Nous avons perdu la gestion du financement de la formation professionnelle qui a été reprise par l’État, donc aujourd’hui la question est de savoir ce que l’on fait pour les différentes branches qui composent l’Opco », a déclaré Jean-Louis Vincent, président de l’Opco mobilités lors de son intervention à la table ronde, qui avait pour titre : « Préparer la branche Transport routier aux évolutions : Comment se réformer pour s’adapter aux nouvelles attentes et aux nouveaux enjeux ? ». En fait, le débat portait essentiellement sur le rôle des opérateurs de compétences dits « Opco » qui remplacent les organismes paritaires collecteurs agréés, auparavant appelés « Opca » depuis le 1er janvier 2019 (voir encadré). Jean-Louis Vincent a rappelé que l’Opco mobilités s’intégrait dans une logique globale de mobilité. « Nous vivons une forte mutation. Nous devons convaincre le monde des entreprises que la réforme est bonne pour le développement économique. Il faut casser les silos intellectuels », a affirmé Claude Tarlet, président de la Fédération française de la sécurité privée, qui participait au débat : « Les entrepreneurs sont inquiets. La réforme ne se fait pas sans heurts mais nous pouvons les rassurer en faisant de la pédagogie. » Une inquiétude que partageaient les dirigeants des entreprises du TRM présents à la table ronde. La question de la forte présence de la main de l’État dans la gestion des Opco était aussi posée. Alain Druelles, conseiller à la formation professionnelle et à l’apprentissage au cabinet du ministère du Travail, a répondu en protestant contre cette manière de présenter les choses. « Le rôle de l’État est de casser les frontières », a-t-il proclamé. Face aux différentes déclarations, l’assistance est restée dubitative en applaudissant lorsque le présentateur Olivier de Lagarde affirmait en guise de question que « les chefs d’entreprise se disent que les “mecs” du ministère du Travail sont éloignés de la réalité du terrain ». Visé, Alain Druelles, seul représentant du gouvernement à la table ronde, a répondu en demandant au public de « citer les exemples qui ne marchent pas », tout en dressant un inventaire des réformes engagées par la majorité en matière de droit social.
Aline Mesples, présidente de l’OTRE, a alors pris la parole pour dénoncer le système actuel de l’assurance chômage. « De nombreuses entreprises sont à vendre car les dirigeants doivent à la fois mener un combat sur la réglementation afférente au transport de marchandises mais aussi sur celui de la pénurie de personnel. L’État propose des solutions de temps longs mais la préoccupation des entreprises est de trouver des salariés dans les six mois », a-t-elle déploré. Alain Druelles a souligné qu’il comprenait l’urgence mais qu’il demandait aux entreprises de « comprendre qu’il faut un délai minimum incompressible pour appliquer une réforme » tout en rappelant que la réforme de l’assurance chômage entre en vigueur le 1er novembre prochain. L’apprentissage faisait également partie des discussions. L’un des transporteurs présents a affirmé qu’il « ne savait pas que faire d’un apprenti de 16 à 18 ans dans le TRM » et que « leur coût était élevé ». Une affirmation balayée par un autre transporteur, qui a indiqué que « le coût de l’apprenti est une caricature, car le jeune est payé 45 % du Smic. Le service qu’il rend est réel ; 70 % des jeunes restent dans la branche après leur formation. C’est un bon dispositif qui rend service aux entreprises et sert de vitrine pour les faire venir dans le secteur. » Au final, rappelons qu’Alain Druelles, conseiller au cabinet du ministère du Travail, a annoncé qu’un rapport sur les Opco sera publié fin octobre.
La loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018 a réformé le système de formation professionnelle. Désormais, près de 329 branches sont réparties dans 11 Opco (opérateurs de compétences), au lieu des 20 Opca (organismes collecteurs agréés) qui existaient auparavant (décrets du 1er avril 2019). À noter que l’Opca Transport et Services forme, avec l’Anfa, l’Opco Mobilités. Les Opco ont pour mission d’apporter un appui technique aux branches professionnelles, notamment pour les aider à construire des certifications professionnelles et accompagner les TPE-PME pour définir leurs besoins en formation. À terme, la collecte des contributions des employeurs au titre du financement de la formation professionnelle et de l’alternance, sera assurée par l’Urssaf. Les Opco gardent cette attribution au plus tard jusqu’au 31 décembre 2020.
S. W.