« En finir avec les camions polluants. » C’est en ces termes que la Commission européenne a accueilli l’accord (provisoire) conclu le 18 février, entre le Parlement et le Conseil européens. De quoi s’agit-il ? D’un texte qui pose le cadre de normes strictes pour les émissions de CO2 des camions, un peu plus d’un mois après celui fixant les nouvelles normes d’émissions de CO2 applicables aux automobiles et aux camionnettes dans l’Union européenne. L’objectif est le même pour tous les industriels de la mobilité : tendre vers la neutralité climatique dans la seconde moitié du siècle. Et vers une mobilité à émissions nulles. Un ambitieux et noble projet qui devra mobiliser toutes les énergies, notamment celles des politiques. Emmanuel Macron est perçu par les écologistes français comme un dirigeant « mou » en matière de transition écologique, ce qui lui a valu le départ de Nicolas Hulot, son ex-ministre de l’Écologie. Ce sont donc les textes européens qui feront le travail : « La nouvelle législation aidera les États membres à atteindre leurs objectifs en matière de réduction des émissions », peut-on lire dans le communiqué de la Commission européenne. Ce qui s’appelle « se faire prendre par la main verte ». Ainsi, en 2030, les émissions des camions neufs devront être de 30 % inférieures à celles de 2019. Parmi les constructeurs européens, nombreux sont ceux qui – tout en s’engageant, qui sur le gaz, qui sur l’électrique, qui sur les deux sources d’énergie en plus de l’hybride – déclarent prêter encore « un avenir certain au diesel Euro VI++++ ». Il va leur falloir, dès lors, doper à la puissance XXL leurs investissements dans les futures motorisations liées à ce carburant. Les « crânes d’œufs » de Bruxelles ont tout prévu, budgété même, puisque, selon eux, les transporteurs dégageront des gains de consommation de carburant à hauteur de 25 000 euros sur cinq ans. Les constructeurs sont également invités par la Commission européenne à se pencher sur la conception de « camions plus aérodynamiques ». La noble institution va même jusqu’à assurer qu’elle mettra en place « un plan d’action pour les batteries, qui contribuera à créer un écosystème de batteries compétitif et durable en Europe ». Comme si elle avait déjà fait son choix en matière d’énergie alternative… En tout cas, l’accord du 18 février est provisoire. Il doit être approuvé par le Parlement européen et le Conseil. Avant publication au Journal officiel de l’Union européenne …
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