Les formations réalisées s’avèrent de plus en plus nombreuses, a souligné Jean-Paul Deneuville, président de l’AFT, à l’issue de l’AG de l’association. Pourtant, la surtension sur les emplois du secteur persiste. » En 2018, l’association a cofinancé 44 000 formations contre 39 000 en 2017, pour un montant respectif de la ressource affectée par la loi à l’AFT de 63 116 K€ contre 62 718 K€. Environ 48 000 cofinancements devraient être réalisés cette année. Elle a par ailleurs sensibilisé quelque 140 000 personnes aux métiers du secteur par l’AFT et jusqu’à 190 000 le seront d’ici la fin de l’année. Pour une meilleure efficacité, l’AFT a cherché à comprendre la surtension dans le secteur du transport alors que les formations sont de plus en plus nombreuses. Quelque 250 M€ sont consacrés à la formation des conducteurs routiers en France, estime Jean-Paul Deneuville. L’AFT a notamment étudié la déperdition de candidats, depuis leur sensibilisation aux métiers de la conduite à leur intégration dans l’entreprise. Sur 1 000 personnes sensibilisées, elle a noté qu’en moyenne 100 d’entre elles manifestaient un intérêt, par exemple via des participations à des réunions d’information collectives ou à des actions de prescripteurs comme Pôle Emploi. Sur ces 100 personnes, 10 sont retenues pour entrer en formation. Puis la déperdition se poursuit puisque environ 8 personnes entrent en entreprise et, après la phase d’intégration, 6 personnes restent en entreprise. « Et tout le processus prend environ huit mois, précise Jean-Paul Deneuville. Cette moyenne doit être réduite. »
Autre information qui ressort de l’étude, la conduite de poids lourds devient un métier de reconversion. En dehors des parcours de l’apprentissage et de l’enseignement professionnel, l’âge moyen d’obtention de la première carte de qualification de conducteur (CQC) de marchandises et de voyageurs, est de 36,4 ans. Pour les jeunes, le frein majeur à une formation dans le secteur reste la détention du permis et donc l’attente de l’âge minimum légal. « L’orientation se fait à 16 ans, indique Jean-Paul Deneuville. Hors formation professionnelle et apprentissage, les jeunes ne considèrent pas cette voie car attendre trois ans pour pouvoir conduire, ça peut paraître une éternité à cet âge. » L’AFT proposera plusieurs pistes de réflexion pour contrer le manque d’attractivité du secteur, parmi elles la possibilité d’une conduite encadrée à un plus jeune âge, « bien sûr dans certaines conditions », en validant peut-être des blocs de compétence comme le code avant 18 ans. Elle suggère aussi de rationaliser les formations, de les rendre plus courtes ou encore de passer le permis en même temps que la FIMO.
Cette année, la formation professionnelle a été marquée par la mise en place des opérateurs de compétences. Jean-Paul Deneuville est revenu sur la création de l’Opco Mobilités et les questions qu’entraîne le regroupement de 22 branches au sein de l’organisme : « Sera-t-il un organisme interbranche – standardisé à la base – ou multibranche, c’est-à-dire qu’il prendrait en compte l’identité de chacun ? » Sur ce point, l’AFT attend un rapport prévu pour fin octobre sur la concentration des branches du TRM, dont certaines pourraient être réunies. « Si on adopte les règles de représentativité, c’est-à-dire atteindre 8 % des entreprises syndiquées, dans la configuration actuelle ce n’est pas compliqué, souligne Jean-Paul Deneuville. Mais en élargissant le champ de la branche, comme intégrer l’urbain dans la branche transport, ni la FNTV ni l’UITP ne sont représentatives… »