateurs-associés sur l’intérêt de leur investissement ! » Son projet : réaliser une vente étalée sur sept ans. Voilà pourquoi, il y a deux ans, il s’est entouré de quatre associés qui vont peu à peu reprendre la société à parts égales : Anne Cousin (directrice du site du Mans et directrice des systèmes d’information du groupe), Cécile Jacquemin (directrice générale de ED-TRANS), Fabrice Demossier (directeur de l’agence de Rennes et directeur opérationnel du groupe) et Erwan Moyon (directeur général de NTL-FRANCE, une société nantaise rachetée en 2017). « La cession va se faire ainsi de manière plus digeste. Avoir choisi des personnes déjà inscrites dans la stratégie et l’ADN du groupe permet aussi de rassurer les collaborateurs » Un protocole et un pacte d’associés a donc été conclu. « Chaque année, je cède progressivement mes parts : 6 % en 2023, 3 % cette année et en 2025 puis 10 % par an jusqu’en 2028. J’aurais alors 60 ans et abandonnerai la présidence », se projette Emmanuel Deret qui restera actionnaire à hauteur de 17 %.
D’ici là, ED-TRANS va continuer de mailler le territoire. Aujourd’hui, le réseau compte 11 agences à travers la France (six en location et cinq en propre). La dernière inauguration a eu lieu près de Rennes en juin dernier. L’objectif étant de maintenir une proximité étroite avec ses clients et partenaires. Dans le cadre de son plan stratégique EXPAND 2025, le patron originaire du Mans vise 15 agences en 2028.
En parallèle, un autre projet se dessine à horizon 2025 : « ED-TRANS et NTL FRANCE (23 M€ en 2023 et 28 salariés, NDLR) vont fusionner pour aboutir à une seule marque. Ces deux sociétés sœurs font les mêmes métiers. Devenir une seule entité va nous donner plus de poids. »
Le nouvel ensemble pourrait par ailleurs continuer de grossir via de nouvelles opérations de croissance externe. Une ou deux acquisitions pourraient intervenir d’ici à 2028. « La stratégie sera d’aller chercher des sociétés ayant pignon sur rue, avec la même expertise métier que la nôtre, mais étant en bout de course. » Ce serait aussi un moyen de renforcer son positionnement sur des territoires où il n’est pas encore présent. « Affiner notre maillage c’est capter de nouvelles parts de marché. » C’est ainsi que le groupe piloté par Emmanuel Deret prévoit de franchir la barre des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2028. Les effectifs pourraient quant à eux grimper à 140 collaborateurs. Un changement de taille qui ne veut pas dire changement de cap. « Ce n’est pas parce que l’on grandit que l’on doit perdre nos valeurs. Je suis très attaché à conserver nos fondamentaux », conclut Emmanuel Deret.
Siège : Le Mans (72)
Activités : spécialiste de l’affrètement (route/air/mer), douane
CA 2023 : 59 M€
Effectif : 104 salariés
Parc : une dizaine de remorques