Cela ne s’invente pas, le nom de sa petite entreprise, GJ Transports, résonne dans l’air du temps. Depuis la toute première action des Gilets jaunes, Gérard Enel bat le pavé parisien chaque samedi. Et, à chaque fois, il se transforme en reporter sur le réseau social Twitter « pour montrer qu’il y a davantage de monde que ce que prétendent les médias ». Ce dirigeant d’une société qui effectue du transport à la demande (ainsi que de la commission de transport) ne compte plus qu’un seul salarié. « Nous étions encore quatre, il y a quatre ans », indique-t-il. Gérard Enel se présente, à travers son engagement, comme un représentant des petits patrons du TRM. Il aurait préféré que « les Gilets jaunes bloquent plutôt les camions étrangers ». Car il est là, son combat à ce passionné de transport : la concurrence déloyale que subit sa profession et que, dit-il, les pouvoirs publics français et européens, sont incapables d’endiguer malgré leurs promesses tout au long de ces dernières années. « Je refuse ce nouveau monde que l’on veut nous imposer », déclare ce dirigeant issu d’un milieu modeste, qui vit aujourd’hui en partie de son modeste revenu de transporteur et de sa pension de retraite. Gérard Enel se souvient que dans les années 2000, il facturait une semi 500 euros pour 200 km et 8 heures de travail. « Aujourd’hui, j’en tire 400 euros, quand c’est bien payé. » À l’évocation du RIC (référendum d’initiative populaire) réclamé par les Gilets jaunes, Gérard Enel attend que « le président de la République écoute la rue. Il faudrait installer au pouvoir des gens issus de la classe moyenne qui porterait la parole des classes populaires, car nos dirigeants sont coupés du monde », souligne ce nostalgique de la TRO qui prône « le retour à un capitalisme industriel ».
Événement
Le transporteur Gilet jaune
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