Il avait la mine grave, Pierre Moscovici, ce 14 janvier, au moment de présenter ses vœux à la presse. Pour sa dernière cérémonie en tant que commissaire européen aux Affaires économiques et financières, il a évoqué les incertitudes politiques qui planent sur l’issue des prochaines élections européennes. Le Brexit et les nouveaux rapports de force politiques – sur fond de montée en puissance du populisme – qui émergeront du scrutin le rendent pessimiste. Il sera temps, alors, de se demander, a-t-il dit, si « on poursuit la construction de l’Europe, ou si on l’arrête » En revanche, sur le front de l’économie, Pierre Moscovici s’est montré beaucoup plus enthousiaste, affichant une volonté de « laisser la maison en ordre pour nos successeurs ». Selon le dirigeant européen, l’économie mondiale reste globalement bien orientée et celle de la zone euro demeure « forte et solide ». Bonne nouvelle pour les transporteurs, qui surfent sur une économie française euphorique depuis 2016 : les prévisions de croissance établies pour 2019, et même jusqu’à 2020, demeurent inchangées. Certes, l’économie française sera sous surveillance, car Bruxelles attend qu’elle réduise son déficit budgétaire pour le ramener sous la barre des 3 % du PIB. « Mosco » a également confirmé la volonté de la Commission européenne de poursuivre son action sur la voie de la convergence des économies et dans la mise en place de conditions favorables à la compétitivité. À la question de savoir si le chantier de la compétitivité des économies ouest-européennes vis-à-vis des pays de Visegrád était, selon lui, bien engagé dans le cadre des négociations sur le paquet Mobilité, le commissaire européen a botté en touche, renvoyant à Violeta Bulc, la commissaire aux Transports. Il est pourtant question d’économie… Sujet trop sensible, circulez ! Le lendemain, c’était au tour de Bruno Le Maire de prononcer ses vœux à la presse. Le ministre de l’Économie a rappelé la détermination du gouvernement à transformer les PME en ETI et à accompagner la nécessaire digitalisation de l’économie française. Celle-ci continue d’afficher des indices au vert dans quasiment tous les secteurs. Celui des travaux publics vire au vert foncé pour encore quelques années. Les immatriculations de véhicules lourds dans ce secteur vont bon train. C’est ce que révèle la dernière étude de l’OVI (Observatoire du véhicule industriel) dont nous publions le compte rendu dans ce numéro. En 2018, on a recensé l’immatriculation de 55 000 véhicules lourds en France, un niveau jamais atteint depuis l’avant-crise des subprimes en 2008. Les constructeurs se frottent les mains. Pas impossible que les instigateurs de la campagne de communication en préparation pour la promotion du TRM aient une pensée pour eux au moment de constituer la cagnotte…
Éditorial