Du concret ! C’était l’axe autour duquel s’articulait la conférence dédiée aux thématiques de la blockchain et de l’intelligence artificielle intitulée « Au-delà de la hype, quelles applications en logistique ? ». Pour exposter le champ des possibles, on a fait appel à des industriels comme Engie, ou au groupe La Poste, afin d’obtenir des retours d’expériences. Philippe Marques, responsable produit chez l’éditeur de logiciel a-SIS, du groupe Savoye, prenait également part aux échanges, et déclarait en préambule : « Il est obligatoire de se concentrer sur des cas d’utilisation, et non juste sur des technologies. Depuis quelque temps, nous sommes capables de stocker davantage de data, constituant un ensemble d’infos phénoménal, que nous savons capter à très bas niveau (IoT). L’enjeu est de s’appliquer à trouver de nouveaux cas d’utilisation. » C’est en substance la démarche qu’a réalisée le groupe La Poste avec l’accompagnement d’Ownest. Le groupe souhaitait développer une solution pour les touristes, non-clients de La Poste, confrontés à des contraintes d’emport de sacs, d’agressions, de douane, etc. Il cherchait donc une offre intéressante et l’idée a germé de laisser aux magasins le soin d’expédier les colis. Cela soulève alors différentes questions : la responsabilité, le tracking colis dans l’outil de La Poste (en l’absence de facteur), l’intervention d’intermédiaires (concierges, etc.). Alexandre Berger, directeur des produits supply chain de La Poste, s’interroge : « Comment faire en sorte que tout le monde s’entende sur la chaîne de valeur alors que les intérêts sont divergents ? ». Une banque de données partagée poserait un souci de gouvernance, là où le modèle de transaction blockchain semble un outil adéquat pour son impartialité, sa décentralisation ou encore sa disponibilité pour des sujets de supply chain internationale.
Clément Bergé-Lefranc, CEO d’Ownest, rappelle d’ailleurs : « Le protocole blockchain crée un mécanisme de consensus. Il s’agit d’un système qui s’autocomplète et qui sécurise. Cela a du sens ici. Cependant, on s’interroge toujours en amont sur l’enjeu de la réelle nécessité d’utiliser la blockchain. » Le message est clair, la pertinence du choix prime sur le simple désir d’utiliser une technologie. Et Manuel Davy, CEO et fondateur de Vekia, d’abonder en ce sens : « Lorsque l’on réfléchit à des cas d’usage implémentant de l’intelligence artificielle ou du machine learning, on doit d’abord se demander pourquoi, quelle valeur ajoutée on apporte. L’autre point à surveiller étant la qualité et la disponibilité de la data. » La collaboration que le spécialiste de l’IA mettait en avant concernait pour sa part Engie Home Services. Pour cet acteur de la maintenance et de la réparation, l’enjeu consiste à éviter les ruptures de stock au sein de ses 200 agences et 3 300 véhicules. Ainsi, l’intelligence artificielle met en place des systèmes prédictifs afin d’assurer non seulement la disponibilité des stocks, mais également celle des techniciens, ainsi que des savoir-faire (tous les techniciens ne disposent pas des mêmes qualifications). « On peut automatiser de bout en bout 80 % des décisions d’approvisionnement », déclare Manuel Davy. La gestion du planning peut aussi compter sur la puissance des algorithmes. Le futur de l’aide à la décision ? Son présent, répondent les intéressés…