Le recrutement n’était pas le thème « officiel » de l’afterwork organisé par Promotrans le 27 septembre dans son agence de Mions, dans l’Est lyonnais. « Nous voulions faire découvrir nos équipements aux entreprises et réunir nos partenaires de manière conviviale », résume Martin Arnouil, chargé de clientèle, qui a piloté l’organisation. Dans les faits, la pénurie de conducteurs occupe les conversations des invités, de Pôle emploi au Geiq Transports Rhône-Alpes (groupement pour l’emploi et l’insertion), des agences d’intérim aux chefs d’entreprise.
« Il nous manque aujourd’hui 15 conducteurs et il nous en faudrait plus encore pour accomplir tous nos projets, estime Anne Lécrivain, directrice adjointe de Citaix, filiale du groupe Charles André (GCA) à Chasse-sur-Rhône (100 conducteurs sur 120 salariés). Le transport de bouteilles de gaz, en particulier, n’attire que très peu les recrues, car le niveau d’exigence des clients augmente de plus en plus. » Mais, comme l’ensemble de la profession, l’entreprise rencontre des difficultés pour recruter dans toutes ses activités de transport. Pourtant, la directrice adjointe a rencontré depuis la rentrée cinq candidats grâce à un partenariat avec le Geiq Transports. Deux ont démarré une formation début octobre. « Seuls, nous aurions eu besoin de six mois pour trouver ces opportunités, constate Anne Lécrivain. Nos candidats suivent des formations diplômantes et, dans trois mois et demi, ils commenceront chez nous… mais le Geiq restera leur employeur et les suivra pendant plus de neuf mois. » Laurent Bonny, président du Geiq Rhône-Alpes, confirme : « Nous sécurisons l’embauche pour les entreprises et proposons un parcours professionnalisant aux candidats. » Pour Marina Verbaere, responsable d’une équipe « entreprises » de Pôle emploi dans l’Est lyonnais et bénéficiant d’une expertise transport, « les transporteurs doivent absolument mieux anticiper leurs besoins de recrutement, puis favoriser l’intégration de personnes recrutées. »
Sarah et Mohamed Achir, qui ont créé début 2014 leur société de transport de meubles et de fret palettisé (avec aujourd’hui 28 véhicules légers et super lourds) ont trouvé d’autres solutions pour suivre leur forte croissance (+ 60 % en 2017). « Nous recrutons par le bouche-à-oreille, Pôle emploi ou même via les réseaux sociaux, remarque le jeune chef d’entreprise. Et pour sécuriser et limiter le turnover, nous faisons aussi évoluer nos conducteurs par la formation chez Promotrans. Il faut prendre le temps de pérenniser les emplois. »
À l’afterwork de Promotrans, les agences de travail temporaire expriment leurs difficultés face à la pénurie de conducteurs. « Nous sommes en tension de mars à mi-décembre, relève Méric Vacheresse, responsable grands comptes pour le grand Sud-Est chez Mantrans. Depuis un an, nous avons doublé notre programme de formation et nous travaillons avec les entreprises pour renforcer leur process d’accueil. » Même problématique depuis 2016 chez RAS, où Guillaume Pradia, chargé de recrutement conducteurs à Corbas, et lyonnais, développe des partenariats avec Pôle emploi et Promotrans, « pour faire passer des titres professionnels à de nouvelles recrues, parfois en reconversion. Les transporteurs sont plus attentifs et plus indulgents face à ces nouveaux conducteurs qui ont vraiment envie de travailler ».
À l’initiative de l’Opca Transports, 16 stagiaires ont démarré une préparation opérationnelle à l’emploi-collective (POE-C) le 1er octobre chez Promotrans Mions. Dans onze semaines, en 385 heures, ils obtiendront un titre professionnel porteur – avec permis C, Fimo et ADR de base. Pour ceux qui n’ont pas encore d’entreprise référente, « nous organisons des job dating en milieu de formation, note Martin Arnouil, de Promotrans. La POE-C s’inscrit dans une prévision de recrutement saisonnier. D’ailleurs, nous formons beaucoup entre janvier et juin afin qu’un maximum de conducteurs arrivent sur le marché en phase de pénurie plus importante… »
Pour Amel Touag, adjointe de délégation de l’Opca Transports et Services d’Auvergne-Rhône-Alpes, « la POE-C est liée aux besoins d’emploi d’un territoire et, contrairement à une POE individuelle, n’engage pas chaque entreprise tant que le salarié n’est pas recruté, à l’issue de sa formation. C’est efficace. Et, financé par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), le recrutement se trouve renforcé. Après avoir bénéficié de ce dispositif, 70 % des personnes retournent dans l’emploi. » Enfin, ajoute Amel Touag, « il importe pour les chefs d’entreprise de ne pas attendre d’avoir un besoin sur un poste pour lancer un recrutement : il faut anticiper ».
F. R.