Ils pèsent sur le cours des choses avec une efficacité redoutable ces Gilets jaunes. Ils sont entre 60 000 et 80 000, pas plus, chaque samedi, à battre le pavé sur tout le territoire, d’acte en acte. Le douzième se profile ce samedi, comme une nouvelle série Netflix de laquelle on ne pourrait plus décrocher… Il est tout de même incroyable qu’en étant à peine 80 000 dans la rue, les amis d’Éric Drouet (un conducteur routier), Maxime Nicolle and Co provoquent une telle cacophonie au plus haut sommet de l’État et sur l’activité économique. Toutes choses égales par ailleurs, on avait dénombré plusieurs centaines de milliers de personnes dans la rue au moment du vote de la loi El Khomri sous François Hollande, ainsi que, plus récemment, au moment de la promulgation des ordonnances Macron sur la réforme du travail. Deux réformes passées comme une lettre à la poste. Là, au plan politique, il est question de grand débat national, après un mois de décembre au cours duquel l’État n’a pas rechigné à ouvrir son porte-monnaie pour la France d’en bas qui travaille (et les retraités) au grand désespoir des tenants de la rigueur budgétaire. On verra ce qui sortira de la consultation XXL qui se déroule, visiblement avec un succès certain, dans les villes, les quartiers et les campagnes de France. 1 à 0 pour les Gilets jaunes. On n’ira pas jusqu’à leur accorder un 2 à 0 mais, tout de même, on sait aujourd’hui avec une quasi-certitude que leurs actions ont pesé et pèsent encore sur l’économie française. La croissance 2018 n’a pas dépassé 1,5 %, loin des 2,3 % de 2017. La conjoncture internationale n’explique pas tout. On sait aujourd’hui que les actions de blocage des Gilets jaunes entamées le 17 novembre dernier ont coûté quelques dixièmes de points à la croissance de l’économie française en 2018, mais également depuis le début de cette année. « Nous étions sur une bonne dynamique mais les blocages routiers et les violences dans les villes ont pesé sur la consommation depuis le début des événements », nous confie ce transporteur drômois. Comme le relève la FNTR dans sa dernière lettre de conjoncture, « la crise des Gilets jaunes n’est pas étrangère à la baisse des résultats ». Le TRM a subi de plein fouet ce quatrième trimestre qualifié de « calamiteux » par l’institut d’études économiques Xerfi. Pas loin de 2 Md€ de pertes de chiffre d’affaires pour le secteur, ont estimé les fédérations professionnelles. FNTR, TLF, OTRE et UNOSTRA ont frappé à la porte du gouvernement pour demander des mesures de compensation ou d’accompagnement. Avec efficacité si l’on en croit les annonces qui viennent d’être faites par la ministre des Transports, Élisabeth Borne, et par la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher (cf. actu-transport-logistique.fr). Un acte I du gouvernement envers le TRM qui en appelle d’autres…
Éditorial