Thomas Blot (Bils-Deroo - 59) : « Face à la conjoncture, nous consolidons nos actifs en 2024 »

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Thomas Blot

Thomas Blot, directeur des opérations transports

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Au cours de son histoire, l’entreprise centenaire Bils-Deroo a su diversifier ses activités pour trouver des relais de croissance. Au regard de la conjoncture économique actuelle, il va concentrer ses efforts pour consolider ses propres actifs. Entretien avec Thomas Blot, directeur des opérations Transport de Bils-Deroo (59).
Pouvez-vous présenter brièvement les Transports Bils-Deroo et son activité ?

Thomas Blot : Fondé en 1911, le groupe Bils-Deroo, qui emploie 1 800 collaborateurs, opère quatre activités principales : le transport et logistique, l’intérim, la maintenance technique et l’immobilier. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2023. Pour le transport nous nous appuyons sur un effectif de 330 conducteurs et une flotte de 270 moteurs en comptant les prestataires exclusifs. Nous sommes spécialisés dans le général cargo, notamment à destination de la grande distribution et l’automobile, et détenons en propre un parc de 110 moteurs et 600 semi-remorques. Nous exploitons également plus d’une trentaine de plateformes logistiques dans les Hauts-de-France, mais aussi d’autres sites, notamment à Bourges et au Mans, totalisant une surface immobilière d’un million de mètres carrés.

Quelle est la stratégie de développement de l’entreprise ? La conjoncture actuelle a-t-elle modifié vos ambitions de croissance ?

T. B. : Nous avons initié en 2022 un plan stratégique dénommé « Cap 2025 », qui visait à atteindre 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et 1 million de mètres carrés d’entrepôts. Mais compte tenu de l’atteinte des objectifs un peu plus tôt que prévu et de la conjoncture actuelle du marché, nous avons actualisé nos ambitions et décidé de consolider nos équipes en 2024. Nous allons notamment mener des actions en matière de qualité de vie au travail en vue de fidéliser nos collaborateurs en CDI et de nos sédentaires. Nous allons nous attacher à bien intégrer les actifs des Transports Fosseux (59) – 16 salariés, 15 camions – que nous avons récemment repris pour consolider notre activité de transport général cargo, de conteneurs et d’affrètement.

L’entreprise ne se limite pas au transport routier et s’est développée dans d’autres activités (logistique, immobilier). Comment se traduit votre stratégie de diversification ?

T. B. : L’entreprise a commencé par du marchandage de pommes de terre. L’activité de transport est venue naturellement. La diversification est arrivée très rapidement avec l’activité garage développée en interne par Jacques Bils, l’actuel président du conseil de surveillance, pour éviter de payer cher un garagiste et de subir les délais. Le garage peut aussi profiter à d’autres entreprises. Puis la carrosserie a suivi. Elle est rassemblée sur le même centre, sous le nom Solutech.VI. Les centres de contrôle technique, ouverts également sur les VUL, ont suivi. Et enfin, nous avons continué sur la même logique avec des agences d’intérim qui proposent des services à d’autres prestataires. Tout a une logique et est ancré dans une stratégie de diversification et de pérennisation de l’activité, tout en essayant de mutualiser les coûts et de les réduire. La logistique s’est imposée comme une évidence il y a plus de quarante ans. Avec cette activité, la partie immobilière a été amorcée et s’est fortement développée, pour atteindre aujourd’hui 1 million de mètres carrés. Nous proposons ainsi des espaces de bureau, de coworking, de parking et, bien sûr, de stockage.

Face à la conjoncture actuelle, comment adaptez-vous vos activités ?

T. B. : Nous avons une chance, c’est que cela se compense automatiquement au niveau de notre panel de clients. C’est la force de la diversification et du développement mesuré. Même si nous ne courons pas après le chiffre d’affaires. Le développement n’est pas fulgurant. Côté stratégie, pour la partie transport, nous allons sur des produits à forte valeur ajoutée qui fonctionnent bien, notamment des produits industriels du luxe, mais aussi sur le transport de l’eau. Dans les Hauts-de-France, il y a beaucoup d’acteurs bien implantés. Face à cette concurrence, nous développons une partie e-commerce, que nous avons démarrée il y a quelques mois avec un client. Nous travaillons ainsi sur la partie logistique in situ avec de gros industriels. C’est-à-dire qu’ils gèrent leurs produits, mais préfèrent confier leur logistique. Nous allons chez eux pour la gérer. Nous allons aussi en dehors des Hauts-de-France, selon les appels d’offres qui tombent depuis quelques mois.

Comment la transition énergétique s’intègre-t-elle dans votre stratégie de développement ?

T. B. : Nous avons initié la transition énergétique en interne il y a environ quatre ans. Preuve de notre engagement, nous sommes signataires de la charte Objectif CO2 et nous avons obtenu la médaille de bronze pour la certification Ecovadis. Sous l’impulsion de nos clients, nous avons procédé au verdissement de 100 % de notre flotte en interne en optant pour du biocarburant (HVO et B100) et du gaz. Pour ce qui est de l’électrique, certains clients nous ont incités à nous équiper avant de se rétracter compte tenu du coût des infrastructures sur lesquels ils devaient nous accompagner. Pour ce qui est de nos prestataires exclusifs, nous les aidons financièrement en les rémunérant davantage.

Le groupe Bils-Deroo est fortement engagé sur le transport combiné. Quelle est la vision du groupe à ce sujet, et y a-t-il des axes ferroviaires à consolider ?

T. B. : Pour notre activité, nous nous appuyons fortement sur le transport combiné rail-route. Nous faisons circuler cinq caisses mobiles par jour sur l’axe nord-sud et sud-nord, sur tous types de marchandises. Et nous sommes persuadés que le rail-route va se développer : la part va doubler d’ici la fin de l’année 2024. Nous prévoyons prochainement de développer notre activité de transport vers le Sud-Ouest (Bordeaux, Biarritz). Concernant le transport combiné fleuve-route, nous disposons de plusieurs sites à proximité de cours d’eau et nous sommes attentifs au développement des projets sur le canal Seine-Nord.

Quelle est votre politique en matière de ressources humaines ? Y a-t-il des postes pour lesquels le groupe cherche à recruter en particulier ?

T. B. : Depuis un an, nous sommes référencés Ambassadeur de l’emploi, ce qui nous apporte de la visibilité. En ce moment, le métier est calme, nous n’avons donc pas trop de mal à recruter. Nous avons une représentante RH par entité et site logistique. Le dialogue avec notre personnel est très important pour nous. Nous avons d’ailleurs mis au point un système de notation pour lequel nous obtenons une note moyenne de 8/10 de la part de nos collaborateurs, ce qui est correct. Lorsque l’un d’eux indique moins de 6/10, nous le revoyons dans les trois mois pour voir s’il y a eu une évolution. L’accompagnement et la formation sont nos mots d’ordre. Nous favorisons la mobilité interne. Dans ce sens, notre diversification, qui apporte de multiples activités et plusieurs métiers, est aussi une chance. Nous avons financé une plateforme de trajet en covoiturage (Klaxit by BlablaCar Daily) pour nos collaborateurs avec une gratuité pour les passagers (sous tous types de contrats) et une rémunération pour le conducteur (pour les collaborateurs en CDI et CDD). Pour faire découvrir les métiers aux plus jeunes, nous nous déplaçons dans les organismes de formation, lycées, mais aussi, depuis quelque temps, dans les collèges.

Qu’en est-il de la féminisation sur les différents métiers chez Bils-Deroo ?

T. B. : L’égalité femme-homme a une réelle place dans l’entreprise. Depuis plus de quatre ans, nous avons déployé diverses démarches, par exemple la mise en avant des évolutions professionnelles. Nous allons aussi à la rencontre de femmes qui ont été éloignées de l’emploi pour les intégrer. Globalement, les femmes sont très présentes chez Bils-Deroo : nous avons ainsi récemment embauché deux jeunes femmes dans notre garage Solutech.VI. Au niveau de la conduite, elles représentent 10 % de nos collaborateurs [3 % au niveau national, toutes entreprises confondues, NDLR]. Dans les bureaux, c’est quasiment 50/50.

Quels sont les projets du groupe en matière de digitalisation ? Y a-t-il une priorité à ce niveau au sein de votre entreprise ?

T. B. : Sur la partie transport, nous venons de changer de TMS, CarLo. Il nous permet d’interfacer directement la demande de nos clients à nos camions, ce qui facilite le travail de nos exploitants, mais aussi de la facturation. Concernant l’e-CMR, il devrait arriver en fin d’année, tout comme la suppression du papier rapport conducteur. Sur la logistique, l’innovation se traduit par une amélioration de la qualité de vie au travail. Les prochains projets sur la partie immobilière seront axés sur la démarche écoresponsable.

Dates clés du groupe

1911 : fondation de la société par Gustave Bils

1963 : achat d’une première semi-remorque pour la livraison de pommes de terre

1978 : construction d’un garage poids lourds et démarrage de l’activité logistique

1986 : création du service douanes

2020 : achats de premiers camions gaz et début de l’activité rail-route nord-sud

2023 : obtention de la médaille de bronze Ecovadis

Biographie de Thomas Blot

Juillet 2013-août 2015 : responsable adjoint chez XPO à Santes (59)

Janvier 2016-janvier 2017 : chargé de projet chez VDK Transports (59), Groupe Mertz

Janvier 2017-octobre 2017 : responsable commercial chez VDK Transports

Novembre 2017-juillet 2018 : responsable commercial et exploitation/attestataire chez VDK Transports

Juillet 2018-août 2021 : directeur multifiliales chez VDK Transports et Mertz Conteneurs

Août 2021-présent : directeur des opérations transports et logistiques chez Bils-Deroo

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