Les fédérations professionnelles du transport routier l’ont formellement annoncé à leurs interlocutrices, le 7 janvier dernier : elles veulent en être. Les dirigeants des organisations patronales rencontraient ce jour-là Élisabeth Borne, la ministre des Transports, et Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances. Ils ont dressé à leurs interlocutrices un état des lieux de l’incendie qui a endommagé l’exploitation de milliers d’entreprises du TRM depuis le début des actions des Gilets jaunes. Mais FNTR, TLF, OTRE, Unostra et CSD ont profité de l’occasion pour exhorter les pouvoirs publics à leur accorder toute leur place dans le cadre du grand débat national qu’Emmanuel Macron a promis aux Français pour tenter de calmer une rue bouillonnante qui réclame, elle, à cor et à cri, un RIC, le fameux référendum d’initiative citoyenne. Donner la parole au « peuple » n’est pas un exercice banal. Dans l’histoire des institutions de la Ve République, on n’en trouve pas trace, y compris au moment des événements de mai 1968. Cette consultation voulue par le président de la République doit démarrer le 15 janvier et se terminer à la mi-mars. Partout dans les villes, dans les mairies, dans les gares, des stands seront dressés pour accueillir les suggestions, les remarques, les revendications de toutes sortes des Français. Nul doute qu’un grand tri devra être effectué tant l’air du temps est, parfois, à des slogans d’un autre temps… pas si éloigné ! Dans une lettre aux Français qui sera publiée dans la presse et sur les réseaux sociaux dans la semaine du 14 janvier, Emmanuel Macron précisera les contours du grand débat national. Parmi les quatre grands thèmes retenus figurera celui de la fiscalité, que le Président « veut rendre plus compétitive ». Un terrain sensible pour des transporteurs français las de ne pouvoir rivaliser avec leurs concurrents est-européens sur le terrain des charges sociales et fiscales, et sur lesquels plane la menace d’une taxe PL qui viendra abonder de 500 M€ chaque année le budget de l’Afitf, l’organisme qui pilote le financement des infrastructures. Face à la pression des Gilets jaunes, le Président a ouvert la boîte à cadeaux avant Noël. Il faudra bien financer toutes ces promesses et les transporteurs se savent bien placés dans les petits carnets des pouvoirs publics lorsqu’il est question de renflouer les caisses de l’État. Mieux vaut donc pour les fédérations se ménager un strapontin au grand raout du débat national afin de faire entendre leurs voix, y compris sur les thèmes de la transition écologique – celui de « la fin du monde » comme l’ont surnommé quelques éditorialistes en mal d’inspiration. Mais il faudra également porter un œil attentif à la « fin du mois » (autre slogan en vogue) et surveiller la TICPE…
Éditorial