Toyota est dans les starting-blocks. Dix camions à hydrogène T680 développés par le constructeur japonais, conjointement avec le constructeur Kenworth Truck, prendront du service dans la région de Los Angeles, à des fins de tests grandeur nature à la fin de l’année. Ces camions à zéro émission ont été développés par les deux constructeurs dans le cadre d’une subvention accordée par le California Air Resources Board (CARB) en vue de promouvoir le fret à émissions quasi-nulles. Les dix camions seront notamment chargés de livrer les véhicules de la marque vers les ports de LA et Long Beach. Trois véhicules circuleront pour le compte d’UPS ; trois autres pour le compte de Total Transportation Services. Un camion sera remis à la compagnie Southern Counties Express. « Le domaine idéal des véhicules électriques entièrement fondés sur les piles à combustion va du bus à la semi-remorque en passant par la camionnette de livraison, explique Stephan Herbst, General Manager chez Toyota Motor Europe. Pour résumer notre stratégie, on peut dire que tout ce qui circule aujourd’hui à l’essence passera au moteur à batteries électriques, et que tout ce qui fonctionne au diesel passera à la technique des piles à combustible. » Pour le groupe japonais, les bus et camions de l’avenir fonctionneront donc à l’hydrogène.
« Les systèmes de route électrifiés et les piles à combustible à hydrogène sont pour l’instant les technologies les plus prometteuses en vue de parvenir à un fret propre », souligne le Forum international des transports dans sa revue annuelle diffusée lors de la rencontre de Leipzig. Plusieurs scénarios sont envisageables selon l’ITF. La technologie des piles à combustible pourrait notamment prendre le relais lorsqu’un poids lourd s’apprête à quitter le réseau d’autoroute électrifié. « La technique des piles à combustible à hydrogène marche déjà bien pour les voitures et pour les bus, souligne Markus Bachmeier, directeur Solutions à l’hydrogène de Linde Group. Pour l’instant, les ferries, camions et véhicules de livraison se trouvent en phase de développement. Les gros ferries, avions et tracteurs en sont au stade de la recherche. » La technologie repose sur des piles à hydrogène combinant ce gaz avec de l’air pour produire de l’électricité. Les seules émissions sont « de l’eau potable », qui s’écoule du pot d’échappement, insiste Linde. L’électricité alimente les moteurs électriques pour déplacer voitures ou camions, tout en chargeant les batteries au lithium qui augmentent l’autonomie des véhicules. Le Kenworth T680 conçu avec Toyota possède une autonomie de 480 km.
Les maillons faibles de la filière à hydrogène se trouvent pour l’instant du côté des stations-service et du coût élevé des véhicules. « En quelques minutes, votre véhicule a fait le plein, là où les voitures à batteries électriques sont immobilisées pendant un temps beaucoup trop long pour se recharger », s’enthousiasme Jorgo Chatzimarkakis, secrétaire général d’Hydrogen Europe. En Allemagne, on compte pour l’heure 70 stations et 310 en Corée. Mais seulement 5 points d’approvisionnement en Californie, malgré un développement rapide du nombre de ces stations. « Les stations que nous livrons doivent pouvoir approvisionner voitures et bus, insiste Markus Bachmeier. La technologie est là, mais la route est encore longue avant de parvenir à un usage de masse. » En Allemagne, le gouvernement fédéral, les constructeurs et l’Union européenne travaillent à un plan ambitieux pour installer des stations le long des autoroutes et dans les grandes villes. La construction de 400 stations à hydrogène est prévue d’ici à 2023 (100 d’ici à l’année prochaine). Selon Linde, 1 000 stations seraient nécessaires pour une couverture de l’ensemble du territoire allemand. Soit un investissement de 1,7 milliard d’euros. En attendant, les projets se bousculent. La filiale StreetScooter de DHL – qui s’est lancée dans la construction de véhicules propres – vient d’annoncer vouloir lancer l’année prochaine son « H2 Panel Van », un véhicule à hydrogène de 4,25 t capable de parcourir 500 km. Cent véhicules ont été commandés par la filiale de la poste allemande. Il n’est pour l’instant pas prévu de livrer des tiers. La poste allemande prévoit d’atteindre le niveau de zéro émission d’ici à 2050.