Pas besoin d’être un spécialiste en haruspiscine – une formule empruntée à Jean-Emmanuel Mongnot, le Dg Transport de XPO Logistics France cf. p. 18) – pour lire dans les travées du nouveau Parlement européen au sein duquel les Verts s’apprêtent à prendre toute leur place (la troisième) à la table des principaux partis européens. Pas besoin donc d’être un spécialiste en haruspiscine pour affirmer que les résultats du dernier scrutin européen n’augurent rien de bon pour le TRM. Un peu partout en Europe, les Verts ont enregistré des scores en progression, principalement en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Belgique et en Irlande. Jamais campagne électorale n’a autant mis le vert au centre du jeu. Entre les engagements de convictions et ceux de pur opportunisme électoral, le tsunami de l’écologie a noyé les autres sujets (chômage, fiscalité…). La biodiversité, l’avenir des espèces animales, le réchauffement climatique figurent au centre des préoccupations des populations. La qualité de l’air également. Depuis plusieurs années, la chasse aux émissions de CO2 est lancée. Les industries de l’automobile et des véhicules industriels planchent avec frénésie sur les carburants alternatifs. Les contraintes réglementaires pleuvent. Pour les camions, à partir de 2025, les émissions de CO2 des nouveaux véhicules immatriculés dans l’Union devront être inférieures de 15 % à celles de 2019, et d’au moins 30 % en 2030. Dans les grandes villes françaises, les transporteurs devront, par ailleurs, s’adapter à la mise en place de ZFE (zones à faibles émissions), comme déjà à Grenoble ou Lyon. Un signe : dans les huit principales agglomérations de l’Hexagone, EELV (les Verts) est arrivé en deuxième position du dernier scrutin à l’exception de Marseille et Nice (3e). La pression rique de s’accentuer sur les « putains de camions », pour reprendre le titre accrocheur d’une émission récente d’Arte sur la pollution et la congestion en Europe. Les discours anti–camions risquent de fleurir et les nouvelles contraintes aussi… Les villes, les Régions, vont devoir rendre des comptes à des électeurs sous pression écologique. Le camion – ce mal nécessaire, comme s’auto-proclame le TRM français – est responsable pour 36 % des émissions de CO2 dans le monde, selon le dernier Forum international des transports qui s’est tenu à Leipzig (p. 16). L’alternative ? Elle résiderait dans la promotion des éco-combis, selon divers intervenants du Forum. Comme en Finlande, en Australie, en Allemagne ou aux Pays-Bas. Dans ces pays, « ces camions ont contribué à réduire les émissions de CO2, à limiter l’engorgement des routes et à réduire les coûts de transport », affirme un participant au Forum.
Éditorial