Lors du Salon SITL, qui s’est déroulé du 19 au 21 mars (dont nous ferons un compte rendu dans notre prochain numéro), deux sujets principaux animaient les discussions concernant le TRM dans les allées. D’abord, celui de la conjoncture, peu encourageante depuis plusieurs mois, était sur toutes les lèvres, laissant deviner un certain climat d’inquiétude. Ensuite, alors qu’un texte susceptible d’être bénéfique pour le secteur est actuellement discuté au niveau européen, une incompréhension régnait face aux réactions politiques françaises. En effet, la directive « poids et dimensions » (voir p. 22), adoptée en première lecture par le Parlement européen1, vise à autoriser la circulation des « mégacamions » qui peuvent mesurer jusqu’à 25,25 mètres de long et peser jusqu’à 60 tonnes, sur les routes des pays membres de l’UE. Des voix – notamment celle du nouveau ministre des Transports Patrice Vergriete – se sont immédiatement élevées pour dénoncer le projet, accusé de tous les maux : concurrence face aux modes ferroviaires ou fluviaux prônés pour leurs vertus écologiques, plus de pollution, risque d’endommager les infrastructures, voire un danger pour les usagers de la route…
Or, cette pratique, rappelons-le, est déjà monnaie courante dans quelques pays européens (Suède, Finlande ou encore Pays-Bas), parfois sur dérogation, comme en Espagne et au Portugal. Force est de constater que les incidents n’y sont pas plus nombreux. Par ailleurs, défend la profession, ces mégacamions, s’ils venaient à être autorisés en France, pourraient être uniquement affectés sur des voies spécifiques, peut-être même uniquement sur autorisation, comme c’est le cas pour le transport exceptionnel, et non dans des lieux difficiles d’accès. Enfin, ils pourraient être déployés là où aucune autre solution multimodale n’est envisageable. Ainsi, comme le résumait David Sagnard, président du Groupe Carpentier (62), lors de la cérémonie qui l’a couronné Transporteur de l’année : « Il ne faut pas voir les mégacamions comme une concurrence au multimodal, mais comme un complément… »
(1) Les États, la Commission européenne et le Parlement doivent encore adopter un accord final.