Serait-on enfin en train de dépasser les guerres de clans, la chasse aux sorcières et les revanches chaudes et froides ? Le débat récent qui a eu lieu à quelques jours de l’adoption de la loi d’orientation des mobilités par l’Assemblée nationale le laisse espérer.
Car on a franchement osé aborder celui qui nous semble être le point critique des schémas logistiques : le comportement, pas toujours responsable, des consommateurs. C’est le débat sur la forme et le fond d’Éco-Transport qui a permis d’en parler ouvertement. Jugez plutôt : « Nous tâchons de faire en sorte que nos propositions augmentent les recettes fiscales en espérant que cela va quelque peu modifier les comportements…Il est en effet très facile, aujourd’hui, pour une société de distribution d’effectuer une livraison dix fois à la même adresse le même jour – une telle pratique n’aura aucun impact financier pour la société concernée. On peut également décider d’utiliser 120 camionnettes de 800 kilos et les faire rouler dans une ville avec une production de CO2 quarante fois supérieure à celle d’un seul camion », a argumenté le député LREM Bruno Fuchs, histoire d’écorner le sacro-saint temple du e-commerce et de ses lois parfois impitoyables. Le transport offert, cela vous dit quelque chose ? Et le député n’a pas oublié de proposer une baisse des charges (ce que la suppression annoncée de la déclaration forfaitaire simplifiée ne préfigure pas) pour avoir une perspective à fiscalité égale. À cette occasion, on a assisté à un échange constructif auquel François-Michel Lambert (groupe Libertés et Territoires), architecte de France Logistique 2025, a également participé. Un échange imprégné évidemment de considérations politiques – sous la pression conjointe de la montée écolo et de l’urgence climatique, ainsi que de la réclamation consensuelle d’une taxation du carbone – mais aussi vraiment sociétales. La controverse sur la compatibilité d’Éco-Transport avec la réglementation européenne a aussi été dribblée par la proposition de l’instaurer dans un premier temps aux seules importations extra-UE. Affaire à suivre…