Flygskam

Pour une fois, tournons nos yeux vers le ciel. Vous voyez ces traînées blanches, sur fond bleu, qui tantôt se croisent, tantôt dessinent des lignes parallèles, au gré des vols ? Eh bien, désormais, ces dessins sont associés à un nouveau mot stigmatisant : le flygskam, c’est-à-dire la honte de prendre l’avion. Créé en Suède, il y a quelques mois, ce terme indique le sentiment de culpabilité que l’on devrait ressentir du fait de se déplacer en avion. En effet, le transport aérien est, à ce jour, le plus polluant, selon plusieurs orga­nisations écologistes. Selon Réseau Action Climat France, par exemple, ses émissions équivalent à environ 5 % des émissions de CO2 soit presque deux fois plus que ce qu’in­diquent les compagnies aériennes. Toujours est-il que derrière la bataille de chiffres se cache la vraie question des émissions polluantes liées au transport… et le constat que la route n’est pas la seule en cause, loin de là. Y compris face à l’éventualité d’une écotaxe. Eh bien, justement, celle-ci est réclamée par huit associations de défense de l’environnement signataires d’une lettre ouverte au Président Macron. Suivie d’une deuxième lettre signée par toutes les fédérations du TRM (hormis l’OTRE). D’un côté, on demande la fin de la niche fiscale dont bénéficie celui-ci. De l’autre, on se braque en rappelant la part de responsabilité réelle du transport routier dans l’ensemble des émissions. Certes, rappelle cette lettre, la quasi-totalité de l’acheminement de marchandises se fait par la route. Et c’est justement le problème que soulèvent les ONG. Il est vrai, cependant, que l’effort consenti par l’industrie et par les transporteurs pour « rouler propre » a été consi­dérable et n’a pas fini de se déployer. Il serait temps de res­ponsabiliser davantage les consommateurs, trop souvent en proie à une frénésie d’achats qui induit fatalement une multiplication de véhicules en cir­cu­lation. S’il ne s’agit pas d’arriver à la honte dêtre livré par un camion ou un fourgon, le fly­gskam pose la vraie question du choix conscient des citoyens. Et revendiquer une nouvelle taxe qui pèserait seulement sur les transporteurs n’est pas la solution. Il ne faut pas oublier que les transporteurs répondent à la demande qui émane de leurs donneurs d’ordres – d’où le sens du projet d’Éco-transport qui étend la notion de coresponsabilité au choix du mode de transport. Celle-ci, défendue par l’OTRE, a récemment séduit des députés LREM. Il faut espérer que le débat parlementaire sur la LOM soit suffisamment éclairé.

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