Deux salariés sur trois ont souffert, souffrent ou souffriront un jour d’une lombalgie. Le mal de dos peut entraîner de lourdes conséquences pour le salarié en termes de désinsertion sociale et professionnelle mais pèse également sur l’organisation et les finances des entreprises. Ainsi, les 12,2 millions de journées de travail perdues en 2017 à cause du mal de dos lié à des risques professionnels ont engendré un coût direct de plus d’1 Md€ supporté par les entreprises. S’y ajoutent les coûts indirects, plus difficiles à chiffrer, comme les retards de production et malfaçons ou encore la dégradation éventuelle du climat social et de l’image de l’entreprise. Si la lombalgie n’épargne aucun secteur professionnel, cinq filières s’avèrent particulièrement concernées : le transport et la logistique, le bâtiment, l’aide et les soins à la personne, la gestion des déchets, le commerce. La filière du transport et de la logistique regroupe la plus grande fréquence d’AT/MP ayant pour motif une lombalgie, soit un risque deux fois et demi plus élevé que la moyenne. Parmi les causes des survenues de lombalgie au travail, le port de charges arrive en tête (40 %), suivi de la manutention manuelle d’objets (23 %). À ces facteurs physiques s’ajoutent les facteurs de risques psychosociaux qui peuvent aggraver le mal de dos ou favoriser son passage à la chronicité.
Face à ces enjeux, les branches Maladie et Risques professionnels de l’Assurance maladie viennent de lancer une campagne de sensibilisation à destination des employeurs. Ce volet spécifique vise à encourager les employeurs à mettre en place des démarches de prévention collectives et à les orienter vers les solutions existantes, dont le programme TMS Pros de l’Assurance maladie – risques professionnels. Élaboré en lien avec l’INRS et en concertation avec des organismes de prévention, des fédérations professionnelles, des services de santé au travail et de la Société française de médecine du travail (SFMT), ce programme a vocation à favoriser le maintien de l’activité professionnelle, ou sa reprise rapide, à l’ensemble des acteurs concernés. Un kit qui comprend des informations pratiques, générales et déclinées par secteur, sur les moyens à mettre en œuvre pour une prévention efficace et durable du mal de dos lié au travail, peut être téléchargé sur ameli.fr.
Contrairement aux idées reçues, le repos et l’immobilisation apparaissent comme des facteurs d’évolution vers une forme chronique de la lombalgie. L’Assurance maladie préconise de limiter la prescription d’arrêts de travail et leur durée, l’activité physique et professionnelle s’avérant bénéfique pour le patient puisqu’elle permet d’entretenir la tonicité des muscles du dos et d’éviter la perte de confiance du salarié en ses capacités de travail.
« Prévenir le risque pour l’ensemble des salariés relève d’actions collectives autour de la conception et de l’organisation des postes ainsi que de l’environnement de travail », indique l’Assurance maladie. La démarche de prévention s’appuie d’abord sur l’identification des facteurs de risques professionnels existant dans l’entreprise. S’ensuit la mise en place d’actions de prévention.
Parfois de simples mesures changent la donne, comme l’aménagement des postes et espaces pour limiter le port de charges sur les distances et le poids des objets transportés.
Les entreprises de moins de 50 salariés peuvent bénéficier de deux aides financières pour lancer un programme de prévention :
• TMS Pros Diagnostic permet d’initier et de formaliser un projet de prévention en entreprise. La subvention aide à former un salarié à devenir référent en matière de prévention des TMS. Objectif : le rendre autonome pour qu’il réalise un diagnostic et un plan d’action de prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques) dans son entreprise. Le programme offre également une prestation ergonomique pour la réalisation d’un diagnostic de prévention des TMS.
• TMS Pros Action est une aide qui permet d’acheter du matériel et des équipements pour réduire les contraintes physiques lors de manutention de charges, d’efforts répétitifs ou de postures particulières, mais également la réalisation de formations adaptées pour les salariés concernés.