Gardant le cap sur les polluants locaux avec la norme Euro 6D pour tous les camions neufs dès le 1er septembre 2019, assortie d’un contrôle renforcé sur leurs performances durant sept ans ou 700 000 km, l’Union européenne s’attaque aujourd’hui aux gaz à effet de serre (GES) du secteur. Les constructeurs de véhicules industriels sont sommés de trouver de nouvelles solutions pour relever le défi carbone. Dès le 1er janvier 2019, ils devront déclarer la consommation de carburant et les émissions de CO2 de leurs nouveaux modèles sur la base de procédures harmonisées et certifiées par l’outil de calcul de consommation d’énergie baptisé « VECTO » (Vehicle Energy Consumption Calculation Tool). En parallèle, le projet initial de règlement de la Commission européenne destiné à réduire les émissions de GES des camions a été renforcé le 14 novembre par le vote du Parlement européen. Dans l’attente de son examen devant le Conseil des ministres européens des Transports, il demande aux constructeurs de réduire de 35 % les émissions de GES de leurs nouveaux modèles d’ici à 2030 avec un objectif intermédiaire de 20 % d’ici à 2025 (comparé à une base 2019). La Commission proposait des niveaux de 15 % en 2025 et de 30 % d’ici à 2030.
Sachant que les émissions de CO2 sont étroitement liées à la consommation des véhicules, le cabinet Cambridge Econometrics a réalisé une étude pour évaluer les impacts socio-économiques des objectifs poursuivis par l’Europe. Représentant moins de 5 % des véhicules en circulation, le transport routier de marchandises serait à l’origine de 22 à 27 % des émissions de la route dans l’Union, tous véhicules confondus. Selon un scénario « au fil de l’eau », les émissions du secteur progresseraient de 10 % d’ici à 2030 et de 14 % d’ici à 2040. À l’inverse, les objectifs fixés d’efficacité énergétique des camions « réduiraient les dépenses d’importation de pétrole de l’UE d’environ 11 milliards de barils cumulés d’ici à 2050 », assure le consultant. Pour atteindre ce résultat, les solutions préconisées mixent l’amélioration des rendements énergétiques des gammes actuelles, l’incorporation d’une part plus importante de composés renouvelables dans les carburants fossiles et le développement de nouvelles motorisations notamment électriques, gaz et hydrogène.
Sur le front de l’emploi, les hypothèses de l’étude agrègent la baisse jugée « limitée » des effectifs dans le secteur pétrolier et l’augmentation des besoins dans la filière automobile, ainsi que dans les infrastructures et la production d’énergies renouvelables locales. Sur cette base, « d’ici à 2030, le passage à des camions à faible émission permettrait de créer plus de 120 000 emplois nets en Europe », affirme Cambridge Econometrics. En contrepartie, l’analyse met en lumière un besoin d’investissement dans de nouvelles infrastructures énergétiques évaluées de 80 à 140 Md€ d’ici à 2050. Elle souligne « le besoin d’investir dans la formation et le recyclage professionnel dans les secteurs de l’automobile et des carburants ».