ÉRIC HÉMAR : En fait, les deux sont un peu liés… Mon idée va consister à avancer très vite sur la mission, le sujet TLF n’étant pas prévu avant la mi-mars. Cela rejoint effectivement la mission car nous aurons pour ambition d’être un acteur clé de la relance de la compétitivité de la filière logistique française. Nous ne sommes pas dans des mondes opposés. Si, de plus, nous trouvons de bonnes idées au cours de cette mission, elles pourront être utilisées dans le cadre de la réflexion TLF.
E. H. : Ce sujet de mission compétitivité était déjà dans les tuyaux sous le gouvernement précédent à l’époque de ce que l’on a appelé dans le domaine industriel (aéronautique, automobile…) les contrats de filière. Il avait alors été question de les étendre à des secteurs de service. J’avais été sollicité avant que les élections ne viennent bousculer les différents sujets sur la table. Il est revenu sur le haut de la pile en début d’année.
E. H. : Oui, c’est un peu mon sujet. Il s’agit de savoir comment la filière logistique française peut – dans un contexte de montée en puissance des flux logistiques en Europe centrale – réussir à ne pas perdre, mais surtout gagner en compétitivité. Il y a un vrai challenge.
En l’état actuel de performance, nous sommes devancés par les filières logistiques d’Europe du Nord (Allemagne et Benelux). Dans les classements de la Banque mondiale, la France ne pointe qu’au 16e rang avec la prise en compte d’une Europe de plus en plus intégrée en termes de flux de marchandises. Potentiellement, avec un territoire français plus excentré, l’urgence de revenir à une compétitivité de la filière logistique devient important.
E. H. : Il y a eu déjà des travaux sérieux et bien documentés, tels que ceux de France logistique 2025, sur les forces et faiblesses de la filière. Quelque part, cette mission – en tout cas, c’est comme cela que nous l’avons comprise avec Patrick Daher – va consister à faire émerger des mesures opérationnelles à relativement court terme pour remonter au classement de la compétitivité de la filière logistique. Les deux ministres qui nous missionnent (Bruno Le Maire, ministre des Finances, et Élisabeth Borne, ministre des Transports, Ndlr) attendent des préconisations sur les leviers opérationnels pour atteindre cet objectif de remontée.
E. H. : Ces sujets sont compliqués car interdépendants de beaucoup de choses. À l’échelle d’une filière logistique, il faut se projeter – en matière de compétitivité – sur de l’amont et de l’aval, des industriels et des consommateurs…
E. H. : Oui, mais notre propos vise à se projeter sur la chaîne dans son ensemble même si l’élément portuaire joue un rôle important.
E. H. : Exactement, il est question de route, de ferroviaire, de port, de plateformes logistiques, de positionnement, de problématique numérique (importante), de filtre d’informations (notamment sur les sujets dédouanement), de formation des hommes… Peut-être également une meilleure compréhension des enjeux du métier de la chaîne logistique au niveau des différents partenaires (collectivités locales et autres).
E. H. : Patrick Daher apporte une vision très complémentaire de celle que je peux avoir à travers ID Logistics (tourné vers la grande consommation et l’e-commerce) puisqu’il est davantage orienté, lui, vers les problématiques industrielles (notamment au travers du tropisme de l’aéronautique). Si bien que lorsque nous échangeons tous les deux, nous avons une vue qui embrasse un scope assez large.
Nous avons, en outre, la chance de compter parmi nous deux hauts fonctionnaires à notre disposition pour cette mission. TLF a également dégagé une ressource en la personne de Jean-Philippe Labaronne (directeur délégué au pôle Supply Chain). Nous formons in fine un petit groupe de cinq responsables et nous commençons à rencontrer un certain nombre de personnalités et d’experts pour avancer dans notre mission.
Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR
« Nous accueillons positivement cette relance des travaux sur la logistique, en prolongement de ceux engagés sur France logistique 2025 auxquels nous avons contribué mais qui sont restés en suspens. Nous attendons de cette mission qu’elle fasse reconnaître la logistique et le transport comme des secteurs clés de l’économie. Et qu’elle fasse prendre conscience du non-sens qu’est la requalification des entrepôts logistiques en entrepôts industriels, fiscalité à l’appui. Les pouvoirs publics doivent comprendre que le secteur de la logistique est créateur d’emplois et qu’il peut constituer un véritable facteur d’attractivité pour les territoires. »
Aline Mesples, présidente de l’OTRE
« Une initiative intéressante et utile pour renforcer les capacités de la France en offres logistiques sous-exploitées alors que nous possédons une position centrale en Europe et une façade maritime très favorable. Je fais confiance aux deux dirigeants désignés pour apporter leur savoir-faire. Simplement, je tiens à soulever deux points de vigilance : il est important de distinguer la logistique entreposage et la logistique transport. La logistique au sein de notre branche ne se limite pas à l’entreposage et aux grandes entreprises spécialisées dans ce domaine. La logistique transport, celle qui correspond à nos adhérents, ne doit pas être oubliée des débats et des travaux. Le transport routier français et ses PME doivent bénéficier de ce plan d’action et de la juste répartition des actions entre grandes agglomérations et territoires moins favorisés. Nous sommes à la disposition de la mission si nécessaire. »