La défaillance après une expansion effrénée

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Prestations extérieures impayées, cartes carburants refusées ou encore salaires versés avec plusieurs mois de retard. Lancé dans une stratégie d’expansion effrénée depuis 2016, l’organisme de formation Ifrac voit ses sites fermer les uns après les autres depuis la rentrée 2018.

« Un immense gâchis », déplore Marc Bougaut, formateur depuis dix-huit ans dans l’entreprise et délégué du personnel des sites de Centre-Val de Loire pendant quatre ans. Après la fermeture des sites de formation Ifrac d’Arras et Aix-en-Provence en septembre, les quatre sites de Centre-Val de Loire ont été liquidés le 26 octobre [Bourges (18), Déols (36) et, Mainvilliers (28)] et le 27 novembre [Parçay-Meslay (37)]. Les trois derniers sites de l’organisme de formation (Pantin, Le Blanc-Mesnil et Clairoix) se trouvent quant à eux placés en redressement judicaire depuis le 5 novembre.

L’ampleur des difficultés de l’organisme de formation Ifrac a été révélée fin octobre, lorsque les entités de Centre-Val de Loire, regroupant 62 salariés en septembre 2018, se sont vu contraintes d’annuler leurs programmes en urgence. D’après l’analyse de la situation de cessation de paiement menée lors du redressement judiciaire prononcé le 2 octobre, les difficultés financières auraient commencé au mois d’avril, avec de nombreux impayés auprès des fournisseurs des sites de la région. « En septembre, des formateurs ne pouvaient plus travailler par manque de gazole, mais aussi de matériels que refusaient de nous fournir des loueurs. Cette situation a créé un effet boule de neige, témoigne Marc Bougaut, qui est désormais secrétaire du Comité social et économique (CSE) mis en place pour la liquidation. Nous avons perdu l’un de nos grands clients, Pôle emploi, fin septembre, puis la Région fin octobre. L’état de cessation de paiement a duré trop longtemps. On aurait peut-être pu rattraper la situation au mois de juillet, voire début septembre, mais c’était trop tard. » L’entreprise aurait à déplorer un passif estimé à 3,2 M€. Le 26 octobre, les unités de Bourges, Déols et Mainvilliers ont cessé leurs formations. Le plus grand centre, situé à Parçay-Meslay, a poursuivi son activité jusqu’au 14 décembre. Le personnel a été salarié jusqu’au 10 janvier selon les termes du contrat de sécurisation professionnelle (CSP). Deux repreneurs potentiels qui s’étaient manifestés en novembre 2018 ont jeté l’éponge face à l’insuffisance et à l’incohérence des documents du dossier. La plupart des stagiaires ont pu passer leurs examens ou trouver un autre établissement pour poursuivre leur formation. Certains, engagés dans des formations longues, restent encore sans solution.

Une trentaine de salariés répartis sur les derniers sites, Pantin, Le Blanc-Mesnil et Clairoix, se trouvent toujours dans l’incertitude depuis le placement en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny le 5 novembre. Pour une dizaine d’entre eux, l’embauche ne date que du mois de mai.

Gestion désinvolte et hasardeuse

Pour Marc Bougaut, les causes de cette chute s’avèrent multiples : une gestion sociale « désinvolte », une gestion commerciale « hasardeuse », des dysfonctionnements dans les gestions économique et sociale ou encore une direction dépassée par un marché trop important par rapport aux moyens du groupe. Créée en 1997 par Danielle Couturier, l’entreprise s’est d’abord limitée aux locaux de Pantin et aux formations en attestations de capacité, qui nécessitent peu d’investissements par rapport aux formations à la conduite comme les Fimo (formation initiale minimum obligatoire). En 2010, la créatrice et dirigeante de l’entreprise cède les rênes à son fils, Raphaël Couturier. Lequel cherche à étendre l’entreprise au-delà du seul siège social, et à diversifier les formations en ouvrant plusieurs sites. Un premier, lancé en 2014 à Aix-en-Provence, se limite au e-learning et à des attestations de capacité. Deux centres au Blanc-Mesnil (93) et à Rungis (94) suivent en mars 2016, avec des offres de formation Fimo et FCO impliquant des investissements. La même année, l’Ifrac reprend la société Forget implantée dans la Région Centre.

Les investissements, contrats avec les fournisseurs et expansions se multiplient jusqu’en mai 2018 alors que les premiers impayés commencent à poindre. Un centre est ouvert à Arras en mars et un bail signé à Montélimar en mai. Le premier a fermé en septembre et une expulsion a été prononcée en octobre pour le second.

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