La photographie du marché de la température dirigée que présente le pôle d’expertise sectorielle du groupe Les Échos dans son enquête se révèle plutôt lumineuse. Ainsi, ce marché évalué à 6,4 milliards d’euros (6 Mds pour l’alimentaire et 0,4 Md pour la santé), reste l’un des plus dynamiques avec + 4 % de taux moyen annuel de croissance entre 2014 et 2017.
En position de leader dans l’alimentaire depuis plusieurs années, STEF a vu ses parts de marché s’éroder depuis 2014, mais a fortement renforcé sa rentabilité, selon l’enquête. Avec 25 M€ de gains d’EBIT entre 2014 et 2017, STEF pèse 75 % de la création de valeur du marché. L’entreprise a développé des stratégies de développement offensives, à la fois en organique et via des acquisitions et alliances, mais les positions des acteurs bougent depuis quatre ans. Ainsi, Delanchy ou Guidez, ainsi que des PME comme Verbeke ou Lucas Europe affichent des rentabilités très supérieures à la moyenne du marché. À l’inverse, certaines entreprises connaissent encore des difficultés, à l’instar de G7 Transport, en redressement judiciaire. L’étude souligne néanmoins que les acteurs qui s’en sortent le mieux sont les deux extrêmes : ETI et TPE, en raison des impératifs de taille critique et d’implantation locale. Des entreprises comme Maury Primeurs, Lucas Europe ou encore Verbeke, qui réussissent à s’implanter solidement dans leur région, peuvent densifier leur maillage territorial et atteindre un niveau de rentabilité satisfaisant (résultat d’exploitation/chiffre d’affaires supérieur à 5 %). Quant à l’ETI et la grande entreprise, elles s’appuient à la fois sur un réseau local dense (parfois par sous-traitance à des TPE bien implantées), et sur un réseau national de traction optimisant l’économie globale du groupe. À noter que dans la santé, l’enquête fait ressortir la domination de Heppner, Eurotranspharma et les filiales de Chronopost et Star Service. Car les marchés de la biologie médicale et des produits sanguins labiles bénéficient de fortes barrières à l’entrée compte tenu de leur modèle logistique (tournées dédiées, exigences fortes de contrôle des températures, etc.).
Dans la filière alimentaire, l’étude augure que le marché du transport sous température dirigée devrait peser 9,5 milliards d’euros en 2025 ! Les auteurs prévoient une croissance moyenne annuelle de + 4 % jusqu’à 2021, puis + 2 % de 2021 à 2025 : le frais aura alors atteint son ancrage « de croisière » dans les linéaires du retail alimentaire et dans les secteurs de la restauration. Une part très significative de la croissance sera captée par des flux de colis, qui domineront progressivement les flux de palettes. Par ailleurs, le déploiement progressif d’une offre de transport sous température dirigée en colis et en express, ainsi que le développement d’offres de service logistique du premier kilomètre, inciteront davantage de producteurs à vendre en circuit court, mais ceci se fera au détriment du circuit long : donc, davantage de volumes pour les transporteurs à fort ancrage territorial et en flux de colis, mais probablement moins de palettes et de traction. Globalement, en prenant comme hypothèse une croissance à + 2 % des autres filières (fleurs, électronique…), le marché du froid devrait atteindre 8,5 milliards d’euros à l’horizon 2021, et 10 milliards en 2025.
Malgré les fortes pressions sur les prix que subissent les transporteurs, le potentiel de croissance de la température dirigée en fait un marché attractif, même si cela ne doit pas masquer les défis qui attendent les prestataires, notamment au niveau de la mutation de la logistique urbaine désormais tournée vers la transition énergétique.
* Les Échos Études est le pôle d’expertise sectorielle du groupe Les Échos, spécialisé dans la réalisation d’études de marché, d’analyses concurrentielles et de diagnostics d’entreprises.