La limitation de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire peut aussi montrer… ses limites. À en croire en tout cas la décision que vient de prendre le département de Seine-et-Marne où les morts sur la route ont augmenté de + 15 %, dans les six premiers mois de vie de la nouvelle mesure. Le président du conseil général a décidé de revenir à la limitation pré-existante compte tenu des résultats paradoxaux de cette mesure. D’après l’étude menée en début d’année par le département, les infractions ont augmenté ainsi que la mortalité sur certaines routes départementales. Annonce qui fait tache dans la feuille de route gouvernementale, alors que le nombre de victimes (3 488 personnes) a baissé de plus de 5 % en 2018 et que le 20 juin dernier, Matignon a annoncé la nomination d’un responsable sécurité routière au sein de chaque ministère avec un plan détaillé à mettre en place pour le personnel de l’administration.
D’après le bilan établi par l’Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR), « sur le réseau passé à 80 km/heure, la vitesse moyenne pratiquée a chuté dès le dimanche 1er juillet : de – 3,9 km/h pour les véhicules légers et de – 1,8 km/h pour les poids lourds. Elle s’est ensuite stabilisée pour les véhicules légers et a légèrement réaugmenté pour les poids lourds », note pudiquement le dossier ministériel. Et le même de préciser que « 127 vies ont été épargnées au second semestre 2018 sur les routes hors agglomération, pour la plupart concernées par la baisse à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée. Cette baisse notable a connu un décrochage en novembre et décembre 2018, dans la période qui correspond à la forte dégradation des dispositifs de contrôle automatiques ». Comprenez : sabotage dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes. Ce qui dit bien aussi que le respect des nouvelles limitations ne s’est pas durablement installé, notamment sur les axes hors agglomération qui, avec 62 % de la mortalité routière (chiffres 2018), restent les plus meurtrières d’Europe. En Seine-et-Marne, la conduite à risque a même augmenté.