Dans un marché aux évolutions contrastées selon les spécialités (cf. tableau page XXX), la force de vente de Maisonneuve (quatre technico-commerciaux en France, plus un responsable grands comptes également chargé de l’Allemagne, de l’Irlande et du Royaume-Uni) s’est appuyée sur le réseau Benalu – qui participe ponctuellement à la commercialisation – et a bénéficié de son support pour le SAV et les pièces de rechange. Pour sa part, le groupe de Liévin a renforcé ses positions commerciales et industrielles et espère profiter à terme de la forte présence de Maisonneuve au Royaume-Uni.
Les synergies ont également porté sur les achats, plus de 40 % des composants des deux entreprises étant communs. Maisonneuve tire ainsi parti d’une capacité d’achats annuelle d’une douzaine de milliers d’essieux, de plus de 7 500 t d’aluminium et autant d’acier (plus 3 000 t d’inox), pneus et équipements bénéficiant des mêmes effets de masse. L’administration et la R&D ont aussi profité du savoir-faire de Benalu – notamment en châssis – et de son bureau d’études, pour la mise au point de nouveaux véhicules.
« Les achats sont un facteur clé de l’activité, pesant près d’un tiers du prix de revient d’une citerne, indique Olivier Viard, président de Maisonneuve Citerne SAS et directeur général du groupe Benalu. Le savoir-faire industriel et des hommes compétents sont aussi une composante majeure de la réussite, dans des activités de chaudronnerie et de tuyauterie essentiellement réalisées manuellement. »
« Ces métiers sont proches de ceux de la benne, mais avec une complexité supérieure, la qualité des soudures par exemple étant contrôlée aux rayons X pour les citernes ADR, précise Olivier Viard. Nous mettons en commun les compétences de Benalu en partie basse, le châssis, et celles des spécialistes de Maisonneuve pour la partie haute et bénéficions également d’un actionnariat porté par une vision et financièrement puissant. Cela nous permet d’investir dans des outillages performants et de tirer parti des compétences de Benalu en organisation industrielle, comme nous l’avions fait avec Bennes Marrel. »
Maisonneuve investit en effet dans de nouveaux outils informatiques et des outillages plus productifs, à l’image d’un train à bandes pour fabrication de frettes en cours d’installation divisant par huit leur temps de fabrication. La réorganisation en cours de la production qui sera achevée mi-2020 a aussi produit ses effets, avec un doublement de celle-ci au premier semestre 2019.
Éclaté en plusieurs ateliers séparés par une voie publique, le site repense ses flux, une douzaine de postes quelquefois fort distants intervenant dans le processus de fabrication, qui se termine par les tests d’étanchéité et le jaugeage des véhicules, puis leur lavage intérieur/extérieur. Jusqu’à deux mille heures sont nécessaires à la fabrication d’un véhicule citerne, laquelle commence par le soudage à plat bord à bord de tôles minces d’inox (nappage) avant leur découpe au gabarit attendu et celle des futures ouvertures.
Le roulage et le croquage de ces tôles préparées aboutit à la constitution de tronçons de viroles, soudées sur le même banc (automatique) que celui du nappage. La pose des fonds, brise-lames et cloisons s’effectue par demi-cuves, qui seront assemblées avant mise en place des frettes, soudage final et contrôle. L’ensemble de ces opérations s’effectue dans le même bâtiment, qui stocke également les coils et tôles et accueille la cabine de radiographie des soudures.
Le second atelier – organisé en boxes de travail ou en demi-lignes et assurant une activité de réparations toutes marques – accueille une demi-douzaine de postes, dont la pose des équipements et systèmes de remplissage/vidange, la finition et le polissage des cuves et leur calorifugeage. Les châssis y sont aussi grenaillés et peints, avant appairage avec les cuves.
Les épreuves et le jaugeage y sont aussi réalisés avant le lavage, opéré sur un site spécifique. Environ six semaines s’écoulent entre le début de la production, dont toutes les étapes et les plans d’industrialisation sont informatisés.
À l’issue de la réorganisation en cours (mi-2020) et forte d’un bon portefeuille de commandes, l’entreprise sera alors armée pour s’approprier 20 % du marché français des citernes, son objectif affiché, avant d’autres conquêtes, sans doute à l’international.