Séminaire des exploitants et académie sont en convergence

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Le groupement FLO a organisé son séminaire des exploitants du 21 au 23 novembre, à Bordeaux. L’occasion de créer du lien, de faire le point sur les chantiers à améliorer et sur les projets en cours. Une façon également de jeter des ponts avec la FLO Académie.

C’était sans doute son avant-dernier séminaire des exploitants avant qu’il range les crampons en mai 2020. Patrick Mendy abandonnera alors la présidence de FLO. C’était aussi l’un des tout derniers séminaires de Christian Seillier, la cheville ouvrière du groupement depuis dix-huit ans. Il quittera la scène la même année pour une retraite bien méritée. À Bordeaux, l’heure n’était pas (encore) aux hommages… mais plutôt, en introduction, à une invitation à s’envoler dans les airs en compagnie de Bertrand Nivard. Cet ancien chef de la patrouille de France a captivé son auditoire (près de 300 personnes) pendant son intervention, au cours de laquelle il a valorisé, au travers de ses expériences, les notions de dépassement de soi au service d’un collectif – « le plus important, c’est l’équipe » – et de confiance en l’autre pour tendre vers la performance. Il a été question d’adaptation au changement, de remise en question, de retour d’expériences, de droit à l’erreur. Une flopée de conditions nécessaires à la haute performance et à la sécurité d’une patrouille en vol, aisément transposables à l’échelle d’une entreprise et de ses équipes. « Vous ne travaillez que sur l’humain. Nous aussi, a glissé Christian Sellier à l’adresse de Bertrand Nivard, devenu aujourd’hui pilote de Canadair. À l’heure de la digitalisation, nous devons rester vigilants sur le maintien des valeurs humaines. » Il en a été vraiment question à l’évocation de la relation avec le conducteur. « Pendant longtemps, celui-ci a été considéré comme un poste de charge. Aujourd’hui, c’est une “ressource” », a déclaré Arnaud Bilek, dirigeant de Consoptima, société qui pilote la formation des équipes du groupement au travers de la FLO Académie. Et d’exhorter les exploitants de FLO à mettre sur pied une communauté les associant aux managers et aux conducteurs, et qui aura pour vertu de faciliter la vie de ces derniers.

Plus loin avec les conducteurs

Les exploitants, « entre le marteau et l’enclume », sont souvent pointés du doigt pour leur manque de tact envers les conducteurs. À l’heure de la pénurie, il est indispensable de corriger le tir. « Vous êtes l’ordinateur central, au milieu de toutes les tensions de l’entreprise. La FLO Académie a pour vocation de développer avec vous des formations inter-entreprises », a lancé Arnaud Bilek à la salle. Selon ce dernier, il faudrait chaque année que 25 000 conducteurs entrent sur le marché du travail afin de remplacer les partants. L’abandon du service militaire a tari la source de 10 000 conducteurs. En outre, on compterait un jeune pour trois « anciens » dans le TRM alors que, par ailleurs, on dénombrait 150 000 candidats au permis de conduire PL en 2006 contre 90 000 en 2016. « Nous ne sommes pas allés assez loin vers les conducteurs pour partager les valeurs de FLO. Il va falloir les soigner par l’expérience collaborateur (à améliorer) et la marque employeur », a souligné Sébastien Duval, président de Transports Duval Location.

Devenir des coachs

La FLO Académie regroupe près de 120 entités. Elle est dotée d’une plateforme destinée à la GED, à la communication et au forum. Ses animateurs envisagent de mutualiser les FCO et d’inciter les entreprises du groupement à s’ouvrir vers les lycées au moyen du simulateur de conduite. Une « appli conducteur 2.0 » devrait être prochainement déployée pour les exploitants, lesquels sont invités à devenir, eux aussi, prescripteurs pour le lancement de formations. Raphaël Wintrebert est le nouveau directeur de la formation chez Consoptima. Pour le compte du groupement, il a pour feuille de route de mettre sur orbite l’application conducteur destinée à la remontée et à l’analyse des informations dans les services. « Nous souhaitons que les formateurs internes deviennent des coachs, qui s’appuient sur des outils modernes », indique Raphaël Wintrebert. Lequel annonce également la mise en place test d’une solution informatique destinée à la mesure quotidienne du climat social dans l’entreprise. Les exploitants vont devoir sortir de leur zone de confort. C’est un peu le résumé de cette nouvelle édition du séminaire des exploitants FLO. « Think FLO », a lancé en guise de conclusion Christian Seillier aux exploitants présents.

Leur métier vu par des exploitants FLO

« Compte tenu de l’état du marché, nous avons tendance à considérer les conducteurs de manière différente. Sans les mettre sur un piédestal, il faut valoriser leur métier. Dans la relation client-conducteurs, il nous faut gérer les équilibres entre les deux. Les clés pour fidéliser et motiver le conducteur ? Beaucoup de communication, leur faire remonter un maximum d’informations, instaurer une relation de confiance. »

Cassandre Le Clainche (Tr. Le Clainche – 44), DUT gestion logistique et transport

« On est vraiment entre le marteau et l’enclume, mais cela reste un métier très prenant. Nous sommes une sorte d’épicentre, vers les conducteurs, les clients et le patron. Il n’est pas toujours facile de composer avec les demandes clients et la volonté des conducteurs. Nous avons souvent, à l’exploitation, tendance à mettre la pression sur les chauffeurs pour répondre à l’attente des clients. Pas simple. Nous devons parfois faire appel à des ressorts psychologiques pour faire avancer les dossiers. Nous sommes, pour autant, conscients que les conducteurs sont confrontés à de nombreuses contraintes. Ils sont de moins en moins nombreux, à nous de les bichonner ! »

Julien Pradere (Tr. Peixoto – 40), technicien supérieur transport et logistique

« Il est vrai que nous avons tendance à mieux prendre soin du client. Nous devons toujours être dans une logique d’apport de solutions, prévoir, anticiper, avoir un plan B. C’est un métier de stress, comme dans une salle de marché. Les conducteurs ont tendance à montrer un peu leurs muscles lorsqu’ils ont une femme en face d’eux, mais cela ne fonctionne pas toujours. La participation au séminaire est l’occasion d’un vrai partage d’expérience. »

Tina Fuentes (Tr. Mortigliengo – 06), BTS assistante de gestion

« Le plus difficile, c’est de favoriser l’engagement des chauffeurs dans l’entreprise. Beaucoup d’éléments n’y contribuent pas, comme le préavis d’une semaine, par exemple. Mon rôle, par conséquent, consiste à les impliquer dans l’entreprise, à valoriser leur appartenance à un collectif. Il faut leur faire confiance, les responsabiliser, les valoriser, les féliciter. Je crois que lorsque l’on s’appuie sur les éléments forts, les autres suivent. C’est un métier qui nécessite beaucoup d’agilité, de communication, de maîtrise du stress. »

Mathieu Renaut (Tr. Gilles Hochet – 22), formation d’industrie graphique

« Les conducteurs, on les connaît, ils sont tous différents. Je ne ressens pas de pression à cet égard. Nous devons faire montre de patience et de diplomatie. Le plus compliqué pour nous, c’est surtout lorsqu’il faut appeler le client pour l’informer que sa palette ne sera peut-être pas livrée dans les temps. Il faut être ordonné et réglo avec les gars pour exercer ce métier. Le séminaire nous permet de concrétiser des liens avec des personnes avec lesquelles on pourra nouer des échanges commerciaux. »

Nicolas Le Badezet (Tr. Poulain – 56), formé « sur le tas »

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