Le mouvement des Gilets jaunes a fait prendre conscience du désamour (désaveu ?) des Français envers les corps intermédiaires. La preuve – parmi d’autres – ce grand débat national voulu par Emmanuel Macron sous la pression de la rue, une rue sans banderoles syndicales d’aucune sorte. On doit aux Gilets jaunes d’avoir fait reculer le gouvernement sur la mise en place prochaine d’une taxe PL. Tout comme on doit aux Bonnets rouges d’avoir poussé Ségolène Royal, l’ex-ministre de l’Écologie de François Hollande, à suspendre puis annuler le projet d’écotaxe en 2014… Dans les régions, certaines organisations patronales voulaient en découdre, le national ne l’a pas souhaité, les Bretons ont « fait le job ». Un transporteur présent à la table ronde commente : « Le syndicat patronal actuel constitue surtout une bonne source d’informations mais je constate une carence dans la représentation de notre métier. Je ne me sens pas bien défendu. » Un autre confirme : « Entre FNTR, TLF et OTRE, il y a des sensibilités différentes. On a besoin du lobbying parisien mais également de la pression exercée par les régions. » Un troisième enchaîne : « Chez TLF, il y a des chargeurs et des logisticiens qui n’ont pas les mêmes intérêts que les transporteurs. » Ce dirigeant estime que la profession « manque d’une figure emblématique » et que « le secteur ne peut pas se plaindre de son image et ne rien faire ». Il a beaucoup été question du poids des lobbys dans le processus de décision au moment de la démission, à l’été dernier, de Nicolas Hulot, l’ex-ministre de la Transition écologique. Les adversaires du TRM, dans les débats sur l’écologie, le pointe souvent du doigt en le qualifiant de « lobby routier ». Est-ce véritablement le cas ? « Ils arrondissent les angles mais ne font pas d’équerres », précise l’un des participants. « Il existe un déficit de communication sur notre rôle dans l’économie. Pourtant, avec la vidéo, on peut réussir de grandes choses et décrocher des millions de vues sur Internet », souligne ce transporteur.
Ce transporteur pense que « les fédérations campent davantage dans la séduction des institutions ». L’un de ses collègues estime que les fédérations doivent surfer sur la conjoncture actuelle propice au transport pour faire avancer sa cause. « Il faut du sang neuf, de nouvelles idées », selon lui. Ce dirigeant salue, de son côté, le rapprochement FNTR-TLF qui « est un signal fort pour peser sur le cours des choses ».
Cet autre transporteur pense, pour sa part, que les organisations patronales jouent un rôle actif et efficace dans la défense des intérêts du secteur à l’échelle européenne. « Elles parviennent à infléchir certaines décisions. On l’a vu sur le cabotage, les temps de conduite. C’est bien. » Les transporteurs présents au Club de l’OT ne manquent pas d’idées pour redorer le blason du TRM, pallier son déficit d’image et d’attractivité. Une participante remarque : « Pour toucher le public, il faudrait faire une télé-réalité ou réaliser une émission sur Internet dans le genre Top Chef. » À l’heure où la profession se prépare à lancer une campagne de communication d’envergure, ce chef d’entreprise pense que « la campagne devrait être à l’initiative de constructeurs car une fédération de transporteurs ne peut être juge et partie ».
L’un des participants dénonce le paysage éclaté de la représentation patronale : « Je trouve que l’OTRE évolue un peu trop dans la marginalisation, et que la FNTR et TLF sont un peu éloignées du terrain. C’est débile d’avoir trois fédérations. » Lui ne partage pas le même avis : « FNTR/OTRE dans le TRM, c’est comme Medef/CPME dans l’économie. Cela a un sens qu’on en ait deux. » À condition, pense un participant, que l’on « cesse avec les ego, des deux côtés, qui nuisent ». Et puis, il y a ce dirigeant qui, lui, jette un pavé dans la mare des transporteurs : « Ils n’adhèrent pas aux fédérations, c’est désolant ! Et, parmi les adhérents, peu s’impliquent. »