Les dirigeants du TRM ne manquent pas de fers au feu au volant de leur entreprise. Il leur faut non seulement composer avec la réglementation, s’adapter au plus près à l’évolution de la demande de leurs clients et tenir leur rang, celui de leur entreprise, dans un paysage commercial toujours plus concurrentiel. Il convient également, en interne, de gérer l’humain. Cette ressource rare que tant de dirigeants d’entreprises et de groupements vantent à longueur d’entretiens. Exercice peu évident lorsqu’on l’aborde sous le spectre de la relation exploitant/conducteur. Les clients, parfois sans vergogne avec ce dernier, porteraient – ce sont les transporteurs qui l’affirment – une responsabilité non négligeable dans la liste des maux qui minent son moral. La congestion routière également, les découchés sans doute aussi… Mais il y a également cette relation exploitant/conducteur – véritable épine dorsale dans l’entreprise – qui grippe les systèmes. Qui prend aussi toute sa part dans le désamour de conducteurs qui jouent sans modération de cette très controversée disposition de la convention collective leur permettant de changer de volant en l’espace de seulement une semaine de temps. Posté entre le marteau et l’enclume, l’exploitant n’occupe pas une position confortable. Il lui faut à la fois « gérer » un client exigeant et un conducteur avec lequel il doit jouer sur le registre de la bienveillance. Pas évident dans des salles d’exploitation transformées au fil du temps, dans certaines entreprises, en véritables salles de marché avec leur lot de stress et de nervosité. À l’autre bout se trouve le chauffeur, parfois, souvent, malmené. Ils sont nombreux, aujourd’hui, les transporteurs à prendre la mesure de cette nécessité d’« humaniser » leur exploitation. L’un d’entre eux nous faisait récemment cette confidence en ces termes. Il n’est pas question, là, d’évangéliser la « team exploitation »… Non, on lui demande simplement – ce sont des exploitants eux-mêmes qui nous l’ont dit au détour d’un séminaire – de dire « bonjour » au conducteur qui se présente dans la salle, de partager avec lui deux mots de convivialité, le tenir informé de la marche des dossiers, le valoriser dans son travail, le féliciter, « pointer son appartenance à un collectif ». Exploitant, une fonction qui suppose beaucoup d’agilité, de maîtrise, de diplomatie. Les groupements de PME du TRM l’ont compris, qui montent des séminaires dédiés à un métier qui lui aussi, commence à souffrir des affres de la pénurie de main-d’œuvre. À l’heure où les dirigeants se sont engagés dans une opération XXL de réfection de la façade du secteur en brandissant leur marque employeur à bout de bras, « humaniser » la relation exploitant-conducteur n’est pas un luxe.
Éditorial