Élisabeth Borne s’est produite dans un nouvel exercice d’équilibrisme sémantique en essayant de rassurer des transporteurs chauffés à blanc par les slogans de Jean-Christophe Pic, président de la FNTR. C’était mardi dernier, lors du congrès de la fédération à Montrouge (92). D’un côté, un transporteur et patron réélu du syndicat patronal qui venait de lancer un « non » franc et massif à toute sorte de nouvelle imposition sur le transport. De l’autre, une ministre plus nuancée mais pas moins ferme. Élisabeth Borne a réitéré la nécessité de trouver des financements pour les infrastructures en les chiffrant à 500 M€ d’ici à 2020. Sans oser annoncer frontalement que le transport sera contributeur, elle a néanmoins placé que « toutes les options sont sur la table ». Comme les enquêteurs qui répondent aux journalistes : « On n’exclut aucune piste. » Et tandis qu’elle entrouvrait la porte, on apprenait que dans l’avant-projet de loi LOM, il est question de péages urbains dans les collectivités de plus de 100 000 habitants. Le texte, transmis au Conseil d’État, avant d’être soumis au conseil des ministres, donne pouvoir aux autorités locales chargées des transport d’instaurer un péage sur les zones particulièrement congestionnées. Certes, tous les usagers de la route – à quelques exceptions près – seraient concernés, mais les tarifs ne sont pas les mêmes selon les véhicules : 2,5 euros pour une voiture, voire le double si l’agglomération dépasse 500 000 habitants. Le camion, lui, serait redevable de 20 euros mais, qu’on se rassure, il sera possible de payer à l’avance sur base forfaitaire. Finalement, Paris, Lyon et Marseille pourraient s’aligner sur l’exemple maintes fois cité de Londres.
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