Gérard Buard, un parcours étroitement lié à celui de la marque

Article réservé aux abonnés

Né en 1957 à Laval (53) et entré dans la marque en 1994 après avoir traversé plusieurs entreprises industrielles du secteur de la carrosserie, le dirigeant commercial de l’entreprise bourguignonne a pris sa retraite le 30 juillet. Sa carrière n’aura pas été un long fleuve tranquille, alors qu’il a été confronté à plusieurs défaillances d’entreprises. Mais les difficultés rencontrées et les challenges relevés n’ont jamais entamé son optimisme et sa pugnacité.

Après un DUT génie mécanique au Mans, il a commencé son activité professionnelle dans la fabrication de conteneurs maritimes au bureau d’études de Luchaire dès 1979, et a accompagné le virage de l’entreprise dans la caisse mobile rail-route. Il poursuit cette activité abandonnée par Luchaire chez Desmas (aujourd’hui Procar) jusqu’au dépôt de bilan de celui-ci en 1983.

Il intègre alors Gruau comme technico-commercial et en deviendra responsable des ventes-administration avant de relever un nouveau défi en 1990 chez Tautliner System France (TSF), filiale du britannique Boalloy, détenteur du brevet des carrosseries à rideaux coulissants.

Lorsque ce brevet tombe dans le domaine public, il crée une équipe commerciale chargée de vendre en direct aux transporteurs les PLSC, sous-traitées chez Behm, face à Fruehauf, Trailor et aux autres constructeurs qui créent leurs propres modèles.

La crise de 1992 amène Boalloy à déposer le bilan et Gérard Buard à manager le rachat de TSF par Behm pour un euro symbolique, puis manager l’équipe commerciale Behm Taut-liner Titan (marque acquise par Behm) jusqu’en 1994. Fruehauf (alors propriété de la Société européenne de semi-remorques) le recrute à Ris-Orangis comme animateur réseau, avant de lui confier la direction des ventes en 1997. Après le rachat de SESR par le fonds Little John, Gérard Buard entre au comité de direction du groupe et devient directeur commercial France et Europe du Sud de Fruehauf et Benalu, puis mène la fusion en France des réseaux Fruehauf-Benalu-Trailor dans le cadre de General Trailers.

Après le dépôt de bilan de l’entreprise en 2003 puis sa liquidation, il reste fidèle à Fruehauf, qu’il suit chez Caravelle, repreneur de la marque et de Benalu au tribunal de commerce en 2004. Il reconstruit alors leur réseau, refond les gammes bâchées/fourgons en augmentant les standards de qualité et élargit l’offre Fruehauf. La séparation en 2005 des réseaux Fruehauf-Benalu annonce la cession par Caravelle deux ans plus tard de l’entreprise bourguignonne – dont la part de marché nationale a atteint 30 % – à Francis Doblin et au fonds MBO Capital.

La crise financière de 2008 affaiblit Fruehauf, qui conserve toutefois de fortes parts de marché, notamment grâce à son repositionnement stratégique et la politique d’innovation et d’élargissement de gamme qu’il mène. Après le retour des bennes en 2005, Solutrans 2011 voit ainsi le lancement des semis City, des remorques porte-CAMO, des fourgons PIEK et de la benne OptiSteel.

Wielton rachète 65 % des parts de Fruehauf à MBO en 2015, puis les parts de François Doblin fin 2017. Gérard Buard coopère étroitement avec le repreneur et participe au positionnement du site d’Auxerre comme centre d’expertise industrielle et pôle de compétences fourgon du groupe polonais dans le cadre de sa réorganisation industrielle et logistique.

Les grandes étapes de Fruehauf

1918 Création de l’entreprise familiale américaine par August Fruehauf, qui invente la première semi-remorque à Detroit en créant un ensemble articulé composé d’une Ford T et d’une remorque hippomobile. Elle en deviendra le leader mondial et sera à l’origine de nombreuses innovations : semi-benne hydraulique, citerne vrac, sellette à attelage automatique, semi piggy back, premières versions du conteneur maritime…

1945 Naissance de l’activité de Fruehauf en France avec l’importation sous licence de remorques de Fruehauf Trailer Company (USA), assemblées à Colombes (92).

1958 Création du site d’Auxerre, qui accueillera une chaîne de contenerus en 1968.

Elle s’étoffe dans les années 1980 avec la reprise de l’activité semis de FAR, les essieux SMB (Société mécanique de Bernon), Sercomi (composants) et Titan Coder. L’usine de Maubeuge de ce dernier, ensuite consacrée à la production de conteneurs acier deviendra la Société française de containers, ultérieurement cédée à Usinor.

1962 La firme française installe ses ateliers à Toulouse, Viry-Châtillon puis Ris-Orangis (son siège depuis cette 2019).

1974 Fruehauf France investit dans le loueur Rentco Europe avec Crane Fruehauf (GB) et Ackermann Fruehauf (Allemagne) et crée entre 1960 et 1986 19 agences commerciales et succursales.

1987 Achat de 80 % des parts d’Alusuisse dans Benalu, puis des 20 % restants. Fruehauf intègre la même année les filiales européennes de la marque (Ackermann, Crane, Netam) et plusieurs licenciés (Acerbi, Fruehauf Espagne et Turquie) et crée la holding SESR, Société européenne de Semi-Remorques. Celle-ci regroupe aussi Benalu, Trailor et SMB plus Blond-Baudouin (racheté en 1988), qui conservent leurs marque et identité.

1988 SESR acquiert l’ensemble des participations de Fruehauf Trailer Co. dans Ackermann, Crane et Netam puis spécialise chaque usine. La SESR est à ce moment leader européen des remorques et semis, avec 9 sites industriels hexagonaux, 3 britanniques, plus ceux d’Allemagne, Espagne et Pays-Bas.

1989 Le groupe se développe – jusqu’à 16 usines – s’implante en Europe, Asie et Amérique du Sud et prend le nom de Fruehauf Trailer Corp.

1997 Démembrement du groupe qui est repris par Wabash National Corp, aujourd’hui numéro un américain de la semi.

Le fonds de pension américain Little John entre à son capital (66 %) et crée une société de droit britannique, Trailer Co (puis Ltd), coiffant l’ensemble de la SESR, qui devient en 1998 General Trailers.

La distribution s’effectue par les réseaux existants sous les marques Fruehauf, Benalu et Trailor (puis GT Fruehauf Trailor), fusionnées en France avec Blond-Baudouin en 1999.

Une réorganisation en six business units – dry fret, vrac solide et liquide, froid, pièces et service, composants – vise à créer une gamme unifiée de produits fabriqués par des usines dédiées et distribuée par un réseau unique, n° 1 hexagonal en 2000 avec :

• 30 vendeurs,

• 34 succursales,

• 10 000 commandes/an et 40 % de part de marché.

2001 Apax Partners rachète le groupe en LBO* avec l’appui de la Royal Bank Of Scotland. Le retournement du marché dégrade sa rentabilité et mène la banque à en reprendre le contrôle. GT est démantelée avant son dépôt de bilan puis sa liquidation en 2004, Fruehauf France et Benalu étant rachetées par le groupe Caravelle.

2007 Fruehauf France est revendu à Francis Doblin et au fonds MBO Capital.

2017 Après le rachat par Wielton de 65 % des parts de Fruehauf à MBO en 2015, c’est autour des actions appartenant à Francis Doblin d’être reprises. On est alors en présence du troisième constructeur européen de remorques avec la Compagnia Italiana Rimorchi, l’allemand Langendorf et le britannique Lawrence David.

* LBO : leveraged buy-out (financement d’acquisition par emprunt).

Carrosseries

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15