Les transporteurs voient rouge

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Les professionnels du transport de marchandises ont subi de plein fouet les conséquences des blocages routiers par les Gilets jaunes. Les pertes de chiffre d’affaires se chiffrent en milliards d’euros pour la profession, selon les fédérations professionnelles. Lesquelles ont été reçues le 7 janvier par Élisabeth Borne, la ministre des Transports, qui s’est engagée sur des mesures d’accompagnement.

Le chiffre de 2 Md€ de pertes de chiffre d’affaires n’est pas officiel. Mais il est celui que les organisations patronales du TRM ont brandi, fin décembre, pour évoquer les conséquences des blocages routiers sur l’activité du TRM depuis le début des événements, le 17 novembre dernier. « Nous considérons que le TRM, mais également l’ensemble de la supply chain, a été touché dès la première action, déclare Pascal Vandalle, directeur délégué au pôle terrestre de l’Union TLF. Suite aux consultations que nous avons menées auprès de nos adhérents, nous estimons à 16 % le montant des pertes de chiffre d’affaires entre le 16 novembre et le début du mois de janvier. » Florence Berthelot, la déléguée générale de la FNTR, met elle aussi en avant les pertes de chiffre d’affaires – « nous sommes en train d’affiner les estimations » – mais également les « rentrées commerciales qui n’ont pas eu lieu ». Ces conséquences sur l’activité du transport routier sont disparates d’une région à l’autre. « L’Occitanie, Paca, la Normandie, Bordeaux, Angoulême et Saint-Dizier ont été les zones géographiques les plus touchées », souligne Pascal Vandalle.

Pas besoin d’un dessin pour lister les conséquences liées aux blocages : camions immobilisés, parcours allongés pour les conducteurs qui ont réussi à éviter le blocage et, donc, temps de conduite +++ et consommation de carburant augmentée, ruptures de charge aux passages à quai, recours important aux heures supplémentaires pour les conducteurs, les exploitants et l’encadrement, hausse des prix du gazole lors des achats contraints à la cuve. « Comme il y a eu pénurie de distribution du carburant pour les achats à la cuve, les prix ont augmenté », précise le dirigeant de TLF. On ne mentionnera pas non plus les kilomètres à vide, le décalage provoqué dans les plannings des entreprises où les encours clients qui commencent à gonfler.

Dès le début des événements, TLF a mis sur pied une cellule « mobilisée 7 jours sur 7 », selon Pascal Vandalle. « On échangeait chaque jour avec le cabinet de la ministre et avec la cellule opérationnelle et d’alerte », précise-t-il. Les remontées d’informations en provenance des adhérents (et inversement) ont ainsi permis de faire débloquer certains sites par les forces de l’ordre.

Les fédérations professionnelles du transport routier seront-elles entendues par le gouvernement ? Le 7 janvier, les cinq fédérations du TRM (FNTR, TLF, OTRE, CSD et Unostra) et du transport de voyageurs (FNTV) ont été reçues par Élisabeth Borne, la ministre des Transports, et par Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances. Elles leur ont soumis une palette de revendications (voir par ailleurs).

Pour des mesures fortes

Dans un communiqué publié le même jour, la ministre des Transports et la secrétaire d’État à l’Économie se sont bornées à déclarer – outre les rappels qui n’engagent pas à grand-chose – que « les organisations professionnelles sont associées aux travaux de la cellule de continuité économique ». Les deux ministres ont également indiqué que, dans les régions, le dispositif d’accompagnement est piloté par les Direccte en lien avec les Urssaf et les directions départementales des finances publiques (DDFiP) – en soutien des médiateurs du crédit et des établissements financiers – afin de « trouver les solutions de trésorerie appropriées pour les entreprises fragilisées » (étalement de certaines échéances fiscales et sociales). Pas sûr que ces mesurettes suffisent à atténuer ce que Florence Berthelot appelle « l’onde de choc ». « Nous espérons avoir des réponses plus précises sur un certain nombre de points soulevés lors de la réunion », déclare pour sa part Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’OTRE. Lequel « redoute que beaucoup d’entreprises ne passent pas le cap de 2019 ». Florence Berthelot abonde dans ce sens : « Nous ne nous contentons pas d’effets d’annonce. » La déléguée de la FNTR déclare : « Nous voulons être associés au grand débat national. » De l’avis de Jean-Marc Rivera, « les sociétés ont, depuis le début de l’année, retrouvé de la mobilité et relancé le business ».

Les mesures d’urgence demandées par les fédérations

→ Remboursement accéléré de la TICPE

→ Décalage de trois mois des contrats de leasing ou crédit-bail

→ Sécurisation des contentieux liés à la surfacturation des péages et aux pénalités induites

→ Irrecevabilité des pénalités pour retard de livraison

→ Limitation des effets néfastes des mesures liés au report des échéances sociales et fiscales afin de ne pas pénaliser les entreprises dans leur relation avec les banques et l’Urssaf

→ Création d’un fonds d’indemnisation des pertes d’exploitation pour les entreprises ne disposant pas d’assurances spécifiques sur ce préjudice

→ Neutralisation sur les temps de conduite et de travail pour la période des manifestations. S. B.

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