De la petite chambre froide aux entrepôts logistiques, en passant par l’hypermarché et la supérette de proximité, tous les professionnels s’attachent à maintenir coûte que coûte la chaîne du froid. Un véritable enjeu aujourd’hui compte tenu des technologies de réfrigérations utilisées. « Nous sommes au début d’une révolution », assure Nicolas Pondicq-Cassou, directeur marketing et Ingénierie des systèmes mécaniques chez Profroid.
Cet expert en production de froid industriel présentait lors de la dernière édition du SELFI qui s’est déroulé en mai à Marseille, les atouts du CO2 transcritique comme substitut aux fluides frigorigènes les plus utilisés : HFC (hydrogéno-fluorocarbones), HCFC (hydro-chlorofluocarbones) et CFC (chlorofluorocarbures).
Pointés du doigt par la réglementation pour être de gros contributeurs au réchauffement climatique, ces réfrigérants seraient à l’origine d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. La directive F-Gaz datant de 2006 s’est renforcée en 2014. « En huit ans, la réglementation s’est durcie. Des quotas ont été imposés pour réduire de 80 % ces réfrigérants entre 2015 et 2030 », a indiqué Nicolas Pondicq-Cassou. Avec ce renforcement des règles, Profroid a réussi à associer Carrefour et d’autres grands noms de la distribution au développement du CO2 transcritique. « Le CO2 est jusqu’à 4 000 fois moins impactant sur le réchauffement climatique que les fluides HFC. Il est disponible en abondance », détaille Nicolas Pondicq-Cassou. Ainsi, en août 2018, Profroid (groupe Carrier), dont l’usine de production se trouve à Aubagne, sortait sa 10 000e centrale CO2.
Profroid a élargi sa gamme pour proposer des puissances frigorifiques adaptées à la température à atteindre, en fonction de la superficie et du climat sera installée l’unité. « Le CO2, une solution attractive depuis longtemps en Europe du Nord, est arrivé plus tard en Europe du Sud, assure Nicolas Pondiq-Cassou. Avant que nous développions la technologie des éjecteurs vapeur, le CO2 était moins performant que le HFC pour des températures supérieures à 15 °C. Désormais, avec cette technologie, le climat ne constitue plus un problème. Nous touchons tous les logisticiens qui possèdent des grands entrepôts. » En Espagne, Carrefour qui a dû procéder à des modifications techniques pour s’adapter au climat, souligne le rendement énergétique supérieur au HFC. « Il est difficile de mettre en place la technologie de froid propre sous un climat chaud. Nous avons opéré diverses transformations technologiques afin qu’elles fonctionnent de manière optimale pour obtenir de bons rendements énergétiques. Nous avons aujourd’hui 12 installations complètes de réfrigération au CO2 où nous observons des économies d’environ 40 % ! », affirme José Francisco Molla, directeur technique de Carrefour Espagne. Après avoir doté l’entrepôt Spar à Ebergassing, en Autriche, de 19 000 m2 de surface réfrigéré en 2016, Profroid finalise un projet en Norvège de piste de ski indoor. Cette plus grande chambre froide au monde (36 000 m2) doit être livrée en janvier 2020. « En Finlande, nous avons équipé un entrepôt logistique de quatre machines pour refroidir 20 000 m2 avec du frais, du surgelé et une valorisation de l’énergie qui alimente la ville voisine, laquelle récupère 2 500 kW de chaleur », explique le représentant de Profroid, résolu à étendre cette technologie dans l’Hexagone.
* Lorsque le CO2 dépasse sa température critique de 31,1 °C, il est transcritique et exprime des qualités frigorigènes.